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De sept à dix ans
Dans son beau livre «l'Education progressive», Mme Necker de Saussure fait une place à part à l'enfant de sept à dix ans, marquant ainsi que vers la septième année il se produit une évolution qui nécessite de la part des parents et des maîtres un changement dans leurs procédés d'éducation.
En effet, dès ce moment nous n'avons plus à faire à un petit être plein de grâce et de charme. Au physique ses formes s'accentuent, ses gestes sont plus anguleux et brusques, sa figure plus allongée. Au point de vue moral sa sensibilité diminue, l'approbation des personnes âgées ne lui suffit plus, c'est celle de ses camarades qu'il recherche. Il se croit un personnage important, a des idées sur ce qui est juste ou injuste et défend son opinion avec de grands mots dont il ne comprend pas très exactement la valeur. Souvent il devient irrespectueux et même grossier, et a de la peine à reconnaître ses torts, ce qui le rend entêté.
L'esprit combattif apparaît aussi vers cette époque, le petit garçon veut montrer sa force, il donne des coups de pieds ou des coups de poings, il lui arrive même de s'oublier assez pour lever la main sur sa mère.
Ces faits que nous constatons suffisent pour nous faire comprendre que les fautes commises ne doivent pas être prises trop au sérieux. Et cependant que remarquons-nous bien souvent, tandis qu'avec les enfants en bas âge les parents sont d'une indulgence excessive, laissant tout dire et tout faire, admirant même les imperfections, tout à coup ils veulent corriger, instruire, faire obéir, et cela précisément au moment où la petite personnalité s'affirmant, il faudrait lui laisser plus de liberté et lui montrer un redoublement de confiance.
Ne demandons plus à l'enfant de faire quelque chose «pour nous faire plaisir» cela le toucherait peu, mais faisons appel à son sentiment du devoir et à sa responsabilité.
Evitons les effusions exagérées de tendresse. L'enfant saura lire sur notre visage notre approbation ou notre mécontentement. Il vaudra mieux, en général, ne pas contrarier l'enfant mais chercher à détourner son attention; évitons en tous cas de discuter avec lui, s'il s'est trompé il le reconnaîtra plus tard. Mais si son attitude et décidément répréhensible, si par exemple malgré les observations qu'on lui a faites il persiste à être impoli avec sa mère, comment empêcher que cela devienne une habitude?
Il me souvient qu'un jour où nous avions promis à notre petit garçon de venir assister à une soirée de l'Union Chrétienne, il se montra particulièrement désobéissant et me dit à plusieurs reprises: «Laisse-moi tranquille»; comme je le lui avais déjà souvent défendu, je lui dis très sérieusement devant son père: «Si tu répètes encore cette phrase tu ne viendras pas avec nous ce soir».
Hélas, dans l'après-midi, j'eus à plusieurs reprises l'occasion de marquer sur une feuille de papier la désobéissance renouvelée de l'enfant. Il fut étonné lorsque je lui expliquais que j'avais marqué un trait chaque fois qu'il prononçait les mots défendus. Certainement il ne se rendait pas compte de ce qu'il disait, c'était en quelque sorte plus fort qui lui, mais il fut extrêmement vexé de nous voir partir sans lui, et la punition fut salutaire.
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