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Le Christianisme éducateur
Personne n'a jamais prétendu que l'accomplissement des préceptes de la morale chrétienne demandât une culture extraordinaire de l'intelligence. Cette religion qui est tout morale, cette morale qui est tout religion se résolvent l'une et l'autre, l'une dans l'autre, en une seule idée, dont la contemplation peut absorber le philosophe, dont la conception est à la portée de l'enfant. A peine, les premiers progrès de son langage vous ont-ils annoncé la présence de l'hôte immortel dans la maison d'argile, à peine a percé le premier germe de sa nature morale, donnez-lui son Sauveur, il peut déjà le recevoir; ces augustes vérités peuvent déjà offrir une matière au premier travail de sa pensée ; le Dieu de la nature ne lui est pas plus tôt accessible que le Dieu de la grâce Merveilleuse propriété de la religion chrétienne si profonde et si naïve ! c'est un océan, c'est un ruisseau : "l'éléphant y nage l'agneau y passe à gué".
Ce n'est pas dans une suite d'arides sentences que Dieu nous révèle sa volonté et les principes de son gouvernement: c'est essentiellement par des faits. Tout est histoire ou tout se rattache à l'histoire, dans le livre qu'il nous a donné. On dit quelquefois que ce livre antique et oriental, refuse de s'assimiler aux formes modernes de notre pensée. Oh ! dans ce livre du genre humain, le local et le temporaire disparaissent dans l'universel. Ne voudrez-vous pas en croire l'enfant? Sans aucune archéologie, il comprend la Bible comme le langage des compagnons de ses jeux. Cette langue des peuples enfants semble faite aussi pour les hommes enfants. Il fait mieux encore que de la comprendre : ces belles histoires font ses délices. On parle beaucoup d'embellir, d'adoucir les vérités sérieuses, c'est la tâche favorite des écrivains pour l'enfance. Mais l'auteur de la Bible est en cela leur maître comme en tout. Qui aurait su aussi bien emmieller les bords de cette coupe offerte à tous les hommes et au fond de laquelle l'enfance ne trouve rien d'amer ? Pour elle tout est miel dans le divin calice. Quel livre plus attrayant? Quelles histoires plus magnifiques? Quelles merveilles plus éblouissantes? Où la gravité fut-elle tempérée par plus de grâce, la grâce accompagnée de plus de gravité? Où la morale fut-elle, mieux mise en action ? Ce livre tout entier est l'histoire d'une éducation. Education vaste et sublime, celle du genre humain: l'enfant le conçoit, sans qu'on le lui dise, comme sa propre éducation. C'est lui-même, pauvre et débile créature, qu'il ose reconnaître dans cet homme collectif, dans cet enfant séculaire, dont la vie morale, racontée, décrite et prophétisée, s'étend, avec une richesse infinie de détails, du premier verset de la Genèse au dernier verset de l'Apocalypse. De même que les profondeurs de l'homme, les profondeurs de Dieu s'ouvrent complaisamment à son oeil enfantin. Il touche de sa petite main les merveilles de l'infini. Dieu a parlé selon toute sa sagesse et toute sa bonté: il entend cette grande voix ; la Parole a habité parmi les hommes pleine de grâce et de vérité: l'enfant la reçoit dans sa mémoire, se l'approprie, s'en nourrit; et dans l'immense ignorance de son âge, il sait déjà plus de vérités que les sages de l'ancien monde n'en ont jamais entrevu ni cherché.
Ah ! si vous voulez que les hommes aiment le Sauveur, entretenez-en leur première enfance. Menez-les tout jeunes vers le Crucifié; dites-leur tout l'excès de son amour pour eux ; dites-leur qu'Il les aima dès avant leur naissance ; que, brebis malheureuses, sans berger et sans bercail, il est venu les chercher dans le désert, et qu'il a donné son sang pour pouvoir les ramener dans la céleste bergerie. Ne craignez pas de leur parler de leur misère, de leur corruption naturelle, du besoin de miséricorde qu'ils partagent avec leurs pères, avec vous ; ils vous croiront, et ils croiront bien, aussi bien, mieux que le philosophe; car leur conscience dit amen à la parole qui les condamne ; l'oreille de leur entendement est pure encore. Ils n'ont pas encore "cherché beaucoup de discours." (Eccl. 7, 29.) Faites croître dans la vérité ces jeunes plantes; d'année en année donnez-leur une plus solide et plus forte nourriture; que leur foi croisse avec leur raison ; que leur raison, à chaque nouveau progrès, adhère avec plus de force à la raison divine ; préparez un fonds de convictions, d'expériences chrétiennes, d'habitudes religieuses, de souvenirs graves et doux pour les mauvais jours qu'aménera l'âge de passions et de l'orgueil. Et pourquoi verrait-on se démentir, en ce seul point ce qu'on a dit si souvent de la puissance des premières impressions? Comment une enfance ainsi formée serait-elle sans influence sur le reste de la vie ? et, lors même que pour un temps l'élève du divin Maître devrait s'écarter de la route qui lui fut tracée, n'y a-t-il pas lieu d'espérer que ses égarements seraient moins funestes, et qu'il reviendrait plus tôt et plus sûrement qu'un autre au port où s'abrita sa jeunesse? Vous savez avec quelle difficulté la vie chrétienne perce la dure écorce qu'épaississent autour de notre coeur l'exemple du monde, ses joies, ses vanités, sa fausse sagesse ; hâtez-vous d'enfermer le christianisme dans le coeur, lorsqu'il peut y pénétrer sans peine. Le Sauveur vous a dit de laisser venir à Lui, les petits enfants ; faites davantage encore ; conduisez-les dans ses bras et remettez les à sa garde divine.
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