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Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Actualité Comment nourrir les enfants dans les temps si durs que nous traversons?

A cette question qui nous a été posée il n'est pas aisé de répondre, les besoins sont trop divers. Tandis qu'à la campagne il n'y a guère de privations, les citadins voyent leur situation s'aggraver de semaine en semaine et l'on doit reconnaître qu'il est de plus en plus difficile de satisfaire l'appétit des grands enfants. C'est à dessein que nous disons des grands enfants, car ceux-là ont pris des habitudes qu'ils ont bien de la peine à modifier pendant la croissance, tandis qu'à notre avis, il sera utile d'apprendre d'emblée aux petits à vivre simplement et à manger peu. C'est avec un certain chagrin que nous entendons encore des mères dire: Je ne puis pourtant pas leur refuser du pain! - Si, Madame, vous le pouvez, et je dirais plus, à l'heure présente, vous le devez. Il est bon pour l'enfant d'être soumis à la règle comme les autres. Donnez-lui chaque jour dans un petit sac la part de pain qui lui revient; apprenez-lui à le ménager, dites-lui que s'il le mange sec et lentement il sera mieux nourri. Faites-lui compter combien de fois l'on peut mâcher une bouchée avant de l'avaler; ce petit exercice est fort instructif, on peut même le faire passer pour un amusement.

Parlons le moins possible en famille de nos préoccupations économiques, ce thème inépuisable est ennuyeux et a le grave inconvénient de suggestionner tout le monde. A force d'entendre parler nourriture l'on s'imagine qu'on a faim. A rappeler incessamment les difficultés on ne les supprime pas.

Profitons de la dureté des temps pour établir dans nos maisons cette règle excellente: on ne mange pas et on ne boit pas entre les repas.

Enfin utilisons, le mieux possible, ce que nous pouvons nous procurer et ne dénigrons pas telle ou telle denrée, bien qu'évidemment elle soit moins bonne qu'autrefois. Nous savons une famille d'ouvriers où l'on n'achète pas les macaronis auxquels on a droit parce qu'ils sont «trop mauvais», et nombre de personnes s'en prennent à la qualité du pain pour le moindre malaise. La vérité est qu'il y a eu l'hiver dernier très peu de malades et que, pour les enfants en particulier, la nourriture plus frugale a évité bien des indigestions.

Les simples conseils d'économie domestique qui suivent sont recueillis dans une forte brochure, très documentée et scientifique, du Dr Ed. Porchet: Comment s'alimenter au mieux malgré les restrictions actuelles ou futures? Ils n'ont pas de rapports directs avec l'éducation, mais mis en pratique dans nos maisons ils feront partie de cette éducation par l'exemple qui a une si grande valeur. Ils pourront aussi être l'occasion de quelques conversations à la table de famille à la condition, répétons-le, qu'elles ne dégénèrent pas en plaintes sur les difficultés de la vie.

Il est capital de savoir non pas combien nous mangeons, mais combien nous digérons et assimilons, c'est-à-dire de connaître ce qui est d'un réel profit à l'organisme. Une bonne partie de la masse alimentaire que nous absorbons reste inutilisée; elle est éliminée directement par l'intestin et indirectement par les reins. Certains tempéraments utilisent très bien, d'autres très mal, ce qu'ils mangent. On observera par exemple, le cas de gros mangeurs, restant maigres et d'obèses consommant modérément, ceci dans des conditions analogues de travail.

Nous ne digérons pas également bien tous les aliments. Les viandes fraîches ou fumées (celle de cheval comme les autres), le lait, les oeufs, les huiles et graisses pures, le sucre, sont particulièrement bien utilisés par notre organisme.

Nous digérons un peu moins complètement les farines, le pain, le riz, les pommes de terre.

Enfin nous utilisons très incomplètement les graines telles que haricots, fèves, pois, lentilles et encore moins la petite quantité de matières nutritives renfermée dans les légumes herbacés.

Ce qui précède fait comprendre combien la ménagère peut augmenter le «rendement nutritif» des aliments en facilitant leur assimilation par une bonne cuisson.

L'auto-cuiseur est ici un aide important pour la préparation de la nourriture. Cet appareil indispensable servira à assurer la cuisson lente et complète de tous les types de mets: soupes, légumes, viandes, entremets. A l'avantage économique, il ajoute celui de conserver tout le parfum des mets qui cuisent dans ses marmites hermétiquement fermées et de permettre l'emploi de peu d'eau pour bouillir les légumes; en outre cette eau qui renferme des sels utiles peut être employée pour les sauces ou la soupe. (Dans le n° 9 de 1914 de Aux Mères nous avons indiqué comment on peut faire sans beaucoup de dépenses un auto-cuiseur).

Les viandes dures seront servies de préférence hâchées. Les légumes secs et les céréales, si précieux actuellement, seront bien plus nourrissants à égalité de poids, s'ils sont consommées sous forme de farine ou de flocons plutôt qu'en grains entiers; aussi les haricots, les fèves, les pois seront-ils apprêtés de préférence en purée. Les haricots en grains (soissons, «cocolettes», etc.) peuvent traverser notre tube digestif en restant presque totalement inutilisés s'ils ont été mal cuits et avalés entiers.

Les légumes séchés ou conservés au sel doivent être trempés 12 ou 24 heures à l'avance pour devenir tendres par la cuisson.

Les ménagères doivent aussi se souvenir qu'un aliment convenablement assaisonné et bien apprêté est consommé avec plus de profit qu'un met fade et mal préparé; on peut justifier scientifiquement la chose.

Il ne faudrait pas cependant servir tous les jours des aliments en hâchis ou en purée, cela aurait certains inconvénients. Lorsqu'ils sont présentés en tranches ou en morceaux, c'est à notre mâchoire qu'incombe le travail de trituration qui n'a pas été fait à la cuisine. De tout temps les hygiénistes ont dit: «Mangez lentement, mâchez soigneusement.» Ce conseil excellent était inspiré par le désir de sauvegarder la santé de chacun. Aujourd'hui cette recommandation est doublement précieuse, en utilisant bien les aliments qu'on absorbe, on réalise une économie.

Celui qui à cause de ses occupations pressantes doit malheureusement manger en hâte, remédiera en partie aux défauts d'une mastication incomplète, en coupant menu ou en écrasant les aliments sur son assiette en dépit des règles de l'étiquette.

En alimentation normale le 10% du pain que nous mangeons n'est pas absorbé et sur les haricots en grains le déchet est de 21%. Mais si nous mangeons des aliments mal cuits, trop grossiers ou insuffisamment mastiqués, ce pourcentage des matières inutilisées atteint des chiffres tels qu'il s'agit réellement d'un gaspillage de denrées alimentaires, analogue à celui observé si facilement chez le cheval ne digérant pas l'avoine entière: les grains ressortent intacts du tube digestif et constituent alors le fond de l'alimentation des moineaux des villes.

Dans les circonstances présentes, il n'y a pas de trop petites économies, car toute perte de denrée alimentaires est regrettable.

En pelant des pommes de terre crues on leur enlève du 15% au 30% de leur poids suivant la forme des tubercules, l'habileté et l'outillage de la personne qui opère. Si les pommes de terre sont bouillies préalablement elles ne perdront que 5% à 10% d'épluchures. La différence entre ces chiffres indique le gaspillage de denrées alimentaires résultant du mode de nettoyage, elle est de 10% à 25%! Soyons modestes et choisissons le minimum soit le 10%, il signifie que sur 10 kilos de pommes de terre on en jette inutilement 1 kilo.

Supposons que 50,000 personnes consomment 10 kilos de pommes de terre par mois: si ces dernières sont épluchées crues au lieu de bouillies c'est au minimum 50,000 kilos, soit 5 wagons de tubercules gaspillés

On ne peut supprimer totalement les pertes, mais on les diminuera le plus posssible. L'emploi de la brosse, si possible, ou de couteaux à peler, et surtout une légère cuisson préalable des pommes de terre, feront faire de réelles économies.

«Tous les Suisses et les étrangers habitant en Suisse (écrit enfin le Dr Porchet dans la conclusion de son petit volume) doivent considérer comme un devoir patriotique ou humanitaire de remplir au moins les obligations suivantes relatives à l'alimentation populaire:

Pour ceux qui disposent de ressources abondantes en argent ou en vivres: Ne pas manger plus qu'il n'est strictement nécessaire.

Consommer de préférence les aliments les plus coûteux tels que viandes, légumes chers, conserves de luxe, etc., de manière à laisser aux familles moins aisées les denrées les plus économiques (pommes de terre, riz, lait, fromage, etc.), encourager et soutenir les oeuvres diverses travaillant à faciliter l'alimentation des familles à ressources insuffisantes et en particulier l'alimentation de l'enfance.

Pour ceux qui disposent de ressources modestes: Supprimer, au profit de l'alimentation, toute dépense superflue.

Consommer avant tout les aliments les plus économiques, utiliser au maximum les denrées achetées.

Pour tous: observer les prescriptions officielles, car elles ont pour but d'éviter, ou tout au moins de retarder le plus possible, la sous-alimentation puis la disette.

Ne gaspiller aucune denrée alimentaire.

En vue de l'alimentation durant l'hiver prochain, produire cet été des légumes féculents ou albumineux en utilisant pour cela tous les terrains, si petits soient-ils, non encore productifs de denrées.»

Toutes les restrictions alimentaires devraient nous faire plus fortement sentir la solidarité qui nous unit les uns aux autres. Ne pouvons-nous pas espérer que nous serons dorénavant moins indifférents aux malheurs de ceux que nous coudoyons chaque jour? Les jeunes blasés, auxquels leurs parents permettaient de s'acheter petits pains, brioches et sucreries, comprendront mieux maintenant la valeur monétaire de ces fantaisies et auront plus de compassion pour la multitude des malheureux qui, déjà avant la guerre, devaient se contenter d'une nourriture frugale et souvent insuffisante.

Riches et pauvres sont astreints aujourd'hui à des privations qui pour n'être pas identiques n'en sont pas moins réelles; puissent les leçons qu'ils reçoivent ainsi porter des fruits.

Lorsqu'une mère jour après jour distribue à chacun le morceau de pain qui lui revient, elle donne à tous un exemple de régularité, - elle donne une leçon de justice lorsqu'elle veille à ce que tous aient leur part du beurre qu'on a fait en écremant le lait que tous ont bu! - et lorsque exceptionnellement, elle se prive d'un morceau de son propre pain en faveur d'un de ses enfants elle lui donne une occasion d'ouvrir son coeur à la reconnaissance.

Si nous acceptons sans amertume toutes les contrariétés et les difficultés matérielles que nous avons à surmonter pour nourrir les corps, nous distribuons en même temps, et presque inconsciemment, la nourriture dont les âmes ont besoin.

Heureuse la mère dont les enfants pourront dire: Maman, pendant la guerre même, elle ne s'agitait pas, elle ne se mettait pas en souci de ce qu'on mangerait plus tard. Elle nous a fait comprendre le sens de la prière: «donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien.»

Donne-nous - pas d'égoïsme.

Aujourd'hui - demain je sais que toi, mon Dieu, Tu seras là et que je pourrais te prier.

Notre pain - pas autre chose, pas des bonbons, pas de la viande ou du beurre peut-être, l'indispensable seulement.

Dans son volume le Sermon sur la montagne, Johannes Muller nous dit comment nous devons ne pas nous inquiéter.

«Le souci ne consiste ni dans la peine que nous prenons pour nous procurer le nécessaire et pour nous assurer des conditions d'existence tolérables, ni dans l'effort que nous consacrons à notre carrière et à nos progrès dans tous les domaines. Le souci consiste dans l'anxiété que nous éprouvons à ce sujet et qui résulte du sentiment de notre impuissance en face des devoirs et des hasards de la vie. Prévoir, pourvoir, calculer, administrer sagement, ce n'est point nous mettre en peine. Tout au contraire, c'est créer notre avenir et maîtriser la vie; c'est prouver que nous dominons la situation et que nous tenons le gouvernail de notre existence.... Tous ces soins ce ne sont pas des soucis, ils témoignent d'une calme assurance qui déploie ses effets dans la vie. Aussi Jésus n'a-t-il pas songé à les déprécier et à décourager notre effort. Car c'est cet effort même qui nous distingue des fleurs et des oiseaux.

Se mettre en peine, c'est ressentir péniblement les obligations de la vie, en être intérieurement troublé, ballotté, absorbé, oppressé. Le souci, c'est l'agitation et la dépression que produisent notre incapacité de vivre, notre assujettissement aux choses extérieures, notre dépendance intérieure de nos conditions d'existence....

Seul celui qui a conquis la liberté intérieure restera paisible en face des hasards de la vie et sans souci pour sa subsistance, parce qu'il a placé ses véritables intérêts dans le domaine de l'impérissable et que la réalisation de sa destinée est indépendante des circonstances et des événements.

Il peut en effet demeurer en paix, car il éprouve la présence active du Père qui sait de quoi nous avons besoin. Celui qui s'alarme au sujet de sa santé, de son pain, de son avancement, du succès de ses efforts, est un homme de peu de foi; car il ne connaît que dans une faible mesure l'expérience immédiate de Dieu. Plus ses yeux s'ouvriront pour distinguer le Père, plus la vie originelle deviendra la puissance qui éclaire et enrichit son existence, plus aussi se dissiperont ses alarmes. Il en est ainsi de nos jours aussi bien qu'autrefois.»









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