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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURSociabilité Il faut que l'homme soit élevé pour la sociabilité comme pour la vertu. Il y a des gens qui s'élèvent contre les relations de société; mais le fin mot de leur mécontentement provient des mille appréhensions que fait naître en eux leur gaucherie. Trop souvent nous prenons pour de l'orgueil ou de l'étroitesse d'idées, ce qui n'est que de l'embarras. Plus un enfant sera tenu de se conformer aux bonnes manières dans les relations intimes de la famille, plus il se sentira à son aise en société. Un précepte chinois dit: «Mange à ta table comme si tu étais à celle du roi, et quand tu te trouveras à celle du roi, tu mangeras comme si tu étais à la tienne.» Le goût et le tact dans la toilette sont aussi un résultat de l'éducation. Nous nous habillons mieux pour nous rendre à une réunion de société, non seulement parce que le costume fait partie de l'esthétique, mais aussi et surtout à cause des convenances. C'est un manque d'égards de recevoir ses invités avec un costume négligé. Toutefois, dès l'enfance, il faut apprendre à saisir la juste nuance en cette matière. Si quelqu'un se rend à une soirée intime ou à un dîner en petit comité en trop grande toilette, il met les autres à la gêne avec son frac ou sa robe de satin; lui-même ne tardera pas à être embarrassé, et telle maîtresse de maison ne pourra se défendre de cette triste pensée: «Mon dîner cadre-t-il avec cette belle robe?» Il y a encore quelques autres questions d'une importance plus ou moins grande sur lesquelles il faut de bonne heure attirer l'attention de la jeunesse. La véritable éducation ne s'apprend pas, mais se respire dans l'atmosphère de la maison paternelle. Elle nous enseigne les vertus morales sans lesquelles la vraie sociabilité ne peut subsister. Au-dessus de toutes se place cette réelle humilité qui écoute avec complaisance, rend hommage au mérite et admire une belle action. C'est un grand gain pour un enfant d'être, par les relations de sa famille, mis en contact avec des personnalités qu'il peut contempler avec admiration. «Dites-moi qui vous admirez et je vous dirai qui vous êtes, au moins sous le rapport du talent, du caractère et des sentiments», a dit Sainte-Beuve. Si vous admirez des hommes ordinaires, vous n'êtes vous-même qu'un homme ordinaire; si vous admirez les gens riches, vous ne savez pas vous élever au-dessus de ce qui est terrestre; si vous admirez les gens titrés, vous n'êtes vous-même qu'un valet ..... Il faut enseigner aux enfants que seules les âmes vulgaires trouvent quelque plaisir à relever les défauts des gens et à faire des critiques mesquines, ne pas leur permettre de déprécier en aucune manière ce qui est grand dans les choses et dans les hommes, et leur apprendre à savoir admirer avec vérité et sincérité; c'est ainsi qu'on les dotera de qualités utiles à la société. Remarquons une chose: On peut déjà par les jeux d'un enfant, juger de ses dispositions à la sociabilité; il trahira ses défauts et ses vertus sur ce point par sa manière de recevoir et de se comporter avec ses petits amis. La dignité, la délicatesse, la grossièreté se dévoileront bientôt par le choix des jeux, tout autant que par l'esprit de contestation ou de concession, le désir de dominer ou la facilité à se soumettre, l'esprit d'exigence ou de renoncement. Un enfant unique est plus difficile à élever que six. L'enfant se prépare à la sociabilité dans le cercle intime de ses frères et soeurs. Il s'aperçoit qu'il n'est pas seul dans le monde, et que le «chacun pour soi» doit aussi être un «ma part est à tous». Les réunions de famille sont une excellente occasion de s'exercer à faire plaisir aux autres. L'affection rend ingénieux et même poétique, elle nous apprend à plaisanter aimablement et à entendre la plaisanterie. Plus un homme sera empreint d'individualité propre, plus aussi il sera un élément vivifiant dans une société. Mais qu'il est petit le nombre des enfants qui conservent leur originalité à travers l'éducation domestique, et surtout combien peu échappent au nivellement universel de l'école. Les écoliers doués d'une forte individualité sont mal commodes et en conséquence les maîtres leur font généralement sentir davantage les rigueurs de la discipline. L'école préparatoire de la vraie vie de société est l'intérieur de famille tout imprégné de la chaude atmosphère du réel amour pour Dieu et pour les hommes. Celui qui n'a pas eu une enfance heureuse sera difficilement un membre agréable dans une société d'élite. Mais celui dont l'esprit et le coeur ont été élargis dans la maison paternelle, emporte dans le monde un souvenir qui le préservera des sociétés mauvaises et triviales. Il aura de la sorte à sa disposition comme un diapason au moyen duquel il pourra reconnaître si le milieu dans lequel il se trouve vibre bien à l'unisson de celui du foyer paternel, et il se rappellera cette juste exhortation: «Rapprochez-vous sans cesse des gens les meilleurs, car ceux qui ne sont pas plus avancés que vous ne peuvent vous faire aller plus avant» ..... La vraie sociabilité, peut nous préparer à cette bienheureuse communauté de vie du ciel, qui sera toute remplie par les épanchements réciproques des esprits bienheureux, et c'est ainsi que les heures fugitives de nos réunions prendront une valeur éternelle et ennobliront nos coeurs et nos esprits. |
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