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Mères distraites - Mères geignantes (1)

Quel titre peu réconfortant et quels intérieurs peu enviables il évoque ! La mère qui doit en être la joie, la force, la lumière, en devient presque le fléau. Bien loin de rendre le home aimable, accueillant, elle en fait un intérieur sans vie, sans chaleur, hostile oserais-je dire, où les enfants retournent après leur travail sans joie et sans élan.

Il me semble que la mère distraite est moins néfaste que la mère geignante, elle commet une erreur plutôt qu'une faute, mais une erreur qui peut cependant avoir des conséquences graves pour les enfants. Il sont là, nos chers petits, le coeur, l'âme bien ouverts, ayant besoin de communiquer toutes les choses nouvelles qui surgissent en eux, d'avoir des réponses aux questions qui se pressent dans leur esprit. C'est à leur mère qu' ils vont tout naturellement dès qu'ils ont conscience d'eux-mêmes. Mais la mère distraite, qui les aime pourtant, les soigne de son mieux, veut leur bien, est plongée dans ses pensées, elle vient de lire tel ouvrage (sur l'éducation peut-être) qui l'a empoignée, elle le rumine et la voix du cher petit n'atteint que son oreille, et encore vaguement c'est un bruit quelconque. S'il insiste, revient à la charge elle sursaute, le regarde d'un regard sans âme, et répond «oui, non, je ne sais pas» à tout hasard, pour retomber dans ses pensées.

L'enfant se retire avec un gros soupir, et si la petite scène se renouvelle fréquemment, il apprendra peu à peu qu'il est inutile de s'adresser à maman et portera ailleurs ses confidences et ses questions. Or nous savons que si nous voulons avoir une influence efficace sur nos enfants il nous faut gagner leur confiance, ce qui est impossible si nous ne nous faisons pas leur confidente et n'entrons pas dans leur vie intime.

Une mère distraite peut l'être par bien des choses, par son ouvrage de maison, par le travail qu'elle fait pour cet enfant qu'elle aime, mais ce travail elle doit savoir s'en dépréoccuper lorsque l'enfant vient à elle et réclame sa pensée. Elle peut l'être par une tristesse, une préoccupation légitime, par la fatigue ou c'est simplement un défaut de caractère. Mais ces causes ne l'excusent pas. Elle se doit toute entière à son enfant, il a besoin d'elle, elle a beau travailler, se dépenser, prier pour lui, si elle ne lui donne pas le meilleur d'elle-même, si son âme n'entre pas en contact avec la sienne, elle n'est pas une vraie mère.

Il arrive qu'une mère soit distraite occasionnellement, par exception, c'est moins grave. L'enfant, accoutumé à trouver auprès d'elle un accueil sympathique et joyeux, ne se laisse pas rebuter par le ton vague, absent avec lequel elle lui répond. Il insiste soit en riant soit avec un peu d'impatience: «Tu ne m'écoutes pas maman, tu ne sais pas ce que je t'ai dit». Et maman, rappelée ainsi à l'ordre, reprend pied, l'incident n'a pas de suite fâcheuse. Il n'en a que si cette distraction est habituelle ou fréquente.

Mère geignante.... Oh quelle plaie pour le foyer où la mère devrait faire régner la bonne humeur et la gaîté. Voyez-la traînant le pas, l'air soucieux, entendez-la accueillir les enfants à leur retour de l'école: «Jules essuie tes pieds mieux que çà. Voilà Louise qui s'est fait une tache à côté de celle que j'avais ôtée... pose donc tes cahiers tout de suite à leur place. Quelle peine donne les enfants, quelle vie!» Et les pauvres petits interdits sont cloués sur place, toute joie disparaît en eux, ils s'éclipsent laissant leur mère à ses lamentations, ou bien, cuirassés par l'habitude ils n'y prennent plus garde et se font leur vie à part. La mère geignante fait sentir sans cesse aux siens le poids de ses fatigues, de ses difficultés domestiques; d'un ton pleurard, elle découvre le côté fâcheux de toute chose et en prédit les conséquences néfastes. On l'entend fréquemment s'écrier: «Qu'ai-je donc fait pour avoir des enfants si insupportables!» Mais vous avez fait, pauvre mère, ce qu'il fallait pour cela, et si vous aviez eu avec eux le support, la sérénité, la gaîté, ils seraient tout autres.

Voyons la revenir d'une réunion quelconque rapportant mille plaintes et jugements . Quel dommage elle cause au cercle de famille, quels mauvais germes elle sème dans le coeur de ses enfants en débitant à table ses impressions, revêtues de sa propre marque... le manque d'égards envers elle, les mauvais procédés de la présidente, etc.; rien ne marche bien, c'est pitoyable où allons-nous ?»

Sans doute peu de choses vont tout-à-fait bien ici-bas, et nous ne pouvons pas ne pas le voir; mais efforçons-nous plutôt de voir surtout le bon côté des choses, et d'y habituer les nôtres, et n'apportons pas en famille nos difficultés, nos fatigues, nos peines. Pauvre mère geignante vos intentions sont bonnes, vous voulez lancer vos enfants bien armés dans la vie, vous leur parlez même de la puissance de Dieu pour vaincre leurs défauts, et vous ne vous apercevez pas que votre manière d'être est en opposition avec vos enseignements en sorte que vous les annulez. Quoi, Dieu peut vaincre chez vos bien aimés, la paresse, le mensonge, le désordre, et Il ne peut pas vaincre chez vous cet esprit mal content qu'ils voient, dont ils souffrent! Mais c'est contre Ses intérêts que vous agissez, votre conduite est un obstacle à Son oeuvre autour de vous, ouvrez les yeux, allez à Lui; vous verrez alors votre tâche maternelle dans toute sa beauté et vous l'accomplirez avec amour et avec joie.


(1) Travail présenté à une réunion de mères.









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