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Les «Flammes»

Quel titre étrange! diront sans doute quelques lectrices. De quoi s'agit-il donc? - Mesdames, il s'agit de choses sérieuses, et dont la plupart, je crois, ou ne connaissent pas l'existence, ou n'y attachent pas une importance suffisante. Eh bien, laissez une mère de plusieurs filles d'âges fort divers, vous faire part de ses expériences au sujet de ces dites flammes; elle voudrait éviter à d'autres les erreurs qu'elle a commises. - En France, ce substantif, appliqué à un amour, un enthousiasme juvénile dépassant la mesure, n'existe pas, je crois, si la chose elle-même existe fort bien. Mais dans notre Suisse française, cet appelatif est un mot courant parmi les fillettes et fleurit intensément dans nos écoles. La flamme n'est pas en elle-même un danger lorsqu'elle est connue de la mère, surveillée par elle, mais peut l'être, si l'enfant la renferme en elle, et bien plus encore lorsqu'elle en fait part à ses amies ou compagnes d'école.

Il y a chez la fillette qui devient femme un besoin de se donner à un objet exclusif qu'elle admire par-dessus tout, et vers lequel convergent ses pensées, ses besoins d'enthousiasme et de tendresse. C'est souvent une maîtresse, une monitrice, un ami de la famille, et fort souvent aussi l'ami d'un frère plus âgé, ou tel jeune étudiant ou collégien rencontré dans le train ou dans une invitation de jeunesse. Alors le cas est plus grave; l'enfant livrée à elle-même ou à ses compagnes, devient décidément romanesque, bâtit des plans d'avenir sans en voir la folie et l'inintelligence, se persuade qu'elle aime d'amour... Tout cela ne peut se passer dans ce jeune coeur aux battements incertains, sans en ternir la première fraîcheur. Et j'en viens au but de cet article, ou plutôt au motif qui me le fait écrire.

Si vous voulez éviter les conséquences mauvaises de la flamme qui brûle peut-être sans que vous le sachiez, chez votre enfant, Mère, obtenez sa confiance en tout premier lieu, et en second lieu ne la découragez pas lorsque vous l'aurez. Une enfant élevée tendrement, judicieusement, ira d'elle-même raconter à sa mère la naissance de cet amour nouveau qui s'implante en elle. Et alors, voici le point important: que la mère écoute avec sympathie, écoute jusqu'au bout sans marque de réprobation ou d'ennui et fasse ensuite doucement, avec tendresse, les remarques ou observations nécessaires. L'enfant encouragée continuera à ouvrir son coeur, et laissera sa mère y lire les progrès de la flamme naissante, en lui permettant ainsi d' en régler pour ainsi dire le cours. Car, notez le bien, votre désapprobation, ne pourrait en elle-même, l'arracher du coeur de l'enfant.

Si l'objet n'en était vraiment pas digne, elle peut l'en persuader, mais sans rien brusquer, et l'amènera à en faire le sacrifice avec la force divine. Dans le cas contraire, qui est le plus habituel, elle lui fera comprendre avec ménagements, qu'une affection aussi exclusive peut être malsaine pour un jeune coeur qui s'éveille, et qu'il faut la placer devant Dieu qui en règlera lui-même l'intensité.

Ma plus jeune enfant, à laquelle j'avais tenu ce langage, avait compris qu'elle devait demander l'anéantissement complet de sa flamme et était restée désolée. Après un nouvel entretien plus explicite, elle me dit que ne pouvant pas se résoudre à cette extrémité, elle avait demandé à Dieu d'arranger les choses comme il le fallait, et que dès lors sa flamme avait diminué d'ardeur, et ne l'absorbait plus complètement, sans avoir pourtant disparu. Et comme elle était heureuse de réaliser cette puissante et tendre intervention dans sa petite vie, j'ai pu, depuis, m'associer à sa joie, lorsqu'elle a vu l'objet de sa tendresse, m'associer aussi à ses plans d'avenir pour lui, car il porte casquette, et la fillette dit ingénument: Oh! moi, ce n'est pas pour me marier avec lui, je ne pense pas à ça, et s'il a une gentille fiancée, j'en serai bien heureuse! Mais il y en a, et la plupart, qui disent tout le contraire, et c'est surtout alors, que l'intervention maternelle est utile, indispensable, dirais-je.

Pourquoi est-elle si rare? C'est que souvent l'enfant n'est pas habituée à s'ouvrir à sa mère, ou que si elle l'a essayé sur ce point, la mère n'ayant pas su lui répondre avec sagesse, elle s'est renfermée. Chères mères, lectrices de cette petite feuille, faites tout pour conserver la confiance de votre enfant. Ne jugez pas péremptoirement son cas, accueillez avec bonté sa confidence, je le répète. J'ai eu le grand tort pour mes aînées de ne pas savoir le faire, et ainsi l'enfant rebutée, incomprise, a tout gardé pour elle et une barrière s'est élevée «pour un temps» entre nous, ce qui est beaucoup plus grave que de nourrir une flamme lorsque c'est au vu et su de la mère. Des fillettes que la mienne engageait à s'ouvrir à leur Maman ont répondu: «Je m'en garderais bien! elle ne ferait que me gronder!» Certainement ces Mamans sont de bonnes, vraies mères, désirant ardemment le bien de leur enfant, mais manquant de lumière sur ce point particulier. Et s'il en est qui n'ont pas encore su gagner la confiance de leurs enfants, je leur dirai: Essayez; mettez-vous à l'oeuvre jour après jour, il n'est pas trop tard, c'est une oeuvre de longue haleine, mais qui n'est pas impossible quoique prise un peu tardivement; le coeur de votre fille est tout prêt à s'ouvrir si vous frappez tendrement à sa porte et lui offrez un coeur sympathique et joyeux qui sait se faire jeune avec le sien.

Les flammes existent aussi chez nos fils vers l'âge de douze ans, mais c'est immanquablement vers l'autre sexe qu'elles se portent: fillettes aux jupes courtes et cheveux flottants, ou jeunes filles qu'on adore de loin. Dans l'un ou l'autre cas, mères, si vous avez le bonheur d'être initiées à ces amours juvéniles, ne les traitez pas d'enfantillages, mais là aussi sympathisez, conseillez, sans austérité et vos garçons n'auront rien à perdre, d'avoir tourné leurs pensées, leur enthousiasme naissant, sur une femme qui en est digne, et peut souvent être une sauvegarde au moment de leur développement moral et physique.









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