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L'Obéissance

Faut-il obliger l'enfant à obéir toujours et quand même, alors que sa nature proteste, que tout son être est en révolte contre notre volonté?

Est-il meilleur pour l'avenir de l'enfant de briser sa volonté pour lui prouver que dans la vie, il faut savoir se courber devant plus fort que soi, devant les circonstances?

Est-il, au contraire, meilleur de laisser cette volonté s'affermir et se développer?

La génération qui précède celle-ci n'aurait pas hésité et aurait répondu «oui» aux deux premières questions; il n'est pas certain qu'elle aurait eu raison. La seconde manière de voir nous paraît plus humaine; elle répond mieux à nos idées actuelles et beaucoup sont prêts à l'adopter.

Faut-il le faire sans examen? Non, assurément. Et dès le moment que nous y réfléchirons, il est à prévoir que nous serons amenés à une conclusion pour ainsi dire mixte, - c'est-à-dire participant de l'une et de l'autre théorie.

Il est bien évident que l'enfant doit obéir, - cela certainement dans son intérêt, tant qu'il est petit, - puisqu'il ne sait rien de ce qui est bon, ni de ce qui est mauvais, et que c'est par la permission ou la défense portant sur telle ou telle chose qu'il veut faire, qu'il apprendra que cette chose est bonne ou mauvaise pour lui.

Ce point est acquis. Mais toutes les fois qu'il est indifférent pour lui et les autres, qu'un enfant fasse ou ne fasse pas une chose, est-ce que nous, nous restons indifférents, est-ce que nous le laissons bien faire ce qui lui plaît? Est-ce que nous ne substituons pas le plus souvent ce qui nous plaît à ce qui lui plaît? Et, dans ce cas, pourquoi obliger l'enfant à obéir? N'y a-t-il pas là un abus de notre force contre sa faiblesse? Ne détruisons-nous pas la somme de volonté ou d'énergie qu'il y avait en lui, et qui ne se retrouvera peut-être ensuite que diminué, altérée et amoindrie?

Je sais que l'idéal, aussi bien pour les parents que pour les maîtres, c'est d'avoir des enfants obéissants, parce que ça donne moins de mal - du moins en apparence, - car l'enfant qui obéit toujours finit très bien par toujours désobéir quand il cesse de craindre celui qui se faisait obéir.

Il y a donc nécessité de faire obéir les enfants; il n'y a pas moins d'importance à ne pas toujours les contraindre à l'obéissance.

Je prends un exemple sur le vif pour mieux me faire comprendre, - un exemple que j'ai eu sous les yeux au cours des vacances.

Une jeune maman est assise près de moi, dans un endroit ombreux et retiré d'un parc; elle veille avec une attention touchante sur un baby de deux ans environ, - j'ai dit avec une attention touchante, je n'ai pas dit avec une attention nécessaire.- J'aurais préféré que l'enfant fût laissé plus à lui-même, puisqu'il ne courait aucun risque; il peut aller, venir, sans danger; l'important est seulement qu'il ne s'éloigne pas. Le baby est délicieux et j'ai le très grand honneur de lui agréer; il vient me sourire, m'emprunte mon ombrelle, etc. Tout à coup, sans cause - pour nous - le bébé ôte son chapeau; la maman, qui le couve des yeux, remet vivement le chapeau; il n'y a pas de soleil, bébé, d'un geste brusque le retire... Et plus de vingt fois, sous mes yeux, le geste se renouvelle. Bref, après des objurgations de toute nature, le bébé reçoit un soufflet bien appliqué, et il garde son chapeau. Mais adieu son joli gazouillis d'oiseau; c'est fini de rire et de muser parmi les fleurs, bébé sanglote et la jeune maman a un visage renfrogné.

Eh bien! Était-il nécessaire que ce bébé gardât son chapeau sur la tête? - Non pas! alors pourquoi s'être acharné à le lui faire remettre? Peut-être, avait-il mal à la tête. Peut-être, ne voulait-il plus, pour un moment, d'un chapeau qu'il eût repris, sans y penser, quelques instants plus tard. Alors, à quoi bon cette lutte? Tout simplement pour le faire obéir. Certes, force devait rester à la loi; mais ce fut grand dommage, croyez-moi, que la loi se montrât en cette affaire. Ne nous acharnons pas à faire céder les enfants coûte que coûte et sans raison. Laissons-les vivre en liberté toutes les fois que nous le pouvons, obéissons-leur nous-mêmes toutes les fois que leur intérêt ne demande pas que nous leur fassions d'opposition; ainsi leur petite volonté se fortifiera en même temps que, peu à peu, leur raisonnement se formant, ils arriveront à très bien comprendre que, s'il y a des choses pour lesquelles nous ne cédons pas, c'est que ces choses sont contraires à leur bien. Leur obéissance passive ne sera plus une obéissance de révolté, qui se courbe devant plus fort que lui, et qui fera, quand l'occasion s'en présentera, payer chèrement à un plus faible ce que lui-même aura enduré.

Ne contredisons pas pour le plaisir de contredire. Faisons en sorte que ce nous disons soit toujours exact, que nos ordres soient sages, que nos décisions soient logiques. Approchons-nous très près de l'enfant dans nos interprétations des faits et des choses.

Un enfant de cinq ans est très capable de raisonnement - et même beaucoup plus jeune - surtout s'il est élevé avec l'habitude d'une liberté relative. Je dis raisonnement, je ne dis pas travail. Il sera donc possible et il est facile de l'amener à l'obéissance, seule acceptable, l'obéissance réfléchie, consciente, - non pas celle qui raisonne, qui discute, - mais celle qui procède d'un sentiment d'amour et de confiance.

Celle-là, seule, est humaine et saine. C'est elle qui peut maintenir en joie et en bonne humeur. Ce n'est point par une discipline rigide qu'on doit former les caractères en notre temps, c'est par la persuasion et le don de soi. Seuls, les parents très aimés ou des maîtres respectés peuvent faire naître ce sentiment et obtenir ce résultat...









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