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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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En famille

Nous sommes dans un temps où la force des traditions s'affaiblit de jour en jour. L'homme veut se servir de sa raison. L'important est qu'il s'en serve bien. Si vous voulez continuer à le conduire par l'habitude il vous trompera, et appliquera sa raison à nier les choses respectables et à satisfaire ses passions. Il faut tourner au bien ces dispositions d'indépendance, et lui montrer qu'après tout, ce qu'il y a de plus raisonnable, c'est d'être honnête homme.

La famille donne beaucoup mais elle ne donne pas sans condition. Une des erreurs les plus communes est de tout exiger de la famille sans lui rien donner, de lui demander le repos dans l'ennui, les soins dans la maladie, la gaieté dans la tristesse, mais de vouloir conserver en même temps les avantages d'une vie libre et dégagée. La vie libre a ses plaisirs, la famille a les siens. Vouloir jouir à la fois des uns et des autres, c'est les manquer également. On ne trouve pas à heure dite la sérénité, la paix dont on a besoin; ces biens ne résultent que de l'habitude. Pour jouir de la famille, il faut y vivre, y rester, en accepter les liens. La famille est une servitude; je ne dis point cela pour l'abaisser, mais pour là relever, c'est une noble servitude ou chacun se doit tout à tous.

Tous les caractères ayant plus ou moins leurs angles, il est bien difficile qu'un commerce de tous les instants ne donne point lieu à des frottements qui ne seront rien ou qui seront beaucoup, selon la sagesse des hommes, insister sur le mal, c'est l'envenimer: les piqûres deviennent des blessures, et les blessures deviennent des plaies. Se pardonner l'un à l'autre, se tolérer l'un l'autre, est le seul moyen de jouir sans amertume des belles et saines émotions de la vie domestique. Tolérer les travers et les défauts des hommes est un devoir général de charité; mais dans la famille, c'est un rigoureux devoir de prudence; car celui qui ne supporte rien n'est pas lui-même supporté. Ce qui doit nous rendre cette tolérance facile, c'est la pensée que chacun à ses défauts et qu'on n'a pas le droit d'exiger des autres la perfection que l'on ne s'impose pas à soi-même.

De dix-huit à vingt cinq ans, âge moyen où le jeune homme prend une position et s'installe dans le monde, il se fait une transformation insensible du jeune homme, et son existense décrit des phases variées dont il est bien difficile de déterminer la loi. Mais sous cette variété d'accidents et d'états il y a je crois, un fait qui domine et qui peut être considéré comme le fait capital de la jeunesse. C'est la lutte du monde et de la famille dans l'âme du jeune homme, c'est la lutte des penchants qui l'entraînent hors de la famille et de ceux qui l'y retiennent. Il y a là une crise morale, une crise que je ne crains point d'appeler tragique, car elle est le principe de bien des destinées malheureuses... La nature entraîne le jeune homme impérieusement: on peut lui résister sans doute, il est bon de le faire; mais la vaincre entièrement est impossible. La contrainte employée sans ménagement à l'égard de la jeunesse ne réussit qu'à la condition de l'abrutir; sans quoi il reste toujours une issue par où l'indépendance naturelle trouve à s'échapper. Il ne faut point sans doute obéir à la nature en esclave, et en justifier toutes les tendances; mais il ne faut pas non plus faire si peu de cas de la Providence, et lui imputer d'avoir agi dans la création des choses sans dessein et sans raison. Si elle a mis dans le jeune homme cette indomptable ardeur d'indépendance, ce besoin de mouvement, cet amour du nouveau, cette passion de vivre, ce n'est pas apparemment pour qu'une discipline impitoyable vienne lui couper les ailes et martyriser ses penchants. L'expérience prouve que les mouvements naturels comprimés mal à propos prennent leur revanche tôt ou tard, et tout ce qu'on gagne à cette répression intempestive, c'est qu'ils éclatent avec plus de violence où qu'ils se cachent dans le secret... Il importe que le jeune homme fasse par lui-même son apprentissage de la vie: comme il faudra qu'un jour il se gouverne tout seul, et qu'il se gouverne au milieu du monde, il faut bien qu'il ait appris à marcher seul, et qu'il ait fait quelque étude du monde; heureux si dans cette étude il a pour se guider, l'expérience d'un père ou d'un ami éclairé! Mais cette expérience étrangère n'ira jamais jusqu'à lui rendre inutile l'expérience personnelle: on ne connaît bien que ce que l'on a soi-même touché, vu, senti, éprouvé.









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