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Si j'avais à recommencer

Si j'avais à recommencer, quelle sage personne je serais, je ne commettrais certainement pas les erreurs que je regrette tant maintenant, mais je serais à la fois
raisonnable et indulgente. Ma conduite serait au-dessus de tout reproche.

Malheureusement je ne puis recommencer, il est inutile d'y penser. Je me demande si cela servirait à quelque chose de mentionner deux ou trois de ces erreurs aux jeunes femmes d'aujourd'hui? On dit souvent qu'il est impossible de transmettre l'expérience et qu'il y a deux sortes de sots dans ce monde: ceux qui donnent des conseils et ceux qui ne veulent pas les suivre. Cependant essayer de faire profiter autrui d'une expérience chèrement acquise ne saurait nuire. Aussi je veux tenter l'épreuve, non pas pour les affaires importantes de la vie, mais pour les petits détails, au sujet desquels les jeunes gens peuvent se tromper, et qui bien qu'ils soient souvent le résultat de l'irréflexion, apportent invariablement le chagrin sur leurs pas.

«Le mal est causé par le manque de réflexion aussi bien que par le manque de coeur».

Si j'avais à recommencer à soigner et à diriger des enfants, je serais pour la discipline la personne la plus sévère dont on ait entendu parler. Je n'accepterais aucune excuse. Je noterais et condamnerais toute infraction à la règle, toute apparence d'indulgence, toute indolence ou négligence et je ferais immédiatement connaître au coupable tout ce que je penserais de chaque devoir non accompli. Il n'y aurait pas moyen d'échapper à mon autorité. Seulement la personne à discipliner ne serait pas l'enfant; ce serait moi.

L'enfant, je le laisserais volontiers à lui-même plus que je n'y étais portée autrefois; avec lui, je fermerais l'oreille, les yeux, et plus souvent encore la bouche; mais je tiendrais fixé sur moi-même un oeil de lynx, et ceci de crainte d'exiger ce qu'on ne saurait attendre d'un enfant, de le blâmer sans cause, d'être d'humeur changeante, caressant un moment, m'impatientant l'instant d'après, d'être faible, donnant un ordre et le laissant inexécuté, parce que l'enfant me cajolerait ou m'importunerait.

Pour échapper à ces défauts de caractère, je ferais attention de ne pas me tenir dans la chambre des enfants jusqu'à en être fatiguée et de ne pas rester trop longtemps de suite sans nourriture ou sans repos. La surveillance des enfants est fatigante, si tendrement que nous les aimions, et les nerfs d'une mère ne peuvent être tendus sans que cela se traduise par un signe extérieur.

Que ferais-je, si cédant à l'irritabilité causée par la fatigue, je me permettais de frapper un enfant? Je ne saurais le dire, car je serais vraiment honteuse de moi-même et consciente d'avoir tristement outre-passé mou devoir. Lorsqu'on s'occupe des enfants, il peut y avoir des occasions où de graves délits ont été commis, où la verge pourrait être requise, et nous savons que Salomon a dit: «Qui aime bien châtie bien»; mais il faudrait la sagesse de Salomon pour reconnaître ces occasions. Pour ma part, je dirais volontiers que la pire chose à faire à un enfant, c'est de le frapper et que frapper les enfants les rend égoïstes, lâches et trompeurs!

Chaque fois que j'entends dire qu'une mère a fouetté un enfant, je pense: Pauvre femme, elle a perdu tout empire sur elle-même, et très souvent j'ajoute: Elle ne sait pas s'y prendre avec les enfants.

Avant de blâmer un enfant, si j'avais à recommencer, j'essayerais de bien me rendre compte pourquoi je blâme, et si mon irritation a été causée par l'offense personnelle ou par la mauvaise intention de l'enfant, en d'autres termes: «Que le châtiment soit proportionné à la faute». Dans beaucoup de «nurseries» l'enfant est amené à croire qu'il est plus coupable de laisser tomber accidentellement de la confiture sur ses vêtements que de faire du mal à son petit frère ou au chat. C'est malheureux, pour ne rien dire de plus!

Si j'avais à recommencer et que je fusse obligée d'être ma propre bonne d'enfants, je ne me croirais vraiment pas trop à plaindre; si je ne pouvais avoir qu'une seule domestique, c'est à elle que le laisserais le soin d'enlever la poussière et de laver la vaisselle, tandis que je m'occuperais surtout des enfants, m'accordant de temps à autre un petit changement afin d'éviter, ainsi que je le disais plus haut, un excès de fatigue. Des deux tâches, la plus importante c'est de s'occuper des enfants, car c'est dans le premier âge que s'acquièrent les habitudes qui se conserveront toute la vie. Une mère me disait dernièrement que la partie la plus importante en éducation était achevée quand l'enfant a trois ans: «Comme le rameau est incliné, ainsi l'arbre poussera».

Si j'avais à recommencer, je ferais tout ce que je pourrais pour rendre les enfants heureux. Quand il n'y aurait à cela aucune objection raisonnable, je leur donnerais ce qu'ils demanderaient, dût-il m'en coûter quelque effort, et quand cela ne causerait de préjudice ni à eux-mêmes ni à d'autres, je les laisserais faire ce qu'ils voudraient sans les contrarier. Si je trouvais plus sage de refuser, je dirais non et maintiendrais mon refus. Bien des mères me désolent en permettant à leurs enfants de continuer à demander: Maman, est-ce que je peux faire cela? Maman, est-ce que je peux? Pourquoi pas, Maman? Et la mère qui d'abord avait dit «non», finit par dire «oui», fais ce que tu voudras.

«Ah! vous gâteriez l'enfant», diront quelques personnes. Ne craignez rien de semblable. Aucun enfant n'a jamais été gâté par cette sage indulgence qui est le résultat de la véritable affection; c'est l'indulgence provenant de la faiblesse, de l'indifférence ou de l'inconstance de caractère qui est nuisible. Les enfants savent très bien les distinguer l'une de l'autre. Ils comprennent beaucoup plus que nous ne l'imaginons. Ne craignons pas de leur rendre la vie trop facile; ils auront assez de désappointements et de chagrins plus tard; il n'est pas nécessaire d'en fournir un petit supplément maintenant. Les enfants bien portants et les enfants heureux sont les enfants sages. Le bonheur est pour les enfants ce que le soleil est pour les plantes. C'est une grande chose que de rendre un enfant heureux.

Si j'avais à recommencer, je respecterais les enfants, je serais polie avec eux, espérant ainsi les former à être polis eux-mêmes; je m'observerais, afin de ne leur donner que de bons exemples. Toujours dans l'espoir de les influencer, je parlerais correctement et m'efforcerais d'être comme je voudrais les voir eux-mêmes. Une célèbre directrice disait une fois que lorsqu'une fillette avait passé une journée dans son école, elle savait de quel milieu elle sortait. L'atmosphère de la maison fait plus pour le caractère de l'enfant que ne peuvent l'exprimer des paroles, ce n'est pas de la fortune que dépend une atmosphère pure à la maison, elle est le résultat du caractère des parents.

Si j'avais à recommencer, après avoir fait ce que j'aurais pu, je ne m'inquièterais pas trop. Avec tous leurs efforts, les mères ne peuvent pas rendre leurs enfants bons; elles peuvent seulement les aider à le devenir et les mettre sur la bonne voie. Nos enfants sont dans des mains meilleures et plus sages que les nôtres et si j'avais à recommencer, je tâcherais de m'appuyer sur la pensée que leur Père céleste les guidera et les gardera.









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