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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Correspondance

C'est dans un petit coin perdu de la grande Chine que vient Me trouver votre journal et me procurer par sa lecture instructive et bienfaisante des moments bénis. Si je n'ai pas la douceur d'élever moi-même mes trois fillettes laissées au pays, je puise néanmoins dans vos articles de précieux conseils, de sages avertissements, qui m'aident non-seulement dans l'éducation de notre petite Rose, mais encore dans mes rapports avec les femmes du pays. Avec elles on apprend comment il ne faut pas élever les enfants. Méthode, règle, principe, ces mots ne figurent pas dans le code éducatif d'une mère chinoise. Prenons la première famille venue, elle nous servira de type pour toutes les autres. Le bébé qui vient de naître est un fils. Raison de plus pour que la mère satisfasse toutes ses exigences. Pourrait-elle lui témoigner son amour d'une autre manière?! D'abord elle veille surtout à ce que son précieux enfant ne se refroidisse pas. Empaqueté dans de vieux morceaux d'étoffe bleue ou des lambeaux de vêtements, car il est rare que la mère prépare à l'avance une layette, le petit être est couché sur le lit de planches de ses parents dont l'épaisse moustiquaire est baissée. Pendant le premier mois, la petite fenêtre de la chambre reste fermée, surtout en hiver. C'est avec la plus grande crainte de l'air, comme s'il s'agissait du pire ennemi, que l'on sort le petit souvent tout baigné de sueur. Il se réveille; au premier cri la mère accourt pour lui donner à boire, à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Pourquoi crierait-il s'il n'avait pas faim? pense la compatissante maman. Il doit dormir. Ah, comment s'endormirait- il seul. La mère le prend, le berce, le porte sur son dos si elle doit faire son ouvrage. Si ces différents systèmes ne réussissent pas, elle se couchera avec lui jusqu'à ce que, la fatigue l'emportant, les yeux de bébé se ferment. L'idéal d'une mère c'est d'avoir un poupon bien gras. Plus il sera gras, plus il sera beau. Les femmes chinoises sont pour la plupart très bonnes nourrices. Il n'est pas rare qu'elles allaitent leurs deux plus jeunes enfants à la fois et même très longtemps. Quoi qu'il soit reconnu que le lait, cet aliment naturel, soit suffisant pour un nouveau-né, la mère chinoise a recours, en outre, à de la bouillie de farine de riz pour l'engraisser. Cette bouillie brunâtre est cuite à l'eau avec du sucre de canne non-raffiné. J'ai même connu des mères qui y ajoutaient de la graisse de porc pour atteindre plus vite le but désiré. Au moyen du bout de son doigt, la mère prend un morceau! de cette soi-disant bouillie et la fourre habilement entre les lèvres de son nourrisson. Bien petits, les enfants chinois s'habituent à manger de tout: le riz grossier, la viande, les légumes et les fruits mal mûrs. Leur estomac accepte tout. Aussi longtemps qu'il n'a pas atteint l'âge de raison, l'enfant n'est tenu à aucune régularité. S'il a faim, il mange ce qui lui plaît même si l'heure du repas est proche. Quant à la tenue à table, il vaut mieux se taire que d'en parler.

Comme on le voit, depuis le premier jour de sa vie, l'enfant devient le tyran de sa mère et celle-ci son plus humble esclave. Lui refuse-t-elle quelque chose, l'enfant qui a en maintes fois l'occasion de constater la faiblesse de sa maman se servira de ses moyens à lui pour la faire revenir sur sa résolution. Ce seront alors des cris perçants, des pleurs à n'en plus finir, des trépignements, bref une scène devant laquelle les plus tenaces se voient désarmés. Enfin d'une voix en colère et le regard furieux la mère accorde au petit vainqueur l'objet de ses désirs. «Veux-tu ceci, veux-tu cela?» Telle est la phrase courante dans la bouche des parents et les enfants, les garçons surtout, grincheux, ennuyés et ennuyeux répondent suivant leurs caprices. J'ai connu des fils qui, au début de leurs études, désertèrent notre école et qu'on ne revit plus jamais. Bonnes paroles, promesses et menaces des parents n'avaient pu réussir à faire retourner en classe ces jeunes volontaires.

Une mère de famille en Chine, à peu d'exceptions près, ne sait donc pas s'y prendre pour faire obéir ses enfants. Elle ne réussit pas davantage à leur inculquer d'autres qualités et pourquoi? parce qu'elle ne s'y applique pas, au contraire, bien souvent, elle leur apprend positivement à mentir, car mentir n'est pas pécher chez les Asiates. Du reste, une mère chinoise a-t-elle l'idée de faire quelque effort pour bien élever ses enfants? Se soucie-t-elle de leur développement moral, de la formation de leur caractère, des penchants au bien et au mal qu'elle leur découvre? Se préoccupe-t-elle jamais de développer en eux l'amour du vrai, du bien et du beau? Non, car jusqu'à maintenant la mère de famille chinoise ignore sa responsabilité et ses devoirs d'éducatrice à l'égard de ses enfants. Goethe a eu parfaitement raison en disant: On ne peut bien élever ses enfants que quand on est bien élevé soi-même. Une femme chinoise n'ayant reçu aucune éducation et se mariant très jeune, comment saurait-elle, à notre idée, élever plus tard ses enfants! Elle les traitera telle qu'elle a été traitée dans son enfance.

Ce qui m'a étonnée bien souvent, chères dames, c'est que le nombre des enfants qui tournent mal, comme on dit, ne soit pas plus grand. Ne doit-on pas attribuer ce fait à la grande miséricorde de Dieu envers ses créatures? C'est Lui qui veut que tant de bons germes ne soient pas étouffés, et que la corruption du coeur n'atteigne pas ses dernières limites.

L'enfant chinois est souple, facile à élever et devient, en général, sous une main ferme et une bonne discipline, aussi soumis, obéissant et sage que ses frères et soeurs d'outre-mer. Les écoliers dans nos internats-missionnaires en sont la preuve.

Oh! quand viendra le jour où la femme croyante et cultivée comprendra l'étendue de sa tâche de mère de famille et sa responsabilité vis-à-vis de Dieu et de ses enfants!

En lisant maints excellents articles de votre journal, j'ai soupiré en pensant à mes soeurs chinoises, si terre-à-terre, si bornées, sans idéal. Je voudrais leur communiquer toutes ces bonnes idées, réveiller en elles de nobles aspirations. Peine perdue. L'oeuvre du Saint Esprit, lente mais progressive, y arrivera avec le temps. Alors, à ces Chinoises de l'Avenir, je leur souhaiterai le journal: «Aux mères».

Je vous exprime tous mes meilleurs voeux et les plus riches bénédictions du Seigneur sur l'oeuvre utile que vous accomplissez. J'espère que ces lignes vous trouveront, ainsi que les chers vôtres en parfaite santé. Sans doute que cette grande grâce n'est pas la chose essentielle; la présence du Seigneur, sa vie et sa paix en nous sont des grâces infiniment supérieures. Je vous prie d'agréer, chères dames, mes sincères et affectueuses salutations.

Votre reconnaissante et dévouée dans le service du Maître









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