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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURPromesses C'est le 8 septembre 1906 que j'ai succombé... Donc ce jour-là, je trouvai dans ma boîte aux lettres une demi-douzaine de circulaires rédigées par des hommes dévoués cherchant des collaborateurs. Il s'agissait de relever la moralité, de travailler à la renaissance de l'Idéalisme, de rendre plus courtoise la lutte des classes, d'accélérer le Progrès, de simplifier l'orthographe et d'encourager quelques nègres arriérés. Bien que toutes ces entreprises eussent un caractère nettement humanitaire, j'hésitai. Mais un homme énergique vint me voir et par hasard il laissa tomber devant moi ces mots décisifs: La volonté boit l'obstacle. J'eus honte de ma paresse et je me levai pour agir. Dès lors une existence nouvelle commença pour moi. Chaque soir, après souper (car dans la journée je donne des leçons d'anglais), chaque soir j'allais retrouver ceux-ci où ceux-là et nous travaillions dans la mesure de nos forces au bonheur de l'humanité. Le dimanche je m'occupais des affaires du parti réformiste dont je suis un des membres les plus influents. Cela dura six ans ..... Mais quelqu'un troubla ma quiétude. Un soir j'allais me rendre comme de coutume aux bureaux de la Ligue internationale pour l'accélération du progrès, lorsque ma petite Francine me dit: - Papa, veux-tu me dessiner une trompette, une locomotive et une vache ?... Non, deux vaches! ... Tu sais, à Noël, tu m'avais promis... Ah! que valait ma volonté des dernières années! Tout de suite elle fondit, vaincue par le charme de la voix enfantine. Je regardais le visage adorable qui m'interrogeait. Quelque chose en moi chavirait comme si les décors du théâtre où se joue ma vie mentale avaient été brusquement enlevés. Ce fut un désarroi exquis et douloureux. Mais voici que déjà une vérité ordonnatrice nouvelle s'installait dans la clarté de mon esprit. - Chérie, je vais te dessiner six vaches, douze locomotives et quatorze trompettes. La petite avait déjà préparé le papier et le crayon je m'assis et elle vint se mettre sur mes genoux. Ma femme ne comprenait pas. - Et ta séance? - Ecoute bien ceci: désormais je laisserai l'humanité progresser de son allure normale. Durant quelques secondes la vie palpita dans le silence de la chambre. Une entente se faisait, sans paroles. Nous savourions de la confiance. Tout s'expliquerait peu à peu. Ah quelle bonne soirée nous passâmes! Pendant que ma douce Francine admirait sans réserve le dessin que le venais d'achever, j'appuyais ma tête contre la sienne et je fermais les yeux. Ma femme occupée à coudre, ne disait rien: mais elle devait être aussi heureuse que nous! Il y a comme ça des gens très affairés qui ont une famille délicieuse et qui pendant des années ne s'en aperçoivent pas. Et quelles heures lucides d'insomnie après cette bonne soirée! Donc! le fait était là: toujours occupé, toujours pris par mes rôles importants... je n'avais pas eu le temps en six mois de dessiner pour mon enfant une trompette, une locomotive et deux vaches... Eh bien! mes chers amis, les naïfs, croyez-moi: Ne défendez pas toutes les nobles causes; elles sont trop. Défendez-en une, choisie avec soin. Défandez-là trente ans de suite avec sincérité, avec persévérance, avec courage; ce sera déjà bien joli..... Homo sum. |
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