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Hygiène morale du système nerveux chez l'enfant

On parle beaucoup maintenant de neurasthénie et de névroses diverses, et on a raison d'en parler, car ces affections se sont développées d'une façon impressionnante. Il y a sans doute à cela bien des causes: le surmenage de la vie moderne, l'exagération du travail intellectuel, les fautes d'hygiène des ancêtres qui nous ont transmis bien souvent une hérédité nerveuse très chargée. Mais il n'y a peut-être pas de facteur plus important, aussi bien pour provoquer les tares nerveuses de l'adulte que pour en prévenir l'apparition, que la mauvaise ou la bonne éducation morale des enfants. La plupart des névroses sont liées, en grande partie, à des façons maladives de penser, de sentir ou de s'analyser, à de mauvaises habitudes intellectuelles, à l'absence de discipline personnelle: elles résultent souvent en somme d'une mauvaise éducation de la sensibilité, de l'imagination, de la volonté.

Il est malheureusement trop facile de vous en citer des exemples.

Parmi ces sujets «impulsifs» incapables de résister à un désir ou à une suggestion, combien ne trouve-t-on pas d'individus qui ont été des «enfants gâtés», dont on a satisfait tous les caprices et qui n'ont jamais appris à dominer un désir et à se soumettre volontairement à une discipline intellectuelle ou morale! Tous les enfants sont, en somme, des impulsifs, mais les adultes qui ont conservé l'impulsivité de l'enfance sont des individus anormaux, mal éduqués.

Vous rencontrez à chaque instant des gens peureux, des «phobiques», qui ont peur de tout; peur de la maladie et de la contagion, peur des microbes, peur des araignées, peur de la nuit... Et bien souvent on s'aperçoit que toutes ces craintes leur ont été inculquées dès l'enfance, qu'elles ont été cultivées chez eux et qu'elles ont acquis parfois avec les années le caractère maladif d'une obsession irrésistible. C'est par l'éducation que l'enfant apprend à dominer ses craintes, à soumettre ses répulsions instinctives au contrôle de sa raison et à la domination de sa volonté. Une éducation qui ne cherche pas à leur donner ainsi la pleine possession d'eux-mêmes est une éducation incomplète.

D'autres sujets encore sont atteints de véritable maladie du scrupule par suite d'une éducation morale faussée. Et ce qui nous montre bien le rôle de l'éducation dans l'éclosion de toutes ces maladies, c'est que ce sont souvent des maladies familiales, atteignant les enfants après les parents, ou frappant plusieurs enfants dans une même famille.

Evidemment il faut tenir grand compte du rôle joué par l'hérédité, mais il faut aussi se rendre compte à quel point les tendances héréditaires peuvent se trouver développées par l'absence d'éducation ou même par une véritable contagion morale.

Il est certain, en effet, que nous apportons tous à la naissance un certain nombre de tendances instinctives fâcheuses, parfois même de véritables tares nerveuses. La plupart des enfants sont impulsifs, colériques, égoïstes, ils ont des craintes exagérées ou des tendances superstitieuses. Il faut cependant qu'ils prennent l'habitude de se dominer, de s'imposer des actes qui leur coûtent ou de renoncer au contraire à satisfaire leurs désirs instinctifs.

L'éducation en ce sens doit réformer la nature; elle agit, en sens contraire; elle impose d'abord et fait exécuter par ordre des actes pénibles au début, mais qui deviennent bien vite, par la répétition, faciles, presque naturels et comme automatiques; l'enfant n'aura plus dans la suite aucune difficulté à les exécuter librement et spontanément, lorsqu'il en comprendra la raison ou la nécessité.

Il ne s'agit donc pas, vous le comprenez, d'étouffer la personnalité de l'enfant dans un réseau serré de défenses ou de prescriptions; il s'agit tout simplement de lui faciliter par l'habitude, le libre accomplissement de ses devoirs rationnels.

Il ne faut pas croire que l'habitude de l'obéissance entrave en quoi que ce soit le développement de l'initiative et de la liberté. Etre libre, ce n'est pas être livré à toutes les craintes et à toutes les impulsions de la nature; être libre, c'est tout au contraire être délivré de cet esclavage et avoir acquis peu à peu la discipline, le contrôle et la maîtrise de soi.

L'enfant ne naît pas libre, il le devient par l'habitude de l'obéissance aux parents d'abord que remplacera peu à peu l'obéissance aux principes directeurs de sa vie intellectuelle et morale.

Toutes les occasions sont bonnes pour acquérir cette discipline; aucun effort, aucun sacrifice, aucun renoncement même s'il n'aboutit pas à un résultat immédiat, n'est inutile pour la formation générale du caractère. Il y a ainsi véritablement toute une gymnastique morale destinée à renforcer la volonté, à soumettre la sensibilité et l'imagination au contrôle de l'intelligence, à acquérir peu à peu la pleine possession de soi-même et l'équilibre harmonieux de ses facultés. C'est le rôle des parents de diriger, de contrôler et d'imposer au besoin cette éducation morale qui sera certainement le meilleur préservatif des névroses.

Il y a malheureusement des enfants qui, non seulement, manquent de cette éducation nécessaire, mais qui trouvent encore dans leur milieu familial, le mauvais exemple de névroses diverses. L'enfant est presque toujours le miroir fidèle du milieu où il vit; il répète ce qu'il entend, imite ce qu'il voit, s'imprègne peu à peu des habitudes de vie ou de pensée qui existent autour de lui. Souvent même il exagère encore les défauts qu'il a copiés, et l'on peut voir de simples défaillances des parents se transformer chez l'enfant en véritables tares morales.

Je voyais l'autre jour amener à l'hôpital une petite fille kleptomane, qui avait pris l'habitude de voler tout ce qu'elle pouvait atteindre; mais la maman, interrogée sur son propre caractère, faisait cette réponse assez banale en somme: «Oh ! moi, quand je désire quelque chose, il faut que je l'aie tout de suite ou bien j'en suis malade, et je ne puis rien faire de toute la journée». Vous retrouverez ici facilement dans le vice de l'enfant l'exagération de l'impulsivité maternelle.

Vous voyez quelquefois des enfants autour desquels on multiplie les précautions hygiéniques: on les lave à l'eau bouillie, ils ont des jouets stérilisés, dès leur plus tendre enfance ils n'entendent parler que de contagion et de maladie; comment s'étonner si ces pauvres enfants, martyrs de l'hygiène, deviennent plus tard des névropathes, des phobiques ou des obsédés au contact de ces préoccupations anxieuses qui les entourent journellement.

La conclusion de tout ceci vous apparaît sans doute comme à moi très simple. C'est que «la meilleure hygiène du système nerveux de l'enfant, c'est la bonne hygiène du système nerveux des parents».

Nous pouvons transmettre à nos enfants par hérédité le germe des névroses que nous possédons, ou bien au contraire nous pouvons leur transmettre des qualités acquises et une nature améliorée. L'éducation, bien ou mal comprise, peut enrayer ou au contraire laisser se développer chez eux les tares nerveuses, héréditaires ou accidentelles.

Enfin aucun facteur n'est plus puissant pour mouler le cerveau de l'enfant que l'imitation. Nous pouvons le rendre névropathe par contagion, ou bien l'aguerrir par l'exemple contre les perversions de la sensibilité ou les défaillances de la volonté.

L'éducation des enfants doit donc commencer par l'éducation personnelle des parents. Il faudra que les parents soient d'abord eux-mêmes ce qu'ils voudraient que leurs enfants soient un jour.









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