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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Enfants joyeux

La gaîté est aussi nécessaire à l'enfant que l'air et la lumière. De même que, privée de soleil, la fleur ne peut s'épanouir, ainsi l'enfant privé de joie n'arriverait pas au plein développement de ses facultés.

Il y a des familles où tout est morne, sérieux, austère, où le travail joue un si grand rôle et où les récréations tiennent si peu de place que les enfants y sont comme figés, étiolés, sans vigueur. Je n'entends pas parler ici du travail des champs qui, accompli en plein air, procure à l'enfant assez de mouvement et de distraction pour suppléer aux jeux de son âge; mais de ce travail monotone, variant pour la fillette entre les devoirs d'école et le tricot ou les racommodages, et cela, sans répit, sans récréation d'aucune sorte. Il y a des jeunes filles ainsi élevées, sans joie, seules avec les personnes âgées de la famille, à qui aucune voix aimable ne dit le matin: Que ferons-nous aujourd'hui? car aujourd'hui sera comme hier. Il y a des parents, même dans les classes aisées, qui se laissent tellement absorber par leurs occupations qu'ils ne prennent jamais le temps, et l'idée même ne leur en vient pas, de procurer à leurs enfants le moindre plaisir. Je sais que le pli se prend, que ceux-ci finissent par trouver la chose toute naturelle; mais je me rappelle ce mot d'une amie bien chère: «Je n'ai jamais eu de jeunesse!» et je trouve cela bien triste.

Ces enfants-là ne connaissent pas le plaisir d'une belle excursion en été, des boules de neige en hiver, ou de ces parties de loto le soir en famille, où un bonbon est la récompense de celui qui gagne; ils n'ont jamais été avec le grand frère pêcher à la ligne ou cueillir les noisettes ou les mûres loin de la maison, avec le goûter dans la poche - «Qui m'aiderait dans mon travail de couture? qui garderait les petits?»

- Eh? chère mère, il y a du temps pour tout, et quant aux petits, plus tôt ils iront avec les grands, mieux cela vaudra. Je connais des enfants de 4 à 5 ans qui font de belles courses, portés tour à tour par les aînés dans les endroits difficiles! C'est alors que les poumons se développent à crier, et les membres à sauter et courir sans contrainte - quel bonheur d'être libres, de se sentir vivre, de rire aux éclats sans être repris!

Quand même ces joyeux ébats ne se renouvelleraient que de loin en loin, c'est déjà un plaisir d'y songer plusieurs jours d'avance et un autre plaisir d'en garder longtemps le souvenir.

Voyez: votre fillette raccommode les bas du petit frère, et elle rit toute seule en travaillant; votre garçon traduit une églogue de Virgile et s'arrête tout-à-coup pour dire: «Cette description me rappelle le joli coin où nous avons goûté l'autre jour, t'en souviens-tu, soeurette?

- Je crois bien qu'elle s'en souvient, c'est à cela qu'elle pensait, c'est de cela qu'elle riait tout en tirant l'aiguille.

- «Il faudra y retourner, n'est-ce pas? Oh! maman, tu devrais venir avec nous! On a tellement plus de courage ensuite pour travailler! Et puis, je suis sûr qu'une belle promenade de temps en temps guérirait tes maux de tête!» Cette espérance la tente bien un peu, mais le travail!

Dans les familles où il n'y a qu'un enfant, garçon ou fille, quelle distraction peut-on lui procurer?

N'ont-ils pas des compagnons d'école, des amis? Le jeudi n'est-il pas donné à l'enfant pour les voir, s'amuser avec eux, dans la chambre du fond, s'il fait mauvais temps, dans le jardin ou dans la cour si la belle saison les y invite? Du mouvement, des jeux, du tapage parfois: voilà ce qu'il faut à cette jeunesse.

Arrangez-vous comme vous le pourrez, chères mères, mais comprenez que ce sont les enfants gais et joyeux qui possèdent la meilleure santé, le plus de courage au travail, et plus tard, dans les luttes de la vie, le plus d'endurance.

Un jour viendra où, obsédés eux-mêmes par les préoccupations qui nous agitent aujourd'hui, ils se souviendront avec reconnaissance de toute votre sollicitude pour rendre leur enfance et leur jeunesse aussi heureuses que possible.









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