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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURElle leva aussitôt... Elle leva aussitôt parce qu'elle n'entrait pas profondément dans la terre. Matth. XIII 5. Il a terminé sa journée le vaillant semeur. Levé dès l'aube, il a d'un pas toujours lent et mesuré, parcouru sillon après sillon de son vaste champ, et d'une main exercée, il a jeté à profusion la semence féconde. Il a travaillé pour l'avenir; il a sacrifié le blé de l'année présente, dans l'espoir de recueillir l'année prochaine une ample moisson. A ce grain, il faudra les pluies de l'arrière-saison, la neige, le long hiver, la chaleur printanière, l'ardent soleil de l'été; alors seulement le semeur sera payé de ses peines et jouira du fruit de son travail. Mais, à quelques jours de là, passant près de son champ, que voit-il? 0 surprise! de petites pousses vertes ont déjà surgi hors de terre; ce ne sont pas des mauvaises herbes, c'est bien du blé. Est-ce possible? Lèverait-il déjà? Oui, c'est du blé, seulement, il ne pousse pas dans le champ aux profonds sillons labourés; quelques poignées de grains sont venues s'égarer jusque sur le talus qui borde le champ, et là, dans une terre légère mêlée de cailloux et d'herbes folles, ils ont germé d'autant plus vite qu'ils étaient à peine recouverts. Le laboureur ne s'y trompe pas; loin de se réjouir de cette précocité, il sait bien que ce sont là autant de plantes perdues. Vienne un ardent soleil on une forte pluie, tout cela sera flétri, brûlé ou arraché. «Le grain a levé aussitôt, parce qu'il n'entrait pas profondément dans la terre». Et nous, mères, ne comprendrons-nous pas ce que ces paroles ont à nous dire? Nous aussi, nous sommes des semeuses; jour après jour, année après année, nous semons dans le coeur de nos enfants des graines de véracité, d'obéissance, d'ordre, de douceur; surtout nous essayons de semer la semence par excellence: la Parole de Dieu et tout ce qu'elle nous enseigne. Mais souvent nous trouvons bien long le temps qui doit s'écouler jusqu'à la moisson; pareilles à nos enfants qui inspectent chaque jour leurs petits jardins et parfois grattent la terre pour voir si les graines n'ont pas germé, nous tâchons de sonder le terrain et de voir si nos semences ne lèvent pas bientôt. Nous n'avons pas la patience du laboureur qui sait attendre la moisson et vaquer à d'autres travaux au lieu de s'enfiévrer en contemplant son champ. Nous voudrions voir tout de suite des résultats, constater des progrès, sentir l'âme, la conscience de nos fils et de nos filles s'éveiller, se développer; nous voudrions, oh! bonheur suprême, voir leur coeur se tourner vers Dieu et se donner à Lui dès maintenant. Notre désir, certes, est bien légitime, qui ne le comprendrait? Toutefois, ce détail de la parabole du Seigneur a quelque chose à nous dire, une leçon à nous enseigner, un prenez garde! à nous crier. Nous aussi, comme les apôtres, écoutons ce que nous dit la parabole du Semeur. Les meilleurs grains ce sont ceux qui, dans l'ombre et le silence, dans l'humidité propice, ont germé lentement et «en leur saison». Les meilleurs fruits ne sont pas les plus hâtifs; ceux-là en général sont véreux et tombent à terre avant d'être mûrs; les enfants précoces ne sont pas toujours des génies; les développements religieux les plus rapides ne donnent pas toujours les chrétiens les plus fermes. Pour toutes ces semences de vie que nous répandons dans l'esprit et le coeur de nos enfants, il faut aussi un temps plus ou moins long de silence et d'obscurité; il faut que le grain meure, que la semence semble perdue. Et nous, pauvres mères découragées, nous nous écrions peut-être: Je n'ai été qu'une servante inutile, je n'ai pas su m'y prendre; mes paroles n'ont pas atteint leur but. Patience! C'est l'hiver, le long hiver; la neige recouvre la terre; tout semble perdu, mais tout n'est pas mort. Un jour, nous verrons, si nous sommes fidèles et persévérantes, lever toutes ces graines si longtemps cachées; ce seront de petites plantes, bien faibles, bien frêles, mais qui pourront cependant supporter soleil, pluie et vent d'orage, parce qu'elles auront pris le temps d'enfoncer leurs racines assez avant dans le sol. Ces plantes iront croissant, s'affermissant, et enfin produiront l'épi, et le grain «tout formé dans l'épi». Nous ne serons peut-être plus là, au moment de la moisson, mais nous l'aurons vue grandir et nous aurons déjà pu bénir notre Père céleste. Courage donc! Semons avec persévérance, avec foi et semons au profond des coeurs. |
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