Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Message du Comité de Rédaction

A onze heures du matin, le onzième jour du onzième mois de l'an de grâce 1918, après plus de onze cents journées de carnage, le sang cessa de couler. En cet instant d'innombrables coeurs frémirent. Fini, l'épouvantable drame, qui brisa tant de vies, laissant derrière lui des ruines dont nul être humain ne peut encore mesurer l'étendue et ne le pourra de longtemps! Hélas, n'est-il pas aussi des déchirements dont un grand nombre d'âmes ne se consoleront plus?

Bouleversées de sympathie, nous pensons à ces mères en deuil et à d'autres encore, auxquelles nous voudrions pouvoir rendre le courage et la joie de vivre. Une chrétienne s'écriait un jour: «Souffrir passera. Avoir bien souffert ne passera pas». Non, car les fruits d'une noble souffrance germeront, mûriront et seront moissonnés ici bas et surtout là-haut:

Ici bas, où ta vie ne vaudrait rien, s'il n'existait pour toi une richesse plus grande que cette vie personnelle et même que celle des tiens. Une richesse qui vaut tous nos sacrifices, sans exception, et qui n'est conquise que par eux.

Là haut, où le message des anges: «Gloire à Dieu - Paix sur la terre - Bonne volonté envers les hommes», n'est rendu possible que par la venue, la vocation, le martyre et la mort du Fils de Dieu, tout comme par notre propre immolation. Sans elle nous n'aurions pas mérité ce don royal et nous serions incapables de l'annoncer. Avoir bien souffert nous qualifie pour la lutte contre le péché en nous et autour de nous. Céder au mal et rester impardonnées, parce que nous n'avions pas su, ou pas voulu chercher la rédemption là où elle se trouve, endurcissant nos coeurs comme Pharaon avant son épreuve, c'est la seule infortune dont on ne guérit jamais, la seule vraie déchéance d'une mère. Il ne la faut pas.

Notre oeuvre doit se faire à la lumière de l'idéal, sans cela notre âme et celles que nous avons à conduire se dégraderont.

Vous avez compris, chère soeur, que cette lumière de l'idéal ne peut être que celle de la Croix. La Croix, 1° dont nous avons été chargées, et que, vaillantes, nous porterons désormais sans demander pourquoi, ni lorgner le bonheur des heureux de la terre. La Croix, 2° sur laquelle un Juste connut l'incompréhension, les iniquités d'autrui, l'agonie, les derniers outrages et la mort la plus infâme qui ait jamais été infligée à un innocent. Et nous ne trouverions pas, sous ces Croix, la fermeté et la confiance nécessaires pour vouloir ce que Dieu veut, tout comme pour vivre résignées, joyeuses même, le Noël, cette fête de la paix qui nous attend? Pour poser en outre le pied sur le seuil de l'année nouvelle, qui nous réserve misères et déplaisir, sans doute, mais aussi des preuves certaines de l'amour d'un Puissant? Ce qu'il fit hier et aujourd'hui nous est un gage de ce qu'il fera demain.

Enfin, épreuves et délivrances nous imposent des obligations agrandies vis-à-vis des enfants qui nous restent. Pouvons-nous les illustrer mieux que par les pages qui suivent, extraites d'une conférence de Mme Jules Sigfried, sur l'Education après la guerre.

La première règle de cette éducation me paraît être le sens de la liberté, de cette liberté qui consiste, dès qu'un enfant est en mesure de penser, à lui laisser exprimer son opinion sans jamais paraître s'effrayer de la façon dont il l'exprime. Cette attitude des parents leur permet parfaitement d'exiger l'esprit d'obéissance, hâtons-nous de le constater. Mais apprenons à écouter paisiblement notre jeunesse. Qu'il s'agisse de questions militaires, politiques, religieuses, philosophiques ou sociales, répondons avec calme et entrain. Ayons le respect de chaque individualité et essayons de l'aider à se manifester dans le sens le meilleur. Laissons nos enfants s'emballer pour des idées et pour ceux qui les représentent. Quand la vie se manifeste, ne l'éteignons pas.

Combien la famille peut et pourrait gagner à cet aimable et intelligent échange! La jeunesse se sentant libre et comprise se rendra souvent sans effort aux arguments de notre expérience et nous profiterons de cette combinaison heureuse qui rapprochera nos saisons, donnant à chacun ce qui était le charme de l'autre, empêchant ainsi nos enfants de délaisser le foyer où, craignons-le, la vie vraie et rayonnante s'éteint souvent par notre faute.

Pour assurer dans la famille une atmosphère saine et vivante, une seconde condition me paraît indispensable. Je veux parler de l'amour du travail et du respect pour les travailleurs. Que ceux qui ont une vie facile soient plus exigeants que tout autre à ce point de vue. L'aisance ne nous crée point des droits mais des devoirs et il faut apprendre aux enfants, à rendre moralement plus de respect à ceux qui peinent qu'à ceux qui se laissent vivre. Cette attitude rendra tout naturellement les enfants plus polis vis-à-vis des serviteurs et des ouvriers, et les éloignera du snobisme qui est une des plaies de la société, plaie que la guerre, espérons-le, frappera mortellement, car «de plus en plus l'avenir appartient à ceux qui aiment le travail».

Une règle tout aussi importante me semble être la nécessité absolue d'inculquer à nos enfants l'optimisme et le sens de la beauté du don de la vie.

La perte immense de toute cette belle jeunesse, fauchée par la mort pour le salut de la patrie et de l'humanité future, doit nous faire sentir le prix de chaque existence destinée à aider à refaire une France meilleure et plus heureuse. Malgré tout le mal qui est dans le monde, les plus grands des malheurs, hélas! proviennent de nous-mêmes. On peut éviter bien des maladies par une vie saine et éviter les souffrances du coeur en donnant plus d'amour qu'on n'en réclame, mais cette vie-là doit être enseignée et l'enfant devrait l'apprendre dès le berceau. La mère, dans un but touchant, le père, dans sa robuste bonté, prennent presque toujours sur eux les fardeaux, grands et petits, se disant que bien assez tôt fils et filles en auront leur large part. C'est une erreur et une faiblesse: combien plus avisés de leur vrai bonheur serions-nous en les obligeant à nous rendre (1) certains services et à avoir pour nous de légères attentions qui les formeraient peu à peu à leur rôle futur d'époux et d'épouses, sans compter celui, important aussi, de bons citoyens et d'amis fidèles!

Ajouterai-je qu'il faut cultiver la joie au foyer, les joies simples qui sont soeurs de la bonne conscience, et que cette bonne conscience a sa source dans le Dieu intérieur qui a écrit sa loi au fond du coeur de tout homme digne de ce nom ici-bas. J'ai parlé de joie, mais nos foyers ne pourront pas rayonner si nous n'y apportons dès maintenant deux notes nouvelles et essentielles, qui sont l'esprit de renoncement et de reconnaissance. Il y a déjà, et il y aura autour de nous après la guerre, tant d'existences brisées, de gens en deuil, d'êtres jeunes pour lesquels il n'y aura plus ni jeunesse, ni rêves d'avenir! Ils seront là comme les témoins vivants victimes de l'effroyable tempête...

Apprenons donc à notre jeunesse à se souvenir. Que dans la vie de tous les jours, il y ait place pour les petits renoncements qui permettent ainsi, grâce à une existence simplifiée, de n'avoir jamais les mains vides. Plus que dans aucun autre temps va se réaliser la parole du Christ: «Vous aurez toujours des pauvres avec vous».

Mais pour développer au sein de la famille l'esprit de liberté qui demande un incessant contrôle et un complet oubli de soi-même, pour faire aimer le travail et les travailleurs à notre jeunesse, pour développer chez nos enfants, avec la conscience, la bonne humeur et l'altruisme, il faut que nous, parents et éducateurs, nous prenions une résolution héroïque: celle de faire chaque jour notre éducation personnelle. En réalité nous ne pouvons donner réellement que ce que nous possédons nous-mêmes et c'est dans la vie intérieure seule que nous trouverons les forces et la sagesse nécessaires à la noble tâche de l'éducation.

Pascal a dit que tout irait bien si les hommes savaient se tenir tranquilles dix minutes seuls dans une chambre; combien est vraie cette parole et surtout à notre époque d'agitation et de surmenage!

Si chaque matin, avant de commencer notre journée nous nous donnions, sous la forme qui convient le mieux à notre mentalité, pourvu qu'elle soit sincère, ces dix minutes réclamées par notre grand Pascal, quels merveilleux résultats nous en retirerions pour nous d'abord, pour nos enfants ensuite! Quel réveil des consciences et des responsabilités! Combien plus de suite dans nos actes et dans nos pensées et quel acheminement tout naturel pour aller de l'amour de la famille à l'amour de l'humanité!

Aussi, malgré l'horizon encore chargé... que parents et éducateurs se rassurent: la noble autorité que leur a départie le Créateur ne périra jamais. Si nous cherchons comme le bien suprême une vit morale supérieure, vécue fidèlement au sein de la famille et dans la société, quelles que soient les éclipses qui puissent surgir, quel que soit le développement intellectuel de nos enfants et, souvent aussi, la grande modestie du nôtre, un jour viendra où, comme une lumière dans la nuit, notre fidélité à servir notre idéal leur tracera la route du devoir en l' attendrissant leur coeur.»


(1) Nous dirions plutôt en réclamant d'eux. (Réd.).









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève