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L'Education du Vouloir

Le tout n'est pas de vouloir, mais de vouloir avec suite. On ne saurait trop tôt y amener l'enfant. La cause de la plupart des insuccès est unique: notre horreur pour l'effort durable. Aussi bien, beaucoup sont capables de prendre une décision mais bien peu de la poursuivre; légion au départ il en reste bien peu à l'arrivée. «Presque tous les étudiants paresseux, fouettés par l'approche de l'examen, peuvent donner un coup de collier, observe M. Payot. Ce qui leur répugne, ce sont les efforts modérés, mais réitérés chaque jour, pendant des mois et des années.» De même, les peuples sauvages, qui ne réculent pas devant un coup de force, sont profondément réfractaires à un travail continu. Les Peaux-Rouges ne préfèrent-ils pas se laisser décimer plutôt que d'essayer d'un labeur régulier qui leur assurerait une large aisance? C'est leur perte. Sans la persévérance, en effet qui réside dans l'assiduité, aucun progrès n'est possible, aucun résultat probable: tout échappe. Qui ébauche sans jamais finir, est condamné à de perpétuels avortements, en science comme en industrie, en vertu comme en finance. Tous les obstacles, au contraire, s'aplanissent les uns après les autres, devant qui persévere; peu à peu, à la longue, il les franchit; bien plus il les tourne à son avantage. Il n'y a si petite goutte qui n'use le roc. La patience est le véritable levain du génie. Goethe promena trente ans l'idée de Faust et c'est en y pensant toujours que Newton vérifia sa découverte de la gravitation universelle. La constance est la qualité maîtresse du vouloir, tant et si bien que c'est de volonté que manquent tous ceux-là qui passent d'un travail à un autre, sans rien mener à terme, ni par conséquent, à bien; abouliques, les découragés avant l'heure. Ne péchent-ils pas par impuissance à repousser l'assaut des impulsions qui, sans cesse, viennent les distraire de l'objet qu'ils eussent souhaité atteindre? Il en va pareillement de tous ceux qui sont inaptes à fixer leur attention... un souffle et les voilà dispersés et ni les uns ni les autres ne savent vouloir, faute de pouvoir s'astreindre à fournir une suite ordonnée d'efforts. La volonté n'est pas un fait, mais une suite de décisions à prendre jusqu'à la fin.

Aucun soin, plus que le souci de persévérance, ne saurait, en conséquence, retenir un éducateur égal à sa mission. Il n'y a pas de formation du vouloir à moins...

La multiplication des devoirs, outre qu'elle décourage sous un amoncellement dont il semble qu'on ne viendra jamais à bout, entrave l'application par la préoccupation de ce qui reste à faire. Pour confondre le travail avec l'agitation, elle brise tout élan vraiment utile. Comment s'adonnerait-il pleinement à sa tâche, l'écolier qui n'a pas un moment de plus à y consacrer que le strict minimum? Obligé de passer sans cesse d'un travail à un autre, sa volonté y gagne une fébrilité qui est tout le contraire de la patience.

Pour ne pas tomber dans ces errements il faut veiller à n'assigner que des besognes limitées et pas en très grand nombre à la fois, en accordant toujours plus de temps qu'il n'est mathématiquement nécessaire, afin d'être en droit d'exiger que tout soit particulièrement soigné et à plus forte raison, terminé. Le travail une fois commencé doit être achevé; tout au moins les élèves ne doivent-ils pas l'abandonner de leur propre gré: il faut qu'il constitue à leurs yeux un tout, si petit soit-il. Tout devoir non fini ou insuffisamment mis au point doit être invariablement refusé pour être continué ou parfait. C'est une habitude qu'il est urgent d'inculquer dès la plus tendre enfance. Ne sont-ce pas, ainsi que le fait remarquer M. Payot «les choses commencées et non achevées qui font perdre le plus de temps?» Outre qu'elles se soldent en perte, elles produisent un réel malaise, alors que «le travail accompli loyalement laisse à l'esprit un sentiment de contentement et en quelque sorte d'appétit satisfait».

Aussi bien il faut apprendre à faire chaque chose à son heure. Il n'y a pas de règle plus salutaire. Un travail rapide et sans ordre use vite, avec infiniment moins de résultats qu'un effort à la fois réglé et calme. Il faut faire chaque chose à son tour, sans hâte ni agitation. La méthode multiplie littéralement les heures, au point de ne faire jamais défaut à qui sait les mesurer. «Il n'y a rien de si aisé, répondit un jour le grand pensionnaire de Witt à qui l'on demandait comment il faisait pour diriger toutes les affaires de la République et trouver le temps cependant de loisir pour aller dans le monde et pour souper en compagnie: il s'agit seulement de ne faire qu'une chose à la fois et de ne jamais remettre au lendemain ce qui peut être fait le jour même.» A l'opposé, parce qu'ils ne savent pas disposer de leur vie, les oisifs et les brouillons ne trouvent le temps de rien. On devra donc, en l'établissant assez large, astreindre l'enfant à un horaire. Son initiative y acquerra une discipline qui contribuera, par la suite, à lui donner son entière valeur. Il ne faut pas prendre pour de l'initiative, en effet - non plus que le vol du papillon - une agitation déréglée. Une activité qui ne sait pas se plier à une loi est, d'ailleurs, peut-être pire que l'oisiveté, car l'oisiveté dégoûte d'elle-même, tandis qu'une agitation stérile finit par dégoûter du travail...

Il n'y aura, toutefois, rien de fait, tant qu'on n'aura pas assoupli la volonté à l'effort mesquin, ordinaire, dont - infiniment répété - procèdent les grandes actions et les belles oeuvres, même impromptues, qu'un lent travail en sourdine prépare. Aux actions d'éclat où l'on s'élève par de grands élans, mais d'où l'on retombe d'une chute profonde, sont de beaucoup préférables les petits sacrifices qui ne sont pas toujours les moins durs. «L'homme courageux, écrit M. Payot, n'est point celui qui accomplit quelque grand acte de courage, mais bien celui qui accomplit courageusement tous les actes de la vie.» L'effort banal et sans portée apparente est la pierre d'achoppement de la volonté, l'épreuve qui distingue les forts qui en triomphent, des faibles, qui s'y butent. A son défaut point de persévérance et par conséquent, d'énergie. Quelque héroïque qu'elle soit, une décision qui n'a pas de lendemain dans une série d'actes terre à terre reste sans influence ni prolongement. On ne rendra jamais assez sensible qu'aucun effort n'est superflu, que rien de ce qu'on fait n'est perdu et que même ce sont les plus obscurs sacrifices qui conduisent, dans l'ordinaire des choses, aux plus brillants résultats.

Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage.

Il importe d'accoutumer très tôt à ne renâcler devant aucune besogne. Aussi bien, il est profitable, dans ce dessein, de ne pas rendre les enfants étrangers aux soins du ménage, de leur imposer, comme le souhaitent Tolstoï et Rousseau, quelques travaux manuels, d'exiger d'eux quelques menus services.

Ce serait trop exiger des enfants que de les astreindre de prime abord, à ce qui ne serait pour eux qu'une corvée. Il est sage, notamment, de ne les point décourager par des travaux au-dessus de leurs forces, mais de leur en confier d'assez faciles pour qu'ils puissent réussir et en tirer de la satisfaction. «Les succès du début sont d'une impérieuse nécessité, écrit William James. Un échec initial risque d'énerver tous les efforts futurs; tandis que les réusites passées sont une source d'énergie pour l'avenir».









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