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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURL'heure des enfants Longfellow l'a appelée l'heure des enfants, cette heure du crépuscule qui vient doucement comme un temps de repos à la fin des occupations de la journée, avant la reprise de celles du soir ! N'est-ce là qu'une imagination du poête? Ou bien y a-t-il à cette appellation quelque raison d'être?... Une mère de famille nous parlait récemment de ce sujet. Elle est à la tête d'un train de maison compliqué, sa vie est surchargée, ses préoccupations et ses travaux sont multiples, et pourtant elle s'ingénie à consacrer régulièrement chaque soir quelques instants à ses enfants. Si elle sort l'après-midi, elle se fait un devoir de rentrer à temps pour avoir un moment de vraie intimité avec eux. Cette satisfaction accordée au besoin de sympathie qui sommeille au coeur de chaque enfant, serait-elle une des raisons pour lesquelles tant d'éducations faites par de faibles mères, souvent retenues chez elles par les soins du ménage ou la maladie, réussissent mieux que d'autres? Sans doute que dans leur fatigue ou leur apparente inaction ces mères ont beaucoup prié, et que Dieu a tout particulièrement secouru la faiblesse de ses servantes par une double mesure de son esprit. Mais ne serait-ce point aussi que les enfants rentrant chez eux, au sortir de l'école par exemple, ont presque toujours trouvé leur mère à la maison ; qu'ils ont pu lui confier immédiatement tout ce qui remplissait leur tête et leur coeur de petits êtres impressionnables ; et qu'ainsi, sans que leur mère ait pu les suivre dans leur vie extérieure, une relation précieuse s'est établie dès le bas âge entre eux et elle, comme une chose toute naturelle? Si cette relation ne naît pas de bonne heure elle risque de paraître plus tard une indiscrétion ou même de ne s'établir jamais ! Mais les mères ouvrières, mais les mères qui sont forcément hors de chez elles, que peuvent-elles faire en face de ce devoir? La tâche est certainement bien difficile, chère soeur, le travail hors de chez soi est une grande entrave en matière d'éducation. Rappelez-vous à ce propos que dans ce domaine comme dans les autres, Dieu ne vous demande pas plus que vous ne pouvez donner. Mais tout difficile que cela soit, ne pensez.vous pas que vous pourriez au moins avoir le but devant les yeux? Peut-être trouverez-vous quelques instants libres le dimanche? J'ai connu une mère d'entre les plus bénies, qui consacrait une partie du Dimanche à chacun de ses enfants. Qui dira ce qu'ont été ces entretiens hebdomadaires pour ce fils et cette fille, tous deux devenus depuis lors missionnaires aux Indes? Supposons donc comme étant admise la raison d'être de ce temps mis à part. A quoi l'emploierons-nous? Sera-t-il forcément réservé pour la prière avec nos enfants? Non point. Son emploi dépendra en grande partie de leur âge, de leurs besoins, des circonstances. S'agit-il de tout jeunes enfants? Laissez-les venir à vous, tout simplement; sans quitter votre dignité de mère, jouez avec eux, prenez-les sur vos genoux, montrez-leur des images, racontez-leur des histoires, chantez-leur un cantique, celui qu'ils ont en prédilection, faites-leur narrer les menus incidents de leur journée, leurs impressions d'école (sans rapportage). Plus tard, lorsqu'ils auront grandi, entretenez-vous avec eux de quelque grande vie noblement vécue, sentez avec eux, admirez avec eux, provoquez leurs réflexions, cherchez à éveiller en eux la soif de l'idéal chrétien, favorisez l'essor de leur enthousiasme pour la grandeur morale, la compassion pour la souffrance, le dévouement à la cause des opprimés : en un mot, que ce soit la rencontre de votre coeur avec le leur, dans la sphère de la vie morale et religieuse, comme dans celle de l'affection, que les courants de vos vies pour un moment se mêlent et n'en fassent qu'un ! Comme à tous les commencements, il faut prendre garde de vouloir et de persévérer: les débuts sont si petits, si insignifiants ! Insignifiants en apparence! je vous l'accorde. Mais en réalité, combien cette minute d'intimité est grosse de conséquences ! Elle deviendra plus lard dans la vie de vos enfants une sauvegarde, un réconfort, et qui sait? pourra fournir un jour peut-être le point d'appui d'une grande et noble décision, la force d'une importante victoire intérieure. L'amour tout naturellement appelle l'amour, le don de l'un sollicite l'abandon de l'autre. Fournissez-leur, à ces petits, en leur accordant ces moments, une preuve tangible que vous vous donnez à eux, afin qu'ils se donnent à vous; et qu'ainsi la confiance naisse d'elle-même, ce qui est ou devrait être votre plus haute ambition maternelle. Cette heure tranquille est d'autant plus nécessaire que nos vies actuelles sont plus agitées. L'être intérieur de l'enfant ne peut se développer au milieu d'un tourbillon. Il faut une atmosphère de recueillement, de calme, de paix pour que cette âme délicate puisse s'épanouir, produire son parfum. D'ailleurs l'exemple de votre sérénité sera d'autant plus impressif qu'il sera donné à la fin de la journée, quand les affaires sont à peine terminées; témoignage éclatant qu'il est une retraite de l'âme en Dieu, où les tracas du jour ont cessé de retentir. Ce besoin d'épanchement est si réel au coeur de l'enfant que, si vous, mères, vous ne lui donnez pas satisfaction, l'enfant la cherchera ailleurs. Bientôt la bonne recevra ses confidences à votre place, ou il ira plus loin - ce seront entre camarades des conversations qui ne doivent point être, les questions troublantes qui vous eussent été posées en tête à tête et qui le sont à des garçons plus âgés ; et pour peu que l'on connaisse la vie de collège, on sait ce que cela sous-entend de conseils pernicieux, de basses descriptions, de trompeuses promesses. Pour mettre ce temps à part journellement, sans doute la visite que vous faisiez sera raccourcie, l'ouvrage à l'aiguille auquel vous vous appliquiez sera moins vite achevé, il faudra le reprendre plus tard. Peut-être même serez-vous obligée de manquer tout à fait à quelque obligation factice, à quelque devoir de société et de vous refuser telle satisfaction légitime. N'importe! une oeuvre bien autrement précieuse aura été commencée et commencée au moment favorable, lorsqu'il suffit encore d'un sourire, d'un regard échangé pour que l'âme de l'enfant s'ouvre à celle de sa mère. Plus tard, il pourrait être trop tard, les influences du dehors auront pris dans le coeur de vos bien-aimés la place suprême à laquelle vous aviez les premiers droits. Jeunes mères, ne négligez pas "l'heure des enfants" ; c'est la vôtre parce que c'est la leur. |
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