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L'enfant et le désir de Société (1)

Quand Dieu prononça cette parole: «Il n'est pas bon que l'homme soit seul», il proclama le grand principe que nous sommes faits pour vivre avec nos semblables. Aussi voit-on généralement les enfants se plaire dans la compagnie et la rechercher. Ils en éprouvent un tel besoin que, si on les laisse seuls, leur imagination crée autour d'eux des personnages avec lesquels ils s'entretiennent, comme s'il y avait là des oreilles pour les entendre et des bouches pour leur parler. Un enfant qui préférerait constamment la solitude donnerait une fâcheuse idée de son caractère, et à un certain âge, de ses moeurs. Au fait, la société de ses semblables est absolument nécessaire au développement moral de l'homme...

Mais par un effet du péché qui nous a tous envahis, la société de nos semblables ne laisse pas d'offrir une foule de dangers pour la vie morale, même dans la famille. Nous avons tous un extrême penchant à «suivre la multitude pour mal faire» et nul ne conteste que les mauvaises compagnies ne corrompent les bonnes moeurs. Le désir de société, si naturel soit-il, ne peut donc pas se satisfaire sans retenue. Si l'éducation doit l'utiliser il faut aussi qu'elle le surveille, qu'elle le dirige qu'elle le modère, qu'elle le redresse...

Il faudra que nous procurions à nos élèves la société des enfants de leur âge; c'est un milieu favorable à leur développement naturel. Mais autant qu'il est possible, on évitera la société d'enfants sensiblement plus âgés, à moins qu'on ne soit parfaitement sûr de la pureté de leurs moeurs et de leurs sentiments. Heureux serez-vous si en définitive, vos enfants ne se sentent jamais plus contents que dans votre société; ce qui suppose que vous savez diminuer la distance qui vous sépare d'eux, sans préjudice au respect qu'ils vous doivent.

Souvent on voit les enfants se plaire infiniment au milieu des domestiques; souvent aussi ce qui les attire, c'est ce qui devrait les repousser. Là ils pourraient entendre et voir des choses qui ne leur sont pas bonnes. Sans doute que des parents sages et chrétiens s'efforceront de n'avoir dans leur maison que des domestiques moraux et fidèles; mais, avec les meilleures intentions, ceux-ci peuvent, sans le vouloir, contrarier les vues des parents. C'est pourquoi on empêchera le plus possible qu'ils ne se familiarisent trop avec eux .

Quelle que soit la société que vous donniez ou que vous permettiez à vos enfants, votre devoir est de les y surveiller; non pas par un espionnage qui, en vous dégradant, gênerait l'expression de leurs sentiments, mais d'une manière franche, avouée et toute cordiale. Se sentant abrités ainsi contre le mal, et toutefois en pleine possession de leur liberté, ils ne jouiront que mieux de leurs amis ou de leurs frères et soeurs, et vous serez bien placée pour donner une bonne direction à leurs procédés mutuels, à leur conversation et à leurs jeux, car la société impose des obligations, et il faut que les enfants le sachent. Il y a notamment les devoirs de la bienséance, de la politesse, du support et des égards, sacrifices parfois coûteux de la volonté propre. Tout cela trouve son application dans les réunions enfantines; et n'est-ce pas là, en d'autres termes, la bienveillance et la charité dont l'apprentissage est si nécessaire.

Il faut enfin considérer que le désir de société se transforme aisément en esprit mondain, et qu'il peut y avoir une mondanité pour l'enfance comme pour les âges subséquents. Lors donc que ce désir se manifestera sous la forme d'une véritable passion, il s'agira de le combattre par tous les moyens que Dieu suggère. On sera sans doute attentif à ne pas le nourrir par la contrariété même; toujours est-il que les enfants doivent aussi savoir vivre dans la solitude et qu'on ne peut envisager comme une éducation chrétienne, celle qui semble prendre à tâche de les initier de bonne heure à toute la frivolité, à toute la dissipation, à tout le luxe, à toute la vanité des plaisirs les plus mondains.

Vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour resserrer les liens de la famille, vous souvenant toutefois que l'esprit de famille peut aisément dégénérer en indifférence pour tout ce qui ne touche ni nous ni les nôtres, c'est-à-dire en égoïsme. Après cela, bien que les enfants soient loin du temps où il connaîtront personnellement d'autres affections de famille que celles de fils et de filles, de frères et de soeurs, il ne se peut qu'il ne songent quelquefois au lointain avenir, que Dieu leur destine peut-être.

Dans une âme honnête et simple, la pensée du mariage est une pensée selon Dieu..... Vous n'éviterez donc point de traiter un tel sujet avec les enfants, et vous le ferez de manière que, s'ils en parlent entre eux, ils n'y apportent rien de léger ni de peu convenable. Ce sera toujours avec sérieux, en vous interdisant toute plaisanterie, toute ironie, tout ce qui tendrait à rabaisser dans leur esprit la sainteté de la famille..... Ce sera aussi en évitant de les abuser sur les réalités de la vie domestique. Au lieu de répéter à leurs oreilles ces exclamations banales ou ces compliments de convention qui semblent dire que le mariage est la félicité suprême, au lieu de faire miroiter devant leurs yeux ces fêtes, ces riches présents, ces belles parures, cette indépendance prétendue et tous ces plaisirs qui ne sont sensibles au coeur que pour un jour; au lieu de transformer en roman les circonstances providentielles et les affections naturelles qui rapprochent les âmes, et en idylle l'existence qu'elles vont mettre en commun, vous insisterez sur ce qui caractérise essentiellement la famille. C'est une société de toute la vie et de tous les instants, une société qui, sans avoir uniquement en vue les intérêts matériels, se meut toutefois dans une sphère qui n'est pas celle de la poésie et de l'imagination; une société dont les devoirs sont infiniment difficiles, et qui n'offre aucune garantie quelconque de bonheur et ne saurait tourner à la gloire de Dieu, si l'Esprit-Saint n'y préside après avoir sanctifié les premières affections. Tels sont les sentiments chrétiens dans lesquels on élèvera les enfants.

Ces enseignements, donnés en temps convenable par une mère, ne demeureront pas infructueux. Mais ce temps convenable, pensera-t-on, ne saurait précéder l'adolescence! Veuillez y réfléchir, cependant, et vous comprendrez qu'il faut au contraire que les enfants les aient reçus alors. C'est souvent pour avoir trop différé qu'on ose plus aborder ce sujet, le coeur ayant perdu sa première simplicité.Du reste, je n'entends pas qu'on en fasse l'objet de leçons proprement dites; ce sera plutôt le résultat de tout ce que l'enfant voit et entend autour de lui, dans une famille que je suppose réellement chrétienne.


(1) Nous publions cet article malgré son style un peu suranné à cause de l'excellence de son esprit (Red.).









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