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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURContentement d'esprit La parole de Dieu place cette vertu auprès de la piété. «La piété, nous dit-elle, avec le contentement d'esprit est un grand gain.» Aussi nous, mères chrétiennes, devons-nous nous efforcer de l'acquérir nous-mêmes et de l'inculquer à nos enfants. Il ne faut pas, en particulier, que la comparaison avec leurs camarades produise en eux la mauvaise humeur. Marie ne doit pas souffrir d'avoir une robe de toile en considérant la robe de laine de sa compagne, ni Lucie se plaindre de son goûter frugal en le comparant aux gâteaux et aux friandises de la voisine d'en face. Le mécontentement se porte sur toutes choses et l'enfant qui est atteint de ce défaut risque fort d'oublier les sacrifices que s'imposent ses parents et de tomber dans l'ingratitude; cette ingratitude s'étendra peu à peu jusqu'à la société, puis jusqu'à Dieu, qui distribue ses dons comme Il le juge bon dans son amour. Dans la famille, quel fléau qu'un enfant mécontent, trouvant toujours que les choses vont mal, qu'on ne lui rend pas justice, qu'on exige trop de lui; de mauvaise humeur l'hiver parce qu'il fait trop froid, l'été parce qu'il fait trop chaud. La bouderie est une des formes de la mauvaise humeur. Chez les petits enfants, elle est causée par la faiblesse, l'indolence d'une volonté qui ne sait pas encore se surmonter ni raisonner sur le tort qu'elle croit avoir eu à subir. Dans ce cas, il est bon d'avoir l'air de n'y point faire attention, et de saisir la première occasion de distraction ou d'amusement qui réussit le plus souvent à faire oublier le sujet de fâcherie. Lorsque les enfants sont plus âgés, il y a dans leurs accès de bouderie une complication qui rend la répression plus difficile; l'amour-propre, une sorte de mauvaise foi inconsciente signale toujours la dermère période de leurs accès de bouderie. Ils ne sont plus fâchés et feignent de l'être encore; ils voudraient revenir, mais l'orgueil les retient dans cette disposition d'humeur qui les dispense de reconnaître qu'ils avaient tort ou qu'ils ne gardent plus rancune à la personne qui a provoqué leur caprice. Une femme d'esprit, bonne éducatrice, a raconté quelque part l'expérience suivante: «Ma fille, dit-elle, a un caractère boudeur et orgueilleux contre lequel j'ai lutté longtemps en vain. Un jour qu'elle était d'une humeur particulièrement sombre et désagréable causée par une observation faite assez maladroitement par sa soeur, je résolus de saisir l'occasion et d'essayer d'un nouveau moyen pour lui montrer ses torts. Nous avions fait depuis la veille le projet d'aller cueillir des bluets dans les champs. Quand je lui proposai de partir, elle pensa que le moment était venu de faire remarquer son mécontentement par sa froideur et sa lenteur à se déterminer. «Reste si tu veux, lui dis-je, nous irons sans toi.» Elle se décida à nous accompagner, mais indécise encore sur le maintien qu'elle devait prendre, elle resta le long du chemin dans un silence dont je ne l'encourageais pas à sortir; une fois arrivée dans les champs, la vue des bluets l'emporta sur sa mauvaise humeur. Cependant, comme elle voulait se mettre à courir, je l'arrêtai par la main. «Songe donc, lui dis-je, que tu es fâchée; il n'est pas convenable de t'amuser.» Elle dégagea sa main d'un air moitié impatienté, moitié riant, et n'eut garde de se rapprocher de moi; mais je ne la laissai pas en paix. «N'as-tu pas honte, lui dis-je, d'être si gaie?» Enfin, je la poursuivis tellement de mes plaisanteries qu'elle finit par me demander quartier. Depuis lors, quand je la voyais mal disposée, je n'ai pas manqué de lui rappeler les bluets; et quoique ce souvenir n'ait pas toujours été accueilli de bonne grâce, il a fini par faire son effet. Je lui ai dit aussi ce qu'on raconte au sujet de la maréchale d'Albret lorsque, dans le chagrin que lui causait la mort de son père, elle refusait de manger: «Avez-vous résolu de ne manger de votre vie, Madame? S'il en est ainsi, vous avez raison; mais si vous avez à manger un jour, croyez-moi, il vaut autant manger tout à l'heure. Et on lui fit apporter un gigot.» L'histoire a fait rire ma fille, et depuis ce temps, il m'a suffi de lui dire: «Tiens, je te conseille de manger tout de suite du gigot». |
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