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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La jeunesse et les influences extérieures

Les temps extraordinairement graves que nous traversons posent devant la jeunesse actuelle des problèmes que nous n'avons pas même soupçonnés lorsque nous entrions dans la vie.

A quelle classe de la société qu'ils se rattachent par leur naissance, nos fils et nos filles, ceux au moins qui pensent à autre chose qu'à s'amuser, et c'est croyons-nous le grand nombre, voyent l'horizon embrasé au devant duquel ils marchent. Ils sentent que notre organisation sociale doit changer et qu'ils sont en partie responsables de l'avenir.

Les revendications de tous ordres: le droit à un gain suffisant, le droit au repos, le droit à la distraction, l'égalité des droits de l'homme et de la femme etc. etc., leur apparaissent comme légitimes. Bien significatif de l'orientaton de leurs pensées est l'entretien que nous tirons d'un récent volume de Mme E. Pieczynska (1). Quelques jeunes filles se sont réunies, pour consacrer une semaine à la discussion de questions qui les troublent et que plusieurs avouent ne pas pouvoir aborder chez elles. «Je suis libre au dedans et quand je me tais c'est par égard volontaire» dit l'une d'elles.

«MARIE-ROSE (une jeune institutrice). Nos enfants garçons et filles, devront travailler. Ce sera excellent pour eux, comme c'est excellent pour nous maintenant. S'ils désirent entreprendre des études coûteuses, ils devront d'abord en gagner les moyens. Il n'y aura pas d'injustice, pas de privilège en faveur des uns, au dépens des autres. Tous égaux, tous sur le même pied.

- GILBERTE. Tu n'auras pas à craindre les coureurs de dots!

- MARIE-ROSE. Surtout, mes filles ne connaîtront pas l'ennui. Chacune aura une vocation de son choix. Et s'il y en a de peu douées, elles apprendront un métier.

- FERNANDE. Un métier? Lequel, par exemple?

- MARIE-ROSE. Modiste, jardinière, sténographe. Il y en a des quantités à choix.

- IRÈNE. Tu es étonnante, Marie-Rose, mais je t'admire! Tu es conséquente, tu vas jusqu'au bout de tes convictions démocratiques.

- MARIE-ROSE. Je vais bien plus loin que vous ne le pensez. Je ne crains pas même de voir ma fille choisir le métier de cuisinière. C'est une excellente profession, un gagne pain assuré, pour peu qu'on en ait le goût et qu'on jouisse d'une bonne santé. On est plus sûr d'y gagner sa vie qu'en écrivant des livres.

- SIMONE. Cuisinière! ... Mais c'est un terrible assujettissement! il faut subir tous les caprices d'une maîtresse de maison ou d'un gérant d'hôtel! C'est le contraire de l'indépendance!

- MARIE-ROSE. Tous ceux qui travaillent ont des chefs, des patrons, des supérieurs et doivent se soumettre à leurs ordres. Tout travail utile est un service, et il faut toujours s'y adapter à quelqu'un. Ce n'est pas une servitude car on le fait de propos délibéré.

C'est une obéissance consentie, qui ne porte point atteinte à la liberté. Au contraire, c'est faire acte de liberté que de se l'imposer volontairement, pour un temps donné et dans des conditions spécifiées. L'essentiel, voyez-vous, c'est de choisir le métier où l'on est capable de devenir de première force. Alors on aime son travail, et c'est le bonheur!...

- FERNANDE. Trouvez-vous vraiment, en règle générale, que la jeune fille doive quitter la maison paternelle pour se faire une carrière? Toujours?

- MARIE-ROSE. Oh! qui oserait dire toujours! Bien sûr qu'il y a des tâches, des vocations qui n'obligent pas une fille à quitter ses parents. Parfois, la vocation choisie peut s'exercer auprès d'eux, pour leur service. Mais dans ce cas, je ne renoncerais jamais pour ma fille à un apprentissage complet, à une véritable instruction professionnelle. C'est cela seul qui donne la compétence et un juste sentiment de sa propre valeur. Une garde-malade de profession peut se consacrer entièrement à sa mère malade, mais dans son for intérieur, elle a la dignité de sa profession. Elle sait que quoiqu'il arrive, elle occupera une place utile au monde. Et ce fait lui assure plus d'estime et de considération parmi les siens.

- MARCELLE. Dans ce cas, elle travaillerait gratuitement, sans doute?

- MARIE-ROSE. Pourquoi donc? Si j'employais ma fille aux travaux de notre école, - que ce fût au jardin, à la cuisine ou en classe - je lui remettrais les appointements qu'elle recevrait ailleurs pour ces mêmes travaux. Cela n'est-il pas plus judicieux que de lui donner un argent de poche? Voyez-vous, il faut que tout argent provienne d'un travail. Autrement il démoralise. Il fausse les coeurs et les idées.»

Mais il est d'autres domaines qui font l'objet des préoccupations de notre jeunesse. Les horreurs de la guerre, la lassitude causée par les longs services militaires, la propagation des idées antimilitaristes ou pacifistes, l'image entrevue d'une Europe confédérée pour la paix font que pour la génération qui monte, le patriotisme n'est plus ce qu'il était pour nous; il n'est peut-être pas moindre, mais il est autre, pour eux le principal n'est pas de conserver mais d'améliorer; peu leur importe de démolir ce qui nous paraît vénérable.

Il faut dans leur intérêt comme dans le nôtre nous efforcer de comprendre le point de vue des jeunes car s'ils nous savent intransigeants, et nous entendent juger sans rémission, ils n'ouvriront plus la bouche devant nous et s'en iront discuter ailleurs ces graves questions. Un fossé se creuserait alors entre eux et nous, et ce serait la cause d'intenses souffrances.

Pourquoi ne nous associerions-nous pas à leur admiration pour le courage d'hommes qui osent dire: Nous voulons l'égalité, nous ne voulons plus d'injustices, nous ne voulons plus de guerre! Nous pourrons mieux alors faire entendre notre voix, faire part de nos expériences, et rappeler que l'ordre ne peut être enfanté par le désordre, ou le règne de la paix venir par la prédication de la haine.

Avec le Père Gratry nous leur répéterons qu'il n'y a «nul progrès de prospérité sans un progrès moral, nul progrès moral sans progrès religieux.»

L'effort que nous ferons jour après jour pour conserver le contact avec nos grands enfants ne sera point perdu, peut-être même sera-t-il, pour nous autant que, pour eux, une source de progrès et un enrichissement.


(1) La semaine des Fiancées.









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