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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Propos de rentrée

Les vacances sont à leur terme; parents, maîtres et élèves songent, avec des sentiments divers et parfois opposés, à l'avenir prochain. Et, tout naturellement, l'esprit, envisageant cet avenir, revient vers le passé. C'est l'heure des souvenirs aussi bien que celle des résolutions et des décisions... Il y a deux mois à peine l'armée scolaire se terminait au milieu des fêtes et des discours; les vacances se sont écoulées, et, dans leur repos et leur tranquillité, les impressions reçues se sont peu à peu affaiblies, effacées!

Ne serait-il pas opportun de raviver quelques-unes de ces impressions, de rappeler quelques sages paroles prononcées en conclusion d'une période de travail, mais dont le profit doit se trouver dans une période nouvelle?

C'est un principe essentiel, auquel il faut revenir toujours, que la nécessité d'une union entre l'école et la famille pour réaliser une éducation d'enfant. Les parents, éducateurs naturels de celui-ci, peuvent seuls donner à l'éducation ce caractère de continuité sans lequel elle est impossible; seuls ils ont l'autorité voulue pour agir en certaines circonstances favorables et par des moyens vraiment efficaces. Les questions que je veux ici mentionner pourraient servir, chacune à sa manière, d'illustrations à cette vérité pédagogique.

Depuis plusieurs années déjà, l'abus des sports est signalé, déploré par plus d'un maître, et en particulier par les directeurs de notre enseignement secondaire masculin. Si connue que soit la litanie, il faut, une fois encore, la faire entendre! Car il règne sur ce sujet nombre d'idées fausses, d'erreurs dangereuses. On s'imagine volontiers que les sports se légitiment absolument parce qu'ils sont comme un contre poids à l'activité cérébrale; après avoir «pâli sur des textes» n'est-il pas normal que le jeune homme s'adonne avec entrain à quelque exercice plus viril et plus moderne? Rien de plus légitime en effet; aussi bien n'est-ce pas l'usage dont on se plaint, mais l'abus. Or il y a abus pour l'écolier toutes les fois que ce prétendu délassement cause une fatigue physique telle qu'elle nuit au travail intellectuel; il y a abus lorsque le sport favori devient sujet de préoccupations qui portent préjudice à l'accomplissement du devoir quotidien; à plus forte raison il y a abus quand ces préoccupations se substituent à celles de ce devoir.

Ce grave déficit, au point de vue intellectuel, n'est nullement compensé par un gain moral ou même physique, comme on le croit volontiers. Ai-je besoin de rappeler que l'endurance physique n'implique pas toujours le courage, l'énergie intérieurs? Faut-il redire aussi les constatations peu réjouissantes faites, en ces dernières années, chez les jeunes hommes par les médecins militaires?

Mais il y a dans l'abus des sports un danger plus grand encore peut-être que l'affaiblissement de tel organe ou de telle partie de l'organisme; il y a l'affaiblissement de l'intérêt pour les choses de l'esprit. La préoccupation de tel exercice à la mode, l'intérêt intense avec lequel on suit un match palpitant, une course émouvante, relèguent à l'arrière-plan les plaisirs plus tranquilles de l'intelligence. La matière, vaincue par le génie de l'homme, semble se venger sur ceux qui profitent de ce génie en matérialisant en quelque sorte leurs intérêts. Et s'il n'y a pas vraiment matérialisation, il y a en tout cas toujours, plus ou moins, dissipation, distraction de l'esprit dans une direction absolument opposée à celle de la culture spirituelle en général.

Un fait bien frappant vient confirmer ce que j'avance ici, et ce fait mérite aussi de devenir matière à réflexion pour les éducateurs, maîtres ou parents. Les jeunes gens lisent moins que ne lisaient leurs pères; ils lisent trop souvent une littérature qui ne se recommande ni par le fond, ni par la forme; enfin, alors même qu'ils lisent ce qui vaut d'être lu, ils le lisent mal.

Trop d'élèves de nos écoles considèrent la lecture comme un devoir scolaire, partant ennuyeux. Je ne parlerai pas de l'erreur regrettable qui se trouve dans ce jugement: travail scolaire, source d'ennui! Mais il faut insister sur cette faute pratique: le peu de place que l'on donne à la lecture dans la formation de la personnalité de l'enfant. Il y a sans doute toujours, dans une classe, quelques types de «liseurs»; mais ces types sont rares, et la moyenne des enfants et des jeunes gens lit certainement moins qu'on ne lisait autrefois, un autrefois qui n'est pas encore très éloigné.

Il est juste d'ajouter que ne pas lire vaut mieux que lire des inepties ou des insanités! Et ces deux termes conviennent également à plus d'un journal et à plus d'un livre où maint collégien trouve son plaisir. La mauvaise lecture, ce n'est pas seulement celle du journal à scandales, de la feuille sportive vide et banale, du roman polisson ou vulgaire, c'est aussi celle du livre, honnête peut-être, mais sans personnalité, où l'on ne découvre aucun souci de vérité ou de beauté, où la réalité est travestie et dénaturée. Le résultat de telles lectures, c'est de fausser ou de détruire le goût de l'enfant et de le rendre parfois indifférent aux manifestations saines et franches de l'art.

Mais il n'importe pas seulement de lire, et de lire ce qui peut être bienfaisant à l'esprit; il faut encore lire bien; or bien lire, c'est-à-dire de telle manière que l'esprit soit enrichi et cultivé, demande un apprentissage; laisser l'enfant ou le jeune homme seul avec lui-même dans ses lectures, ne pas chercher à se rendre compte (sans pédanterie aucune!) de l'impression qu'il reçoit de ce qu'il lit, de ce qui lui en demeure, c'est le priver de cet apprentissage nécessaire. Une bonne lecture doit être une acquisition soit pour l'intelligence, soit pour le coeur; elle doit inciter à la réflexion, elle doit accroître la personnalité.









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