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RETOURL'Alcool et l'Enfance ou l'influence des boissons spiritueuses sur les enfants L'alcool est non seulement superflu, mais nuisible à l'organisme humain jusqu'à son développement complet, c'est-à-dire jusqu'à vingt ans ou plus, suivant les constitutions. Chez les enfants, une foule considérable de maladies graves et, en particulier, celles du système nerveux, proviennent souvent de l'usage des boissons alcooliques. Jusqu'ici, on ne s'en doutait guère, parce que, chez les adultes, la même cause ne produit que rarement les mêmes effets. Il est prouvé maintenant que l'organisme de l'enfant et, en particulier, le système nerveux, résiste beaucoup moins aux effets de l'alcool. Cette influence nuisible se manifeste tout d'abord sur le développement général de l'enfant qui use de boissons alcooliques: il reste petit. Dès longtemps, on a été rendu attentif à ce fait; mais, récemment encore, on a fait l'expérience suivante, très concluante, assurément: D'une même nichée de chiens, on nourrit les uns à la manière ordinaire, on donna aux autres une petite ration d'alcool (trois cuillerées à soupe environ par jour) mélangée au lait. Tandis que les chiens abstinents se développèrent très bien, les chiens buveurs restèrent beaucoup plus petits. Plusieurs autres symptômes maladifs se manifestèrent bientôt, plusieurs de ces chiens périrent dans des crises épileptiques. Ce fait nous conduit directement aux maladies du système nerveux: crampes, convulsions et épilepsie l'une des plus affreuses maladies - éclampsie, danse de saint Guy et d'autres encore. Toutes ces maladies sont particulièrement fréquentes chez les enfants auxquels on donne prématurément des spiritueux. Dans d'autres maladies, dont l'origine ne doit pas être cherchée dans l'usage des boissons alcooliques, la relation avec l'alcool joue un grand rôle. Les enfants qui en boivent sont plus souvent malades que les enfants abstinents, et, lorsqu'ils le sont, ils le sont plus gravement et meurent en plus grand nombre. Une mère porta un jour son nourrisson, une petite fillette de deux mois et demi, au médecin. L'enfant disait-elle, est depuis longtemps agitée, elle ne dort pas et souffre maintenant de crampes et de convulsions violentes. Informations prises, il se trouva que la mère buvait journellement quelques petits verres d'eau-de-vie. Aussitôt, l'enfant fut sevré, et dès cette heure, les crampes cessèrent. On sait, en effet, que chez les nourrices l'alcool passe en partie dans le lait. Lorsqu'on pense à cette habitude si commune de donner des spiritueux aux nourrices et, en particulier, des vins dits de santé: Malaga, Tokay, etc., il ne faut pas s'étonner si l'on entend parler si souvent d'agitations, d'insomnies, de crampes chez les enfants. L'importance de telles observations, qui ont la valeur et la force probante de l'expérience, ne peut pas être assez accentuée. Puissent les mères ne jamais oublier ce fait! Et les enfants plus âgés? Deux pères de famille - sobres, du reste, - firent un jour sur leurs garçons, âgés de dix à quinze ans, l'expérience suivante: ils firent boire pendant quelques mois un peu de vin léger, mêlé d'eau, matin et soir, 1/2 verre pour les plus àgés, 1/3 de verre pour les plus jeunes; puis, ils retirèrent le vin pendant le même laps de temps. Eh bien! l'expérience a démontré de la manière la plus irréfutable que, pendant le temps où ils buvaient, ces garçons étaient plus mous, plus endormis, moins ardents au travail, bref, moins capables. Leur sommeil était plus agité, plus souvent interrompu et moins profitable. Du reste, la différence fut si sensible, que deux des garçons remarquèrent d'eux-mêmes qu'ils se trouvaient beaucoup mieux sans vin, et demandèrent à leurs parents de ne plus leur en donner à l'avenir. Nous, docteurs, nous traitons toujours plus chez les enfants des affections nerveuses. On en cherche les causes en mille endroits divers, on bâtit pour nos écoliers des palais superbes en lieu et place des sombres trous où nos parents restaient pourtant bien portants, on réduit le nombre des heures d'école, on interdit les devoirs à la maison, on prend de l'exercice en plein air, on fait des jeux et de la gymanstique, etc.... Au lieu de diminuer, le mal augmente! Pourquoi ne prend-on pas le mal à la racine? Quiconque a étudié la question, se persuade que l'usage prématuré des boissons alcooliques est l'une des causes les plus importantes, si ce n'est pas la cause fondamentale de ce pitoyable état de chose. Que conclure de tout cela? (c'est un docteur illustre qui parle). Je ne puis m'empêcher de vous dire de la manière la plus pressante ceci: Refusez à vos enfants l'usage des boissons alcooliques. Elles ne pourraient que leur nuire et cela de la manière la plus grave. Vous direz alors: Mais jusqu'à quel âge pensez-vous que les enfants doivent s'abstenir d'alcool? Il répond: Plus longtemps est mieux. La seule limite qui, jusqu'à un certain degré, peut être appelée limite naturelle, serait l'âge du développement complet, de 20 à 25 ans. |
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