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Troubles extérieurs - Paix intérieure

II

Nous sommes des occasions de trouble pour nos enfants quand nous ne savons pas nous plier aux circonstances et que la moindre contrariété, un changement dans nos plans amène un pli sombre sur notre front ou efface notre sourire.

Une course en famille est projetée, nous nous en réjouissons un peu comme d'une journée de vacances et de repos et peut-être sans I'avouer plus pour nous-mêmes que pour nos enfants auxquels nous comptions accorder beaucoup de liberté. Mais voici la pluie contrariante, insupportable qui met son voile gris jusque dans nos coeurs. Est-ce donc si difficile de saisir la bonne occasion au bond et d'essuyer les larmes qui perlent aux paupières des enfants par un joyeux baiser? Est-ce si difficile de leur expliquer que le contretemps est une petite, toute petite épreuve de leur bonne humeur et de la nôtre mais que si la pluie ne les trouble pas ils auront remporté sur eux-mêmes une grande victoire? Et puis aucun d'eux n'est malade, n'est-ce pas la chose importante et dont nous voulons nous réjouir ensemble? Ainsi placé tout à la queue des événements de quelque importance, le malencontreux jour de pluie ne sera plus sujet de trouble, que dis-je, chacun aura tant et si bien fait pour embellir les heures de congé qu'au soir de la journée les bras des enfants se noueront tendrement au cou de leur mère et que leur étonnement admiratif ne trouvera que ces trois mots: «Maman je t'aime».

Donner à chaque chose sa valeur réelle, ne pas nous appesantir sur ce qui ne le mérite pas, chercher la portée morale et éducative que les événements de la vie journalière peuvent avoir et mettre au second plan de nos préoccupations le côté matériel de la vie, est certainement de toute importance pour apprendre à nos enfants à rester contents et sereins.

Il importe peu que le repas présente un plat quelque peu brûlé ou mal assaisonné, mais dominer son mécontement, manger quand même de ce mets peu appétissant et éviter surtout les critiques trop vives sur l'incapacité de la cuisinière fera réaliser aux enfants que la chose importante et dont ils doivent être reconnaissants, c'est d'avoir de quoi rassasier leur faim et que la chose tout à fait secondaire et qui ne doit aucunement troubler leur bonne humeur, c'est le fait du repas moins bon aujourd'hui qu'hier.

Toute petite leçon, direz-vous, et combien simpliste! Oui, mais elle a pour témoins de tout petits observateurs: nos enfants. Et trop souvent nous oublions qu'ils cherchent leur exemple dans notre attitude journalière. Ils nous paraissent fort exigents et ils ne sont que logiques: Montre, montre-moi!

N'est-ce pas ainsi que s'éveille leur jeune intelligence et ainsi que leur logique, simple mais vraie, regarde à tout ce que nous sommes, à tout ce que nous faisons pour apprendre et agir à leur tour?

Ils rentrent de l'école, ils ont quelque chose à raconter, une explication à demander pour un devoir et maman a une visite ou va sortir ou n'est pas rentrée et quand elle est enfin libre elle est pressée et répète sans cesse: «Dépêche-toi donc, j'ai autre chose à faire qu'à m'occuper de tes leçon !»

C'est peut-être vrai, mais vis-à-vis de l'enfant c'est placer la chose importante au second plan: il a un devoir d'école, ce devoir mérite toute son attention, tout son temps jusqu'à ce qu'il soit bien fait. Arrangeons les choses de telle façon que l'enfant sache qu'il devra se passer de notre aide et ne soit pas déçu de ne pas nous trouver à la maison ou bien accordons-lui une attention calme et tranquille.

Etudions aussi le pourquoi de ce qui nous trouble dans la vie journalière. Est-ce vraiment le fait qu'un enfant a mal agi qui nous a tant agitées, ou simplement que sa désobéissance avait des témoins et que notre enfant ne leur a pas laissé l'impression d'être très bien élevé?

Une de nos domestiques est malade. En sommes-nous vraiment peinés, lui témoignons-nous de la sympathie ou bien nos enfants ont-ils vite réalisé que ce qui nous ennuie, c'est de devoir chercher une remplaçante ou travailler un peu plus nous-mêmes? Que nous parlons très peu du malaise de notre domestique et beaucoup de la peine que cela nous occasionne? Mettons-nous dans le vrai, apprenons à être justes dans toutes nos actions, sinon, nos enfants qui le sont profondément, seront déconcertés et troublés par notre manière d'agir. Il y a parfois une porte ouverte vers la solution du problème social quand il se pose chez nous: «Qu'a donc la femme de chambre aujourd'hui, elle grogne, peut-être elle pleure». Et l'enfant de confier à sa mère: «Jeanne grogne toujours parce qu'elle dit avoir trop a faire». Cette fois-ci au lieu de ne pas nous occuper de ce sujet de trouble, nous en parlerons:

La femme de chambre trouve qu'elle a trop à faire et elle grogne! Vite ma fille (et pourquoi pas mon garçon), allons à l'office et pendant qu'elle prend son repas nous laverons la verrerie et les couverts. Nous verrons le temps que cela nous prend, nous le ferons gaiement et très bien et la femme de chambre comprendra que son travail est moins difficile qu'elle ne le pensait, elle verra surtout que nous ne considérons pas qu'il lui est uniquement réservé.

Ce petit essai, nous l'avons fait, il nous a été salutaire à un triple point de vue. D'abord en nous arrêtant nous-mêmes au moment où la mauvaise humeur de la femme de chambre allait déteindre sur nous (il faut bien le dire puisque c'est vrai), ensuite parce que notre enfant a senti qu'il n'avait pas le droit de juger une cause avant de l'avoir étudiée et comprise et enfin parce que la femme de chambre en question est redevenue tout sourires, non pas tant du fait que son travail était achevé - cela se montait à peu de chose - mais du fait que nous l'avions aidée au lieu de la gronder et que nous avions mis un peu de notre temps libre à sa disposition.

Vivre une vie de paix ce n'est pas simplement éviter de nous laisser troubler, ce n'est pas mettre la sourdine à nos coeurs, boucher nos oreilles et fermer nos yeux.

Laissons cette sérénité glaciale aux belles statues de nos musées, nous avons à apprendre, à comprendre, à vaincre. Nous avons, nous aussi, à obéir. Il ne faut pas que les «pourquoi» qui troublent le monde, nos enfants, nos proches, viennent se briser aux pieds de notre calme imperturbable et d'une paix qui ne serait plus que de l'égoïsme.

Il faut qu'en disciples fidèIes, nous soyons par nos vies les témoins de Celui qui a dit: Venez à moi vous tous qui êtes travaillés et chargés et je vous soulagerai. Et Christ a travaillé trente années pour comprendre les travailleurs; Il ne s'est pas contenté de plaindre de loin les malades, les affigés; Il leur a pris la main; Il les a traités, guidés, guéris. Il a pleuré avec eux. Christ n'a pas passé à côté du pécheur en regardant le ciel, non, Il a enveloppé le pécheur d'un regard d'amour. Il a partagé son repas, reçu son offrande, exaucé sa prière. Christ a trouvé le temps de s'asseoir auprès du puits pour parler à la Samaritaine, de regarder les enfants pendant qu'ils jouaient et d'affirmer leur valeur en posant ses mains bénissantes sur les têtes brunes ou blondes de ces petits.

Oh! que la vie de Christ est belle, attirante, bienfaisante. Comme elle est paisible dans son action, sereine dans toutes les manifestations extérieures de sa puissance.

Combien nous l'aimons, cette vie, qui a pleuré sur la souffrance humaine et sur la mort, mais qui nous a montré comment on peut porter la souffrance et accepter la mort en les transformant en puissance d'amour et en solidarité volontaire avec l'humanité.

Il faut donc étudier ce qui trouble le coeur des autres si nous voulons contribuer à y ramener la paix. Croyez-vous qu'en face de la pauvreté, de la misère physique, des différences poignantes que nos enfants constatent et dont ils s'étonnent en comparant leur vie à celle de tant d'autres enfants il suffira de leur dire: «En effet, ces choses là sont bien tristes, elles sont parfois incompréhensibles et troublantes, aussi moins nous y penserons, mieux cela vaudra parce qu'elles nous attristent et que nous ne pouvons pas les empêcher».

Une question ainsi aplanie est-elle résolue, et le trouble légitime, honorable des consciences serat-il apaisé? Non, mille fois non. Le trouble se fera silencieux, mais il n'en tourmentera pas moins le tréfond des natures de valeur et si il ne trouve pas à s'épancher, à s'orienter, il se changera en amertume. Ne disons jamais aux enfants qu'ils ne peuvent rien pour aider et apaiser, qu'ils sont trop jeunes pour comprendre et sympathiser. Un sourire, une main tendue, quelques instants de collaboration à un travail manuel peu attrayant, mais qui ne l'est pas davantage pour l'enfant obligé de gagner son pain quotidien, seront des pas vers la compréhension mutuelle et vers le don de soi. Loin de détourner les regards de nos enfants de la souffrance, montrons-leur qu'ils sont de tout petits gérants des richesses du Père, gérants de la joie, de la santé, des immenses privilèges dont leur enfance est couronnée. Ils doivent répandre cela sur d'autres et loin de se sentir supérieurs parce qu'ils ont beaucoup reçu, comprendre qu'ils ont une grande responsabilité. «Tu peux donc tu dois», est vrai à tous les points de vue.

Apprenons à nos enfants à réfléchir, à chercher eux-mêmes les moyens propres à aider et à procurer de la joie. Pour cela agissons nous-mêmes de la même manière. A notre époque d'activité souvent fébrile on oublie facilement que se troubler, s'agiter, s'effrayer en face d'un problème social ou moral, ce n'est point du tout y réfléchir. Et nous mères nous devons à nos enfants de réfléchir. Nous leur devons les moments de recueillement, de tête à tête avec notre conscience, de conversation intime avec le Père. Car nous sommes journellement appelées à diriger leur jugement, à le redresser au besoin. Mieux que cela, Dieu nous appelle à parer au trouble des coeurs, non pas en nous dressant entre la souffrance et nos enfants, mais en étant des pionniers. S'il le faut, nous susciterons la curiosité et l'intérêt, nous saurons semer le trouble pour éveiller une personnalité consciente et ce trouble-là ne sera pas dangereux, il sera la porte ouverte vers la justice, le désir du combat pour le bien et par conséquent la paix du coeur. Nous ne devons pas admettre qu'en face d'une injustice, d'une faute dans quelque domaine que ce soit, les consciences de nos enfants restent insensibles. Profitons des moindres occasions pour leur apprendre à juger avec équité et pour cela faisons-leur constater combien le murmure, le mécontentement leur sont faciles, leur semblent presque naturels. Recherchons avec eux, si dans telle circonstance ils avaient le droit de se plaindre, mettons en regard les sujets de reconnaissance et les causes de regret et de mécontement; ils seront tout surpris de voir s'allonger la colonne des «mercis» et neuf fois sur dix ils reconnaîtront leur tort. Ils le reconnaîtront surtout si nous comparons avec le leur le cas de tel ou tel autre enfant et de ce fait ils commprendront mieux un jour les révoltés en face du joug social et ils sauront les aider si nous leur faisons réaliser la peine qu'ils ont eux-mêmes à se soumettre au devoir, aux détails sans cesse répétés de la vie quotidienne et à l'autorité des autres. Qui es-tu toi qui juges? As-tu accompli toi-même tout ton devoir et si non, de quel droit le demandes-tu à d'autres? De quel droit nous-mêmes dirons-nous à nos enfants qu'obéir est un devoir et que la paix ne se trouve que dans l'obéissance, s'ils ne savent pas que nos vies sont soumises à une autorité supérieure?

Nous craignons trop de dire à nos enfants que nous avons nos luttes, nos renoncements journaliers; que parfois nos coeurs ont de la peine à accepter l'inattendu mais que nous avons appris et apprenons chaque jour à obéir. Laisser croire aux enfants que l'adulte fait tout ce qu'il veut est moralement coupable. Comment donc, lui qui est jeune, épris de liberté, il doit obéir, obéir toujours et sans comprendre, et ses parents, ses maîtres, n'ont à se soumettre à aucune loi, à aucune personne? Ah! certes, il y a là de quoi semer le trouble et la révolte à moins que nous n'admettions, en fait, que les enfants sont des esclaves!

Si au contraire ils nous entendent dire tout simplement à certaine occasion: «Ceci, je dois y renoncer parce que j'ai un devoir à la maison, ou parce que ton père préfère que je m'en abstienne ou que ma manière d'agir pourrait être mal comprise de telle ou telle personne et la troubler ou tout simplement «parce que Dieu me désapprouverait», ils respecteront tout autrement notre autorité. Notre attitude aura contribué à les apaiser, notre exemple les aura tranquillisés. Ils sentiront que l'obéissance est une victoire de la volonté et que toute victoire sur lui-même, grandit l'homme et le rend plus fort. Ils sauront que nous avons aussi un maître: Christ.









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