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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURValeur éducatrice du travail Un grand nombre de personnes s'imaginent que le travail est une malédiction prononcée sur la race humaine, un obstacle jeté au travers de son bonheur. Cependant l'expérience nous apprend que la nécessité de la lutte pour l'existence produit les caractères les mieux trempés. Dans le plan de Dieu envers l'humanité le travail est une source de bénédictions, de sorte que dispenser une créature humaine de travailler c'est lui causer le plus grand préjudice. Par travail je n'entends pas cette corvée incessante que nous imposent les exigences d'une civilisation compliquée, mais celui qui est une occupation pour les mains, qui autrement deviendraient paresseuses et pour le cerveau qu'elle détourne des pensées mauvaises. Notre erreur à nous parents, c'est de ne pas comprendre les bienfaits du travail pour nos enfants; d'un travail approprié à leur âge et à leurs forces, qui leur inspire la confiance en eux-mêmes en développant leurs facultés intellectuelles. Si l'enfant désire nous aider nous le priverions d'un plaisir en refusant ses petits services. Ce que nous appelons ses sottises vient souvent de ce désir. Je me souviens d'avoir lu l'histoire d'un très petit garçon qui se mit en tête de balayer la chambre en l'absence de sa mère pour lui faire une «surprise». Dans sa maladresse, il heurta de son balai un vase de prix qui se cassa. L'enfant en fut très fâché, mais pour lui, ce qui restait la chose importante était qu'il avait «aidé maman» et qu'elle serait très contente. Celle-ci fut assez sage pour excuser le méfait à cause de la bonne intention et le remercia de lui avoir épargné un travail en balayant si bien la chambre. Après tout, le sentiment de l'enfant avait plus de valeur que ce vase, si beau qu'il fût. De très jeunes enfants peuvent déjà croire qu'ils sont utiles, et s'ils sont élevés judicieusement, ils le deviendront bientôt en réalité. Je me souviens du temps où mon petit garçon de trois ans m'aidait à faire les lits. Quel sentiment de son importance quand je lui permettais d'aller de l'autre côté du lit et de tirer les couvertures à mesure que je les lui envoyais! Il était même plus difficile que moi, avait soin d'effacer tous les plis de manière que draps et couvertures présentassent une surface entièrement plane. Cette tâche de chaque jour était pour lui un véritable plaisir. D'autre part, je n'ai jamais oublié la réponse invariable de ma mère quand j'offrais de lui aider: «Ote-toi de mon chemin, tu me gênes! avant que je t'aie montré comment il faut s'y prendre, j'aurai fait dix fois le travail.» Ces paroles je les ai entendues bien souvent de la bouche d'autres mères, qui ajoutaient parfois: «Aujourd'hui, tu demandes à travailler, mais quand tu seras grande et que j'aurai besoin de toi, tu ne voudras rien faire pour me soulager.» Véritable prophétie! Ces enfants ne méritent après tout que peu de blâme; nous nous étonnerions plutôt qu'ils persévèrent dans leurs bonnes intentions après avoir été si souvent rebutés; sans compter que l'habitude du travail ne leur ayant pas été donnée dès leur enfance, il leur paraîtra plus tard une corvée désagréable! D'autres mères regardant le travail comme le plus grand mal de cette triste vie, probablement à cause de la fatigue et de la peine qu'il leur apporte, s'abstiennent systématiquement de l'imposer à leurs enfants. «je désire qu' iIs aient du bon temps pendant qu'ils sont jeunes» disent-elles. «L'obligation du travail viendra assez vite.» Ce raisonnement pèche par la base, car pour l'enfant le travail est le plus souvent un plaisir, comme aussi un antidote à bien des défauts. Quoiqu'il en soit, et d'une façon générale, les bons moments de la vie d'un enfant sont ceux où il fait quelque chose; s'il fait cette chose, jeu ou travail, sans être conduit ni dirigé, cela a déjà une valeur éducative; s'il y est attiré et guidé avec sollicitude, le résultat est plus considérable encore. Ici, ce n'est pas l'intérêt immédiat des parents qui doit être mis en première ligne, car il est clair que l'aide apportée par un petit enfant risque d'être une entrave pour la mère. Cependant si nous portons nos regards plus avant, nous verrons qu'au point de vue des relations des enfants avec leurs parents, la question du travail a son importance. Le garçon qui a appris tout jeune à rendre service à sa mère, sera plus tard le fils qui cherchera à lui épargner de la peine; et la fillette toujours dispensée du travail de la maison ne deviendra-t-elle pas cette demoiselle qui joue du piano tandis que sa mère fatiguée vaque aux travaux du ménage? L'habitude du travail développe donc les qualités du coeur aussi bien que celles de l'intelligence et de la raison, et le bonheur de nos enfants en est accru. |
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