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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURRespect filial Nous devons honorer Dieu en honorant nos parents, ce qui signifie que les enfants doivent considérer leurs parents comme les représentants de Dieu placés par lui auprès d'eux. Quelle auréole! Mais aussi quelle responsabilité! Ainsi les parents sont appelés après avoir donné l'existence à leurs enfants, à les enfanter moralement et spirituellement; ils ont charge d'âme. Qu'ils prennent donc garde de conserver leur place telle que Dieu la leur a assignée en évitant un double danger. D'une part, ils ne doivent pas usurper la place de Dieu et oublier qu'ils ne sont que ses indignes représentants; d'autre part, ils doivent rester sur le piédestal où Dieu les a mis et n'en pas descendre pour y placer l'enfant. Trop souvent les rôles sont renversés et la petite idole se trouve, pour son plus grand péril, placée sur ce piédestal qu'il n'appartenait qu'à ses parents d'occuper. Le respect filial est facile tant que l'enfant doit lever la tête pour regarder le visage de ses parents, ceux-ci lui paraissent infiniment grands et supérieurs. La confiance de l'enfant est de prime abord absolue envers ses parents. Quand, dans une discussion, il s'écrie «papa l'a dit», il a employé l'argument suprême qu'il estime irrésistible. Prenons garde de ne pas faire à nos enfants le tort immense de leur apprendre à douter de nous. L'enfant, toutefois, est physionomiste. Quand il grandit et que ses yeux s'ouvrent, il aperçoit des défauts chez ceux que jusqu'alors il avait cru incapables de mal faire; cette découverte est souvent amère; le respect est ébranlé et l'enfant se permet des impertinences ignorées jusque là. C'est pour les parents un moment douloureux à traverser, ils sentent que leur enfant leur échappe. Par sa bouche ils se sentent remis à leur place de pécheurs. Ils s'humilient, mais doivent néanmoins conserver le respect. Seulement, le moment est venu de prendre l'enfant à part, de lui parler sérieusement et de lui dire: «Tu as tout reçu de notre amour jusqu'ici, et cet amour n'a jamais été plus grand que lorsque nous avons pleuré sur tes fautes. Oh! que nos larmes ont été amères, lorsque nous avons reconnu, qu'en même temps que tu étais notre enfant par ta vie, tu l'étais aussi par tes défauts.» Le respect change alors de nature, il devient plus noble. Imitant Sem et Japhet, le fils ou la fille couvre comme d'un manteau les fautes de ses parents sur lesquels il refuse d'arrêter ses regards. Il comprend l'amour dont il est l'objet et dont jusqu'alors il avait joui plus ou moins inconsciemment. Mais si le respect est facile pour les parents dignes d'estime, il ne l'est pas dans le cas contraire, et c'est là que nous touchons du doigt la différence entre le respect et l'estime. Pour inspirer l'estime, il faut en être digne, tandis que le respect filial est une vénération qui doit exister de la part des enfants pour leurs parents quels qu'ils soient. Or il n'arrive que trop souvent que des parents ne sont pas dignes d'estime, ou même sont dignes de réprobation. Qu'il est beau, alors, qu'il est émouvant de voir des enfants conserver le respect pour de tels parents! On ne peut que s'incliner devant le fils qui, il y a quelques années, voyant passer les forçats dans les rues de Vienne, saisit la main de l'un d'eux pour y déposer un respectueux baiser, parce que cette main était ceIle de son père. Quand Dieu discerne de tels sentiments dans le coeur d'un, fils ou d'une fille, il dit: «C'est m'aimer que d'aimer ainsi.» |
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