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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Chrétiens et Citoyens

Les parents qui s'occupent d'élever un fils comprennent qu'il aura besoin avant tout d'énergie physique et morale. Quelle que soit notre position, aucun de nous ne peut dire avec certitude qu'il transmettra une fortune à la génération qui le suit. Il importe que ceux qui nous succéderont soient en état de gagner leur vie; il importe qu'à la rencontre des difficultés, ils soient en état de réagir, de prendre un parti, de se conduire en hommes.

Dieu a jugé bon de nous placer dans un temps où domine la pensée de gagner de l'argent, mais où personne n'est sûr de le garder; c'est sans doute afin que les pères honnêtes et sensés s'attachent à laisser après eux un héritage plus solide que les obligations de chemin de fer ou le trois pour cent. Si nos fils ont reçu de nous des convictions profondes, des principes droits, le sentiment du devoir, l'amour de la famille, l'habitude du travail, la dignité du caractère, s'ils croient, s'ils luttent et s'ils prient, les cataclysmes politiques ne leur feront jamais beaucoup de mal.

Ils seront citoyens, et ceci est encore un fruit de l'éducation virile. Le citoyen, au sens moderne du mot, c'est-à-dire l'homme qui a une conscience à lui et qui l'écoute, est une des créations les plus magnifiques de l'Evangile. L'état antique absorbait tout, famille, croyance, individu; l'état moderne doit reposer sur une autre base. Des âmes libres dans l'Etat libre, voilà notre maxime.

Et comment faire des âmes libres, si l'on ne fait des âmes fortes? Il n'est pas si aisé d'être libre. L'indépendance ne court pas les rues, et depuis que je regarde agir la société politique, il ne m'est pas arrivé souvent de rencontrer un homme.

Je l'ai déjà dit, faire des hommes, c'est le but de l'éducation. Les parents chrétiens oublient étrangement leur tâche, lorsque, adoptant je ne sais quelle théorie semi-monacale, ils semblent penser que parce que leurs enfants ont appris à servir Dieu ils ne doivent pas servir leur pays. Aux yeux de certaines gens, s'occuper des affaires publiques ce serait en quelque sorte sortir de religion et rentrer dans le siècle. Ai-je besoin de rappeler que tel n'est point le principe de l'Evangile? L'Evangile transforme notre vie, ce qui est un peu plus difficile et plus beau que de la diminuer. Il ne nous donne pas à choisir entre le titre de citoyen et celui de chrétien; il nous invite à être des citoyens chrétiens. Loin de retrancher quelque chose à nos devoirs, à notre activité, à nos affections, à nos développements, il ouvre devant nous des horizons plus larges, plus purs, plus radieux, et les prolonge jusque dans l'infini du ciel. «Je ne te demande pas de les ôter du monde, disait Jésus-Christ à son Père, mais de les préserver du mal.»

Si nos enfants, au reste, deviennent des citoyens médiocres, cela tient moins d'ordinaire à nos théories qu'à nos faiblesses. Ceux qui proscrivent systématiquement la participation aux affaires publiques sont en petit nombre; ceux qui trouvent bon qu'on les néglige sont innombrables. Ce n'est pas que j'aime les familles politiques où l'on passe son temps à disserter; mais je n'aime pas non plus celles où l'on s'abstient égoïstement de prendre part aux luttes qui préoccupent nos contemporains. La gravité de ces luttes est immense, et l'abandon des bonnes causes est immoral. Oui, nous portons atteinte à la vie morale de nos enfants, quand nous leur enseignons par notre exemple, par nos paroles ou par notre lâche condescendance, à négliger des obligations si pressantes. Les désertions sont toujours aisées à justifier: On se passera bien de nous! nous laissons le champ libre aux hommes politiques! notre intérieur nous suffit! - Le fait est que nous nous préférons à tout, que nous mettons notre repos et nos convenances avant les grands intérêts de l'humanité.

Formés à une telle école, nos fils s'accoutument bientôt à ne plus agir. Agir, c'est se gêner, et pourquoi se gênerait-on? De là ces générations sceptiques et impuissantes, qui ne soutiennent, ni ne contiennent, ni ne résistent. Pauvres enfants, ils auront pourtant besoin de vigueur et de résolution! Je frémis en pensant aux luttes qui les attendent, aux problèmes qui se poseront pour eux. Nous avons autre chose à faire aujourd'hui qu'à nous apitoyer sur leur sort; nous avons à les élever.

En vain maudirions-nous les questions qui se préparent, cela ne les empêchera pas de surgir à leur heure; nos colères ne leur font rien du tout. Au lieu de nous irriter contre elles, tâchons de les aborder et de les résoudre. Nos fils ont le droit de trouver chez nous un apprentissage sérieux de la vie; si nous comprenons nos devoirs, ils comprendront aussi les leurs; ils sauront que les grandes causes ont des efforts et des sacrifices à leur demander; ils entreront comme des hommes dans la carrière belle et malaisée qui s'ouvre devant eux, ils regarderont en face l'avenir; l'avenir qu'on regarde en face perd bientôt la plus grande partie de ses mystères, de ses menaces, de ses périls.









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