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L'empire sur soi-même

L'empire sur soi-même est l'un des éléments essentiels d'un caractère bien équilibré. Mais ce n'est pas un instinct inné et l'enfant doit l'acquérir le plus tôt possible ; car nous savons que sous l'influence de la colère ou de la crainte, le plus véridique, le plus obéissant peut devenir menteur ou rebelle.

L'empire sur soi-même consiste à maîtriser les penchants du coeur naturel et les impressions déterminées par les circonstances extérieures. C'est en faisant l'éducation de la volonté de l'enfant que les parents l'aideront à acquérir l'empire sur soi-même.

L'amour maternel ne suffit pas pour faire cette éducation il faut plus que cela. La mère a besoin d'une grâce spéciale de Dieu, qui en la disciplinant elle-même la rende propre à son importante mission.

Nous l'avons dit, c'est le plus tôt possible qu'on doit enseigner, à l'enfant à se maîtriser ; car tandis qu'il est difficile de changer le cours d'un grand fleuve on parvient aisément à détourner celui d'un ruisseau. N'oublions pas à cet égard que l'entourage de l'enfant a une grande influence. Tout jeune, il peut comprendre si l'atmosphère qui l'entoure est paisible ou agitée. Si la mère est grondeuse et les frères et soeurs querelleurs, si les éclat d'une voix irritée frappent souvent ses oreilles, ou si ses yeux rencontrent journellement un front soucieux et des regards sévères, comment apprendra-t-il à être doux et patient? Ce que ses yeux voient, ce que ses oreilles entendent est de la plus grande importance pour sa première éducation et son caractère en reçoit, une impression souvent ineffaçable.

Pour l'enfant comme pour nous-mêmes l'exemple a plus de puissance que tous les préceptes. Quand les parents, incapables de résister à leurs impressions, perdent l'empire sur eux-mêmes, ils perdent en même temps le moyen d'agir sur leurs enfants. Et l'effet d'une punition, même bien méritée, est complètement neutralisé si elle a été infligée sous l'influence de la colère ou de l'impatience. Il eût mieux valu ne pas punir du tout. Tandis que si les parents restent calmes ils conservent leur autorité sur l'enfant et lui donnent un exemple qui l'aidera beaucoup à se vaincre lui-même.

J'ai connu une mère qui, ayant conscience de son caractère violent et emporté, avouait qu'elle avait pris l'habitude de réprimander son enfant à voix basse, de peur que son agitation intérieure ne se traduisit au dehors et ne fit du mal à l'enfant. Une autre dame raconte ce trait de son enfance: Ma mère venait de faire des confitures de fraises. Près du fourneau était une grande jatte contenant de la pâte pour des gâteaux; le lait et les oeufs y étaient déjà versés. "Maintenant, dit ma mère à la domestique, ma confiture est bien cuite, enlevez le chaudron." Brigitte obéit, mais par une étourderie incroyable elle vida le contenu du chaudron dans la pâte à gâteaux. Ma mère se retourna juste à temps pour voir cette sottise; elle était par nature vive et emportée, cependant de ses lèvres émues s'échappèrent seulement ces paroles: "Oh! Brigitte !" Puis, voyant la figure bouleversée de la pauvre fille, elle ne fit entendre aucun reproche aucune lamentation inutile. Je ne doute pas que lorsque ma pauvre mère fatiguée se retira le soir dans sa chambre, elle n'eût un moment de vrai chagrin à la pensée de son temps, de sa peine et de son argent perdus par la faute d'une servante. Elle ne savait pas qu'elle avait ce jour-là accompli en ma faveur une oeuvre des plus utiles en me donnant une précieuse et inoubliable leçon d'empire sur soi-même."

Heureuse la mère qui peut maîtriser la violence de son caractère! Son exemple sera en bénédiction à ses enfants, et le souvenir de ses propres combats la rendra patiente, lui apprenant à sympathiser avec eux dans leurs efforts pour se vaincre.

La discipline exercée premièrement par les parents sur les enfants, puis par les enfants eux-mêmes sur leurs passions, voilà le moyen d'éduquer la volonté. Apprendre à obéir, c'est apprendre à se maîtriser. Soumettre sa volonté à celle de ses parents nécessite un certain degré d'empire sur soi-même; de sorte que plus l'obéissance de l'enfant deviendra parfaite, puis il trouvera facile de se maîtriser.

Enseigner à l'enfant l'empire sur soi-même n'est pas une tâche si difficile quand elle est entreprise avec intelligence. On peut faire servir les autres facultés de l'enfant à gouverner sa volonté. S'il désire une chose bonne et innocente, laissez libre jeu à sa volonté; s'il désire une chose mauvaise ou nuisible faites appel à ses autres facultés ; parlez à sa raison, éveillez son attention, sa mémoire, ses sentiments. Evitez tout à la fois l'indulgence et la raideur, et vous aurez ainsi contribué à former dans l'enfant une habitude de soumission qui subsistera quand il sera d'âge à exercer avec réflexion l'empire sur lui-même.

Tout en apprenant à nos enfants à faire le bien, prenons soin de leur rendre aussi difficile que possible de faire le mal. Dans ce but veillons à ce qu'ils aient une nourriture saine, un sommeil suffisant, des vêtements convenables, abondance d'air et d'exercice, toutes choses qui, en fortifiant leur corps, augmenteront en même temps leurs forces morales.


On peut aussi aider aux enfants à acquérir de l'empire sur eux-mêmes en leur citant des exemples d'hommes ou de femmes célèbres, pourvu que cette histoire ou cette leçon n'arrivent pas immédiatement après un accès de colère ou une punition. Lorsque l'enfant vient de se vaincre sur quelque point, témoignez-lui votre satisfaction et montrez-lui combien il est plus heureux que s'il avait agi autrement. Les récits bibliques où il est question de la force corporelle sont très appréciés des enfants. Profitez-en pour leur enseigner que la force physique à laquelle ils attachent tant de prix, est en effet bien désirable, mais que la force morale l'est aussi, et bien plus encore.

Maintenant, que faire d'un enfant qui dans un accès de rage frappe du pied et se roule en criant sur le plancher? Une femme distinguée qui s'occupe particulièrement de l'éducation des petits enfants, écrit à ce sujet : "Le punirai-je? Autant vaudrait éteindre le feu avec de l'huile. Raisonnerai-je avec lui ? Autant raisonner avec le Vésuve quand il est en ébullition. Essaierai-je de l'apaiser avec de douces paroles et de tendres caresses? Autant vaudrait essayer de calmer un cyclone. Non. Je soutiens hardiment que la seule chose à faire est de laisser l'enfant à lui-même en quittant la chambre où il se débat."

"L'explosion une fois passée que doit-on faire? S'enquérir avec soin du motif qui l'a provoquée et si nons sommes les coupables nous en repentir sincèrement. D'abord (et ceci n'est pas de la faiblesse, c'est du bon sens,) avec un enfant pareil évitez autant que possible la contradiction, les provocations, tout ce qui excite la colère; essayez d'obtenir d'une autre manière le résultat que vous désirez. Ne le contrariez pas dans ses désirs les plus innocents, par la seule raison que pour lui accorder l'objet de son désir il vous en coûterait un peu de fatigue on d'ennuis. Ne lui parlez pas vite et avec rudesse et ne répondez jamais à la violence par la violence. Si vous le punissez avec colère, l'enfant voit parfaitement que parce qu'il est faible et impuissant il est châtié pour une faute que vous commettez vous-même impunément parce que vous êtes une grande personne."

Ce n'est pas immédiatement après un de ces accès de rage que l'enfant doit être réprimandé. Le bruit des vagues soulevées par le démon de la colère doit être apaisé avant que l'enfant puisse écouter la voix de la raison. Choisissez une heure paisible où vous puissiez avec tendresse, avec amour, lui laisser voir la douleur que vous a causée son péché et le mettre en garde contre la tentation. Jusqu'à ce que ce moment se présente, l'enfant doit se sentir entouré d'une atmosphère de tristesse et de blâme, ce qui lui sera plus sensible que des paroles de reproche; et lorsque tendra la punition, qu'elle soit autant que possible en rapport avec la faute commise, car l'enfant a un sentiment inné de justice que rien ne peut effacer. Enseignez aussi à vos enfants à maîtriser leur langue, à parler d'un ton calme et modéré et à réfléchir avant de parler. Celui qui s'arrête un moment avant de dire une parole blessante est à peu près sûr de ne pas la prononcer. Ce point une fois obtenu conduira tout naturellement à la discipline de la volonté et à l'empire sur soi-même.

Ainsi enseigné à dominer ses penchants dans les petites choses, l'enfant se trouvera fort plus tard pour résister au mal dans le combat de la vie, alors que vous ne serez plus là pour l'encourager et l'entourer de vos conseils.









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