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Soyons encourageants

(Journal des Ecoles du Dimanche 1889)

Tout le monde, en tout temps, a besoin de courage. Il en faut pour affronter les dangers et les difficultés; il en faut pour supporter les épreuves. Il en faut pour accomplir notre tâche jusqu'au bout, sans défaillance et sans murmure; il en faut pour agir et pour souffrir, pour vivre et pour mourir. Ce courage, dont nous sentons constamment le besoin pour nous-mêmes, ne faisons rien pour le diminuer chez les autres; recherchons au contraire tout ce qui peut l'augmenter, l'entretenir, le relever, soyons encourageants.

Parents, si vous voulez donner à vos enfants l'envie de bien faire, de se corriger de leurs défauts; maîtres, si vous désirez avoir des domestiques empressés et joyeux, et non maussades et ennuyés... soyez encourageants.

Il y a beaucoup de manières de décourager les gens, j'en citerai quelques-unes.

La froideur et l'indifférence sont décourageantes... N'y a-t-il pas peut-être, dans votre famille, dans votre entourage, des gens que vous voyez tous les jours, et auxquels vous n'avez jamais témoigné par un mot, par un regard, que vous vous intéressez à eux? Je connais des maisons dans lesquelles les domestiques n'entendent sortir de la bouche de leurs maîtres que des ordres ou des reproches, sans que jamais on leur montre le plus léger souci, je ne dirai pas de leur âme, mais de leur bien-être, de leur santé, de leur famille, de leurs peines ou de leurs plaisirs. Ce sont là des choses dont on ne se mêle pas, qu'on veut ignorer. Il ne faut pas s'étonner ensuite si l'on trouve dans les domestiques des indifférents, quelquefois des ennemis.

La gronderie est décourageante, lorsqu'on l'inflige à tout propos. Nous connaissons des personnes excellentes, animées des meilleures intentions du monde, qui arrivent à se faire détester de leurs subordonnés, parce qu'elles sont (qu'on me passe l'expression) toujours sur leur dos. Elles épient et réprimandent sans miséricorde les moindres fautes avec une sévérité qui les rend parfois injustes, en leur faisant voir de noires intentions là où il n'y a eu qu'étourderie, peut-être même infirmité physique... Je me rappelle qu'une de mes monitrices, dans une école populaire, vint un jour à moi, dans un état de grande surexcitation, pour me prier de mettre à la raison un de ses élèves qui ne cessait de faire des grimaces. Or il se trouva que le coupable était atteint d'un tic nerveux et que ses grimaces étaient absolument involontaires (1). Je ne suis pas partisan du laisser-aller. Une discipline stricte est pour les enfants, comme pour tout le monde, une condition d'ordre et un élément de bien-être. Mais des reproches trop souvent répétés ne servent qu'à user l'autorité du maître et à décourager l'élève.

La raillerie est décourageante. Je ne parle pas d'une certaine plaisanterie bienveillante qui est souvent le moyen de faire sentir aux enfants leurs défauts; je parle de cet esprit sarcastique qui tourne tout en ridicule, se moque de tout, invente des sobriquets et des scies, et livre à la risée de ses camarades tel brave garçon qui n'a peut-être pas d'autre tort que sa timidité, sa gaucherie; que sais-je? Moins encore un accent étranger, un défaut de prononciation, un nez extraordinaire. On prétend que cela forme le caractère. Quelquefois, peut-être, mais le plus souvent, cela aigrit et décourage.

La mauvaise humeur est décourageante. Ah! la mauvaise humeur! «Je hais la haine», fait dire Shakespeare à je ne sais lequel de ses personnages. Je dis à mon tour: rien ne m'agace comme la mauvaise humeur, non pas lorsque j'en suis la cause ou l'objet et que je puis y voir un avertissement, une leçon ou une épreuve de patience! Mais quand j'entends parler de gens qui, sous prétexte qu'on les a contrariés, ou qu'ils viennent d'être victimes d'une perte, d'un accident, d'une injustice, se croient autorisés à se plaindre de tout, à gourmander tout le monde, à répondre par des bourrades à l'intérêt qu'on leur témoigne, à ne pas même supporter qu'on rie et qu'on cause autour d'eux; cela m'indigne, car s'il n'est pas donné à tout le monde d'être toujours gai et entrain, il n'est jamais permis de faire porter le poids de son mauvais caractère et de son humeur chagrine à des gens qui ne vous ont rien fait et qu'on prétend aimer.

Ce n'est pas seulement dans les rapports de parents à enfants, de maîtres à domestiques, de patrons à employés que l'on constate les effets désastreux de la mauvaise humeur. Elle se glisse dans les jeux des enfants; elle se mêle aux entretiens des meilleurs amis...

Il ne faut pas vous contenter de ne pas faire du mal à vos élèves en les décourageant: il faut leur faire du bien en les encourageant.

La première condition, pour y parvenir, est de les aimer, puis de pénétrer autant que vous le pourrez, dans les détails et dans les besoins de leur vie, de chausser leurs souliers, en un mot, afin de profiter de tout ce que vous avez appris ou deviné sur leur compte, pour leur donner de bons conseils et leur rendre des services, quand l'occasion se présentera...

Jésus-Christ a toujours été encourageant. Les mots «prends courage» reviennent très souvent sur ses lèvres. Il encourage la femme pécheresse qui pleure à ses pieds dans la maison de Simon le pharisien; il encourage la pauvre femme malade qui, timidement, s'approche de lui dans la foule, pour toucher le bord de son vêtement; il encourage les péagers et les gens de mauvaise vie qui se pressent autour de lui pour l'entendre leur raconter les paroles de la brebis perdue et de l'enfant prodigue; il encourage ses disciples sur le chemin de Jérusalem et dans les derniers entretiens de la chambre haute.

Les disciples de Jésus ont été encourageants. Rappelez-vous les expressions de tendresse dont saint Paul accompagne ses reproches aux Corinthiens et aux Galates; comme il relève et loue chez eux le bien, tout en condamnant le mal; comme il se fait tout à tous; comme il a peur qu'on ne s'abatte et qu'on ne perde courage.

Et que d'encouragements la bonté de Dieu nous donne dans la nature et dans notre vie de tous les jours! ...

Chers amis, pendant que nous sommes sur cette terre, imitons Dieu, imitons Jésus! Imitons les disciples de Jésus.

Soyons encourageants!


(1) Les infirmités nerveuses telles que les tics, les bégayements, la danse de Saint-Guy, de même que les loucheries, peuvent être combattues efficacement. Nous ne saurions trop recommander aux parents qui voient chez leur enfant l'une de ces infirmités naissantes de demander les conseils d'un médecin spécialiste, car prises au début elles sont en général guérissables, tandis qu'avec l'âge elles deviennent toujours plus accentuées et pénibles, tant pour celui qui en est atteint que pour son entourage. Réd.









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