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Comment apprendre à nos enfants à prier

Cette question se pose à bien des pères, des mères, des tantes, des soeurs aînées, soucieux de leur responsabilité d'éducateurs chrétiens, mais embarrassés devant la première tâche à accomplir dans ce sens, devant la première prière à enseigner.

Pour sortir d'embarras, nombre d'entre eux s'en tirent au petit bonheur, adoptant les procédés les plus commodes qui coûtent le moins d'efforts, mais produisent les moins bons résultats.

Un procédé trop simple consiste à faire répéter le «Notre Père» à n'importe quel enfant, de n'importe quel âge, quel que soit son degré d'instruction générale, - ou d'ignorance générale, - et quel que soit son degré de connaissance - ou de méconnaissance religieuse. Employer aussi uniformément, pour l'enfant qui commence à balbutier aussi bien que pour les grands jeunes gens, la seule et même Oraison dominicale, sous prétexte qu'elle est l'unique prière que Jésus nous a laissée comme modèle, voilà un système d'éducation chrétienne qui peut être simpliste, mais qui n'a rien de conforme aux méthodes pédagogiques les plus rationnelles, lesquelles réclament que tout enseignement donné soit proportionné à l'âge et à la capacité de compréhension et d'assimilation de l'enfant. Or, l'enfant de deux, trois à six ans n'a pas l'intelligence assez développée pour compredre les termes, et pour comprendre les idées exprimées par les termes: «Que ton nom soit sanctifié! Que ton règne vienne! Que ta volonté soit faite! ...»

Ce système d'éducation n'est pas non plus conforme aux principes essentiellement chrétiens, aux recommandations spirituelles de Jésus qui, tout en donnant à ses disciples un modèle de prière, les mettait en garde contre le danger des «vaines redites», ce danger du mécanisme qui, à force de répéter des mots trop connus par coeur, empêche l'esprit de faire attention à la signification des mots et empêche le coeur de mettre sous ces mots les sentiments, l'élan, la ferveur, l'amour qui donnent à la prière sa réelle valeur. S'il est vrai que le rôle exagéré de la mémoire ressassant les mêmes choses peut arriver à effacer le rôle de l'esprit et le rôle du coeur chez les grandes personnes, qui sont susceptibles de saisir le sens, à combien plus forte raison chez le tout jeune enfant, qui ne l'est pas. Pour lui, la récitation invariable et machinale de cette unique prière, qui dépasse son entendement, l'engagera dans cette voie funeste du formalisme religieux qui fait tant de mal à la religion. A qui donc Jésus a-t-il donné l'Oraison dominicale comme modèle de prière? A ses disciples (1), c'est-à-dire à ceux qui, par leur âge et par leur préparation religieuse, avaient déjà une certaine maturité dans la vie chrétienne. Il ne l'a pas donnée comme modèle de prière à des enfants de trois à quatre ans.

Méfions-nous des systèmes trop simples. Ils peuvent être fâcheux pour la piété de l'enfant.

Pour réagir contre ce procédé simpliste de la même prière apprise par coeur, des éducateurs versent dans l'extrême opposé et conseillent de n'enseigner aucune prière par coeur à l'enfant. Partant de ce principe que la vraie prière est un élan spontané de l'âme vers Dieu, ils en concluent que l'enfant doit apprendre dès son plus jeune âge à s'épancher librement devant Dieu, en lui exposant simplement ses désirs, et ses besoins. Mais comme l'enfant ne sait pas tout seul exprimer ses sentiments dans une prière libre et spontanée, le rôle des parents consistera à lui faire prendre l'habitude de dire tout haut à Dieu ce qui est ou ce qui doit être dans son coeur. Un tel apprentissage aura pour mot d'ordre: rien par coeur tout par le coeur.

Cette seconde méthode, tout opposée à la première, ne passera point pour trop simple, mais, à juste titre, pour trop compliquée et trop difficilement applicable dans nombre de cas. Elle exigerait une compétence, une maturité spirituelle, en même temps que des aptitudes pédagogiques que tous les parents n'ont pas. Et à supposer que tous les parents fussent doués de ces qualités requises pour éveiller ainsi les jeunes coeurs, tous les jeunes coeurs ne se prêteraient pas tous les jours à une telle formation, à de telles prières. Plus d'un matin et plus d'un soir, le père ou la mère se trouveraient en présence de jeunes coeurs récalcitrants ou peu disposés à s'ouvrir, à se confier pour exprimer des sentiments réels et sincères. Ils auraient beau faire de louables efforts, ils n'en tireraient rien de spontané; ils seraient obligés de leur arracher eux-mêmes, phrase après phrase, des lambeaux de prières sans élan et sans ferveur. Il n'y aurait rien par coeur, c'est vrai; mais il n'y aurait non plus rien par le coeur.

Dans ces moments où le coeur des petits se montre particulièrement réfractaire, à la prière librement inspirée, leur coeur a besoin d'être aidé à sortir de lui-même par des prières déjà existantes, dont les éducateurs peuvent se servir, non comme oreillers de paresse, mais comme moyens d'inspiration pour faciliter la prière de leurs enfants.

N'excluons donc ni la méthode des modèles de prières, ni la méthode des prières spontanées, mais plutôt, employons-les toutes deux avec discernement, tantôt l'une tantôt l'autre, ou combinons les deux méthodes aussi sagement et aussi harmonieusement que possible, suivant les cas, suivant les âges, et suivant les dispositions du moment.

Quand nous voyons l'enfant dispos, saisissons le moment propice et aidons-le à prier de lui-même. Je dis «de lui-même», et c'est là sa part d'efforts. Mais je dis: «aidons-le» car notre part d'efforts est aussi nécessaire surtout dans les premiers commencements. Tout seul, l'enfant ne trouverait pas tout ce qui convient, et trouverait souvent ce qui ne convient pas. A nous de le guider, en lui fournissant une sorte de canevas, par exemple en lui présentant quelques mots faciles et frappants, dignes d'entrer dans toute bonne prière.

Pour les tout petits, le mot merci, et le mot pardon. Une autre fois, l'on peut ajouter le mot secours. Puis encore après, le mot utile. Avec ces deux, trois ou quatre mots, qui ne viennent pas de lui, puisqu'ils lui sont inspirés, habituons l'enfant à trouver sa phrase comme il l'entend, de façon que, au moins dans l'expression ou dans le développement de l'idée suggérée, quelque chose vienne de lui. On l'amènerai en l'aidant par des questions, à se rappeler tout ce qu'il a reçu dans sa journée, et à lui faire découvrir pourquoi il doit dire «merci». Puis, en l'amenant à examiner comment il s'est conduit tout le long du jour, pourquoi il doit dire «pardon». Ensuite pourquoi il doit ajouter «secours», secours contre le mal, afin de ne pas retomber dans telle faute, secours contre la tentation au mal, afin d'y résister, secours en face de telle difficulté, tel danger ou tel besoin qui le concernent, lui, ou qui concernent ses parents. Enfin, l'éducateur l'aidera à trouver en quoi il doit s'appliquer à être «utile», utile à sa famille, utile à son école, utile à son entourage, utile à sa patrie, utile à son Dieu.

De la sorte, l'enfant exercé de bonne heure à parler tout haut à Dieu comme il parle à son père ou à un ami, aura moins de difficultés plus tard à s'entretenir avec Dieu d'une manière intime et personnelle, sur des sujets de prière variant d'après les besoins du dedans ou d'après les événements du dehors; et il éprouvera moins de gêne pénible à entendre sa propre voix, quand il voudra participer à des réunions de prières en commun.

Mais si nous voulons que l'enfant prenne la bonne habitude de varier ses prières personnelles, soumettons-lui de temps à autre des prières variées, qui ne lui sont pas personnelles, surtout quand nous constatons que son coeur n'est pas bien enclin à s'épancher personnellement. Alors nous ferons intervenir efficacement quelques modèles de prières, que nous aurons eu soin de bien choisir .....

(1) Voir Luc XI: I.









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