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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Frères et Soeurs

Dans la famille telle que Dieu l'a conçue, tout est élément d'éducation: si auprès des parents âgés on apprend l'obéissance, le respect, le dévouement, de quelle utilité ne sont pas des frères et des soeurs pour le développement du coeur? Le lien fraternel! peut-il en exister un plus étroit, plus intime, avant que celui du mariage vienne nous faire connaître ce qu'est une vie fondue dans une autre vie... Un frère, une soeur, nés sous le même toit, nourris du même lait, ayant dormi dans le même berceau, pris leurs ébats sur le même tapis, essayé leurs premiers pas presque côte à côte dans le même jardin, que de souvenirs, que de jouissances, que d'intêrêts communs! ... Tout semble concourir à rendre l'intimité fraternelle un impérieux et durable besoin, et cependant, combien d'hommes qui, après avoir confondu leurs caresses enfantines sur le sein maternel, répandu plus tard de communes larmes sur le tombeau de leur père, plus ou moins séparés en avançant dans la vie par les circonstances, les relations, les influences étrangères, s'éloignent peu à peu les uns des autres et finissent par devenir réciproquement indifférents, quelquefois même hostiles! ... Pour ma part, je ne vois pas dans ce monde de spectacle plus douloureux que la division d'une famille, plus navrant que celui de l'indifférence entre des frères et des soeurs, et pourtant on le rencontre à chaque pas!

Combien de fois, en présence de cette déplorable manifestation de l'égoïsme et de la légèreté du coeur de l'homme en ai-je cherché et trouvé la cause dans la première éducation. Il me semble qu'en général les parents ne sont pas assez penétrés de l'importance et de la force du lien fraternel; au lieu de tendre de tout leur pouvoir à le resserrer, bien souvent ils contribuent à son relâchement. D'abord, sous prétexte d'émulation, ils ne craignent pas d'exciter entre leurs enfants de petites rivalités qui, après avoir porté dans la première portion de la vie, sur la manière de réciter une fable ou de tricoter une paire de jarretières, pourra bien devenir plus vive et même acerbe, lorsqu'il s'agira du succès d'une carrière ou de la possession d'une fortune.

Je voudrais que dans une jeune famille, quoique chaque enfant eut sa part distincte de travail, de responsabilité et même de propriété, la somme des jouissances et des peines fût, si j'ose m'exprimer ainsi, un terrain communal. Que l'un d'eux ne fût pas puni pour une faute personnelle sans que tous s'en affligeassent; qu'il n'y eût pas un plaisir ou un succès pour l'un, sans que tous s'en réjouissent; je voudrais qu'il y eût, de la part des aînés pour les cadets, ce sentiment de protection dévouée qui fait trouver tout simple mille petits sacrifices; je voudrais surtout qu'il existât entre eux une confiance illimitée, un besoin de se communiquer les impressions de leurs coeurs, aussi bien que les petits évènements de leur vie; je voudrais que le support, la générosité, fussent si naturels entre eux, qu'ils ne méritassent jamais le nom de dévouement. Je voudrais encore bien des choses que votre coeur maternel comprend et désire, surtout s'il se demande avec autant d'hésitation que d'effroi: «Pourrait-il arriver un jour, où ces êtres chéris qui croissent sous mes yeux, ayant également part à la tendresse dont je les couve, où ces enfants que je ne sépare jamais dans ma pensée et dans mes espérances d'avenir, seraient presque étrangers les uns aux autres, peut-être même divisés entre eux?... Un jour où des rivalités d'amour-propre, des discussions d'intérêt, des jalousies d'affections viendraient semer la discorde là où l'amour devrait toujours surnager, en dépit de toutes les circonstances extérieures? Oh! que je meure, ajoutez-vous, plutôt que de voir une pareille chose!» Mais pour la prévenir, cette calamité qui m'épouvante, que puis-je, que dois-je faire?...

Que faire? Voilà, en effet le difficile; cependant en y réfléchissant bien, en demandant la lumière à Celui qui ne la refuse jamais, vous trouverez, je l'espère, si ce n'est un remède infaillible, tout au moins des mesures préventives.

Il me semble que c'est à la mère qu'il appartient surtout de disposer le coeur de ses enfants aux affections durables et profondes: il faut d'abord qu'elle sache habilement rendre ces petits êtres nécessaires les uns aux autres, retirant au besoin son appui afin qu'ils soient obligés de se prêter une aide mutuelle, suggérant à propos à l'un le petit service qui doit assurer une jouissance à l'autre, et sachant aussi, quoi qu'en restant toujours sur l'arrière-plan, signaler ce bienfait à celui qui en est l'objet, afin que le dévouement provoque la reconnaissance. Mais pour faire vibrer toutes ces cordes bien plus délicates dans le coeur de l'enfant que dans celui de l'homme fait, il faut user de beaucoup de tact et de prudence. J'ai vu d'excellentes mères faire presque intervenir l'autorité lorsqu'il s'agissait de sacrifice ou de support volontaire, et obtenir ainsi l'acte éxtérieur, mais accompli avec une répugnance visible. J'en ai connu d'autres qui, par une tendresse trop agissante, paralysaient presque l'initiative chez leurs enfants; se plaçant toujours entre eux pour suppléer à la complaisance de l'un, à la générosité de l'autre, elles favorisaient la paresse du coeur en cherchant à rétablir l'équilibre dans les jouissances de la famille, sans qu'il en coûtât le moindre sacrifice à aucun des membres.

Ne jamais punir lorsqu'une délation fraternelle révèle le coupable, est un moyen de faire comprendre combien nous déplaît cette façon d'agir, trop fréquente parmi les enfants; il n'est pas rare même qu'ils cherchent à rejeter leurs fautes les uns sur les autres; aussi gardez-vous d'encourager ou de provoquer les rapports, témoignez au contraire, à leur endroit la plus grande répugnance, et l'enfant, certain de n'être pas écouté lorsqu'il se fera dénonciateur deviendra moins attentif aux fautes de ses frères et tâchera peut-être plus tard de les couvrir du voile de la charité.

Les fêtes de famille, auxquelles les enfants attachent en général une grande importance, sont d'heureuses occasions d'éprouver leur affection réciproque, car il est bien rare qu'à côté de beaucoup de plaisir, elles ne provoquent pas quelques petits sacrifices. Aux étrennes, aux jours de naissance, on se fait des cadeaux mutuels; mais pour que ces cadeaux aient vraiment toute leur valeur, ne faut-il pas qu'ils soient le résultat du travail ou des épargnes de ceux qui les font?

C'est seulement à cette condition que les fêtes de famille manifestent et développent l'affection mutuelle des enfants; elles ont aussi l'avantage de graver dans leurs coeurs une succession de doux souvenirs, se rattachant au foyer paternel, et le vieillard, en se les rappelant, dira entre un soupir et un sourire: «C'était un heureux temps». Oh! qu'il est heureux lui-même l'homme qui peut s'écrier en parlant des jours de son enfance: heureux temps!









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