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(Sans titre)
N'avez-vous pas, comme moi, remarqué que, trop souvent à la légère, sans en être certaine, on accuse un enfant d'avoir commis une faute? Que si l'élève est coupable, on n'a pas toujours assez le souci de le réprimander avec mesure, ni surtout avec le respect qui est dû à un être libre de choisir entre le mal et le bien - et auquel notre devoir est d'apprendre à choisir ce qu'il convient de faire, à désavouer ce qu'on ne doit pas faire, - de discerner ce qu'il faut s'habituer à aimer ou à éloigner de soi ?
Ce n'est pas respecter l'enfant que de lui dire qu'il est paresseux. Je parle ici des plus petits. Paresseux, lui! Mais sa vie, c'est l'activité! Son travail, c'est le jeu! Faites-lui aimer le travail et vous n'aurez jamais occasion de lui reprocher sa paresse. Un enfant n'est pas paresseux pour faire ce qui lui plaît; rendez-lui donc agréable le travail qui doit lui être utile.
Ce n'est pas le respecter que de l'appeler gourmand, voleur, etc. Ne lui dites pas, quand vous lui voyez entre les mains quelque chose que vous savez notoirement n'être pas à lui: «Où as-tu pris cela?» Mais informez-vous, interrogez-le doucement; faites-lui comprendre que cet objet ne lui ayant pas été donné par la personne à qui il appartient, ne peut être à lui; reprenez l'objet. Alors pour marquer dans son esprit l'idée juste de la propriété, donnez-lui un rien, une image, par exemple, en disant: «Cette image est à moi; je te la donne, maintenant elle est à toi». Il apprendra à distinguer les choses qui sont à lui de celles qui sont à autrui.
Enfin, on dit avec une facilité, une insouciance, un sans façon déplorables à un enfant: «Tu mens, tu es un petit menteur». On souffre que les enfants s'appellent menteurs entre eux, comme si le mensonge était une faute légère! Comme si ce n'était pas la plus grande marque de respect qu'on puisse donner à quelqu'un que de croire en lui!
Prenez garde, Mesdames, la défiance engendre souvent la faute soupçonnée; elle semble alors à l'enfant de bonne guerre; son oreille s'habitue au mot; un jour, ce sera son âme qui sera habituée à l'action.
Par un phénomène moral très complexe, la peur qu'on nous soupçonne de tel ou tel sentiment nous procure un malaise égal à celui que nous donnerait ce sentiment lui-même si nous le ressentions. L'enfant rougit de peur de rougir; ne le faisons pas rougir pour «rien» !
Si donc l'enfant a commis une faute légère, réprimandons-le avec respect, parlons-lui avec douceur. Seulement que notre regard, toujours affectueux et bon quand l'enfant a bien fait, perde sa chaleur et sa tendresse en face du coupable!
Si l'enfant est bien cet être aimé et respecté que nous rêvons, il comprendra, il regrettera, il se repentira. Lorsque la faute qu'il a commise sera grandement répréhensible, témoignons-lui discrètement, avec tact, notre mécontentement; ne disons que peu de mots de blâme; mais tout en étant bienveillantes, que ces paroles soient sévères, graves, sans cesser d'être respectueuses; plus nous lui témoignons de respect, plus il aura le regret de perdre notre estime, plus il sentira qu'il avait le devoir de mieux faire.
Enfin, plus la faute sera punissable, plus nous devrons l'envisager de haut; si elle a été commise secrètement, que la peine infligée reste secrète; si elle a été publique, que la répression soit publique. Appelons à haute voix le coupable, et faisons-le venir près de nous, de façon que ses camarades le voient, sans toutefois que personne n'entende ce que vous lui dites: que ce soit seulement par l'expression affligée de votre visage et par la douleur de l'enfant que les témoins de la faute aient conscience de sa gravité.
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