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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURDe l'activité L'oisiveté occasionne les mauvaises pensées et les actions répréhensibles ; l'activité, au contraire, nous porte au bien. Si la plupart des hommes ne font pas un travail très utile, cela ne vient pas tant de ce qu'ils manquent d'intelligence, mais plutôt de ce qu'ils ne veulent pas, ou ne savent pas se servir de leurs facultés. Les personnes utiles à leurs semblables ne sont pas toujours remarquablement douées, elles sont surtout actives. Cherchons donc à cultiver chez nos enfants des habitudes de travail, d'application, de persévérance. Dès leur bas âge, faisons-leur comprendre la valeur infinie du temps ; enseignons-leur à l'économiser. En gaspillant des sous, on arrive vite à perdre des francs ; en gaspillant les minutes, nous nous appauvrissons non de quelques heures, mais de journées et de mois entiers. Que nul, dans nos maisons, ne soit oisif, les enfants pas plus que les adultes. Ne permettons pas à nos jeunes élèves de rester sans rien faire parce que "ça ne vaut pas la peine," vu le peu de temps dont on dispose. Nous nous trompons en croyant que l'activité doit cesser avec l'heure des leçons ou celle des devoirs d'école. Un enfant peut flâner sur ses jouets aussi bien que sur ses livres d'étude, quand ses jouets l'ennuient; et notre devoir est de veiller à ce que le temps de la récréation soit employé de la manière la plus heureuse. Dès que se montrent le "farniente" et l'ennui qui en résulte, empressons-nous de les combattre. Nous les reconnaîtrons bien vite chez l'enfant qui a une mauvaise tenue, qui se balance nonchalamment sur sa chaise, qui s'étend sur le parquet plutôt que de se joindre aux jeux de ses petits amis, ou qui essaie tantôt d'une chose tantôt d'une autre, sans trouver plaisir à rien. Pour réagir contre ce mal, il faut d'abord fournir aux enfants des sujets d'intérêt agréables, variés sans être trop nombreux, puis les engager à s'en occuper avec entrain et persévérance. S'ils demeurent à la campagne ils auront de petits jardins, des outils à eux pour les cultiver, quelqu'animal favori à soigner, etc. La lecture peut devenir un passe-temps très agréable ; composer, peu à peu, une petite bibliothèque est une occupation captivante pour les enfants qu'on y encourage d'une façon judicieuse. En l'abscence des parents, le devoir d'une bonne est d'occuper constamment, et avec intelligence, les enfants qui lui sont confiés. Elle peut être approvisionnée de papier, de crayons, de couleurs, de gravures, de ciseaux et de colle, et elle aura là de quoi charmer les jours pluvieux et les soirées d'hiver. Qu'elle se mette elle-même à l'oeuvre pour encourager les enfants, cela vaudra mieux que de les abandonner à eux-mêmes, jusqu'à ce que, las de ne rien faire, ils finissent par se quereller, ou inventer quelque sottise. Un proverbe anglais ne dit-il pas que Satan a toujours de la besogne toute prête pour les mains oisives? Du reste, pour les enfants élevés simplement, il n'est point difficile de trouver abondance d'occupations saines et captivantes. Il est bon de laisser de côté les amusements excitants ; ils amènent une réaction énervante et font perdre le goût des joies simples, à la portée de tous. Parmi ces amusements que nous devons éviter, je classe le théâtre, les cartes et toute espèce de jeux dans lesquels on gagne de l'argent. Tout ce que la main trouve à faire, fais-le de tout ton coeur, lisons-nous dans le livre de l'Ecclésiaste. Que ce précepte soit gravé dans l'esprit de nos enfants, et, peu à peu, ils prendront l'habitude de se consacrer entièrement à chacune de leurs entreprises, au lieu de ne leur accorder qu'une attention partielle. L'esprit des enfants est si mobile, si inconstant, qu'il leur est très difficile d'acquérir les habitudes que nous venons de recommander. Nous n'y arriverons que peu à peu et dans bien des cas, nous serons tentés de nous décourager. Mais il ne faut pas jeter le manche après la cognée. L'énergie de la pensée et de la volonté est comme la force en mécanique ; quand on la possède on peut l'appliquer a une grande diversité de travaux; tandis que la mollesse, l'indifférence, le manque d'entrain sont des défauts excessivement difficiles à vaincre; nos ressources ordinaires n'y suffisent pas ; car l'espoir d'obtenir un objet convoité, le désir d'être récompensé, celui de se faire une bonne réputation, le sentiment du devoir, même, s'évanouiront devant la première difficulté. Avec des enfants mous il faut beaucoup de patience et de persévérance. Tâchons de découvrir des choses pour lesquelles ces enfants ont du goût et encourageons leur activité en l'applilquant à ces choses-là! Il faut les persuader par l'affection plutôt que par les menaces et la crainte. Et prenons garde de ne pas nous laisser tromper; un enfant indolent inventera des excuses pour se justifier, quand il aura négligé son devoir. Ne le laissons pas, si possible, apprendre ses leçons tout seul, ce serait l'exposer à la tentation, et donnons-lui, de préférence, une tâche à laquelle il ne puisse échapper ; quelque chose à faire plutôt que quelque chose à apprendre. Que les tâches soient courtes, bien déterminées, n'exigeant pas beaucoup d'effort mental ; et s'il y a quelques lignes à apprendre par coeur, que cette partie des devoirs se fasse sous la surveillance d'une personne consciencieuse. Une manière de faciliter les premiers éléments de l'instruction aux très petits enfants, consiste à rendre leur travail aussi machinal que possible. Il vaut mieux ne pas dire à un enfant qu'il épellera ses mots jusqu'à ce qu'il les sache, mais qu'il les épellera un nombre déterminé de fois, à haute voix, très distinctement, après quoi on lui rendra sa liberté. En face d'un travail bien défini, il trouvera sa tâche beaucoup plus facile. Il est bon que chaque jour la longueur de la leçon à apprendre soit sensiblement la même : tant de lignes, tant de mots. Commençant la leçon avec un esprit préparé à ce qui l'attend, l'enfant s'y mettra avec une bonne humeur qui lui ferait défaut s'il voyait une tâche plus longue qu'il ne le pensait. L'habitude d'omettre une leçon sous le plus léger prétexte est fort nuisible. Un élève qui sait par expérience combien facilement on l'exempte de sa leçon, n'est guère disposé à l'apprendre. Notre but devrait être non de faire avancer nos élèves rapidement, mais d'obtenir des progrès réels. L'avantage de leçons régulières pour les très jeunes enfants est de fournir une excellente occasion de leur donner des habitudes de discipline, d'attention, et de faire naître en eux le goût du travail intellectuel. Ce qui importe pendant les premières années de la vie d'un enfant, ce n'est pas la quantité de connaissances acquises, mais l'habitude prise de bien apprendre. Il va sans dire qu'avec de très jeunes enfants, il faut être modéré même dans l'application d'excellents principes. Nous aurons une règle, nous nous y tiendrons, nous combattrons l'obstination, la désobéissance ; mais nous ne nous attendrons pas à voir nos enfants toujours bien disposés, et nous saurons supporter les heures difficiles avec patience, et sérénité, nous gardant bien d'exprimer notre mécontentement. Il est non seulement inutile, mais souvent nuisible de reprocher aux enfants leur lenteur à saisir ce qu'on veut leur faire apprendre, et le manque d'attention dont ils font preuve. Faisons de notre mieux pour que la leçon aille le moins mal possible, et, en terminant, n'ajoutons pas d'observation. Malheureusement l'amour-propre des parents et des institutrices se met quelquefois de la partie. Nous n'aimons pas que les enfants des autres soient plus avancés, fassent mieux que les nôtres; nous sommes vexés de ne pas obtenir des succès immédiats, et injustes dans nos reproches à nos élèves, que nous irritons en nous montrant trop exigeantes. Nous risquons, par notre impatience, de dégoûter nos enfants de leurs livres d'étude et cela pour longtemps peut-être. Les jeunes mères et les personnes inexpérimentées en éducation, commettent souvent cette erreur. Elles oublient que le résultat immédiat de chaque leçon prise séparément n'est pas de grande importance, pourvu que nous n'ayons pas laissé de mauvaises habitudes s'enraciner, et la mauvaise humeur s'emparer de nos élèves. Ce n'est qu'après une longue série de leçons que nous constaterons quelque progrès. |
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