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Le père et la mère
Rendre ses enfants meilleurs que soi-même tel est le but, le devoir et la définition de l'éducation. Or, comme de tous les moyens pédagogiques, le seul infaillible est celui de l'exemple, la suggestion des actes étant plus rapide que celle des conseils, il suit de là qu'il est impossible d'inculquer fortement à ceux qu'on élève un principe quelconque sans le pratiquer... Le père et la mère ne vaudront, dans leurs rapports avec leurs enfants et dans leur action sur eux, que ce qu'ils valent en tant que mari et femme, dans leurs rapports et leur influence réciproques. Ils sont, pour l'enfant, la représentation visible de toute l'humanité: il ne la connaît que par eux, et les impressions qu'il reçoit à cet âge d'ignorance où tout contrôle manque, déterminent pour l'avenir la forme même du jugement, il sera plus ou moins préparé à se solidariser avec ses semblables, plus ou moins enclin à les aimer et à les servir, suivant l'opinion plus ou moins favorable qu'il s'en sera formée, en observant les deux modèles qui, si longtemps, les ont résumés à ses yeux. S'il voit ses parents en désaccord et en conflit - et ne vous y trompez pas, ses regards vont au fond des choses, en dépit des tentatives faites devant lui pour sauver les apparences, - il en éprouvera je ne sais quel dédain confus pour toutes les femmes, ou quelle défiance instinctive à l'égard de tous les hommes, suivant qu'il aura pris parti pour l'un ou pour l'autre; des sentiments d'insociabilité s'éveilleront en lui, à l'encontre de toutes les leçons de bienveillance et le rejetteront dans son egoïsme naturel. Le pessimisme et la misanthropie de beaucoup de jeunes gens sont, bien souvent, la conséquence de la désunion des parents...
Pour que les deux époux soient unis véritablement, il est nécessaire qu'une main très ferme et très douce vienne rapprocher leurs mains: ce sera celle du Christ .....
C'est sous l'égide de ses bras que je voudrais placer l'homme et la femme; c'est sur ses traces qu'ils retrouveront l'idéal perdu de leur solidarité. A la lumière de cet exemple qui brille comme la lampe de leur foyer, je les vois formant, à eux deux, la société typique que le Christ n'a pas hésité à prendre pour symbole de son union avec l'Eglise. Ils s'aiment, non pas en égoïstes qui cherchent moins à plaire qu'à se plaire, mais en se donnant, dans une aliénation joyeuse de leur volonté propre. Ils s'aiment jusqu'à ne plus s'appartenir à eux-mêmes, jusqu'à remplir, chacun de la présence de l'autre, et le temps et son coeur. Il s'aiment avec simplicité, sans avoir besoin de se poser la question d'autorité, car ils l'ont résolue par de mutuelles condescendances, le mari ne demandant à la femme que ce qu'elle peut accorder volontiers, et la femme étant toujours prête à donner plus qu'on ne lui demande. Ils s'aiment avec discernement, vivifiant leur amour d'attentions, de prévenances, de bonne grâce et de bonne humeur, le rafraîchissant à ces petits ruisseaux cachés sous l'herbe, qu'on ne distingue pas de loin, mais sur lesquels on peut compter en tous temps pour étancher sa soif, tandis que les grands torrents de la passion, de si haut qu'ils descendent, n'ont qu'une saison, et laissent derrière eux la sécheresse et la solitude. Ils s'aiment, non seulement avec leur coeur, mais encore avec leur conscience, car il ne leur suffit pas de trouver leur plaisir dans leur amour, ils veulent y trouver leur bien, y laisser tomber toutes les pensées basses, mesquines, vulgaires; y tout ramener sans doute, mais y tout purifier; réjouir leur âme et leur vie à la clarté de ce feu sans cesse entretenu, mais aussi les réchauffer et les agrandir à sa chaleur, les faire rayonner en bonté, en dévouement, en bienfaisance, de telle sorte que, leur solidarité devenant plus profonde, devient plus étendue, franchit ses limites, élargit son action contagieuse, attire à elle les existences voisines pour les anoblir à son contact et les entraîner à sa suite.
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