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Aux mères en deuil

C'était l'hiver dernier; hors du portait d'un presbytère de petite ville, en quelques jours, cinq cercueils furent successivement emportés : ceux des quatre fils du pasteur, âgés de deux, quatre, neuf et onze ans, et celui de son épouse, une jeune femme de vingt-neuf. De cette famille il ne restait plus en ce monde qu'une toute petite fille, un bébé de peu de semaines, et le pauvre père. Quels déchirements pour lui !

Et cependant, au bout de deux semaines, il remontait en chaire et prenait pour texte ces versets de l'apôtre Paul : "Réjouissez-vous toujours en votre Seigneur, je vous le dis encore : Réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche."

Son auditoire, tout bouleversé de brûlante sympathie, était saisi, subjugué par la glorieuse victoire de cet homme, qui par la grâce de Christ, son Sauveur, triomphait de l'aiguillon terrible de la mort, de l'horreur du sépulcre.

"Dans les heures les plus sombres, disait-il, - je prie Dieu de vous en épargner de semblables - j'ai entendu la voix du Seigneur: "Suis-moi, sois fort et fidèle." Et bien que ma chair tressaillit, et que mon coeur fût brisé, je puis dire que jamais je n'avais eu mon Sauveur si près de moi. Jamais je n'ai senti sa force en ma faiblesse, comme aux heures où mes fils agonisants me tendaient l'un après l'autre leurs mains déjà refroidies, comme à l'instant suprême où il me fallut dire adieu à mon plus précieux bien terrestre, à leur mère. Oui, le Seigneur était proche !"

N'est-ce pas là un témoignage frappant de ce qu'il veut être pour nous, ce Seigneur tout-puissant, quand nous sommes abattus auprès d'un cercueil? N'est-ce pas sa tendre main qui pour sécher nos larmes ouvre le ciel et nous fait, entrevoir la gloire préparée pour ceux qui nous quittent? Un serviteur de Dieu racontait la touchante allégorie que voici : "Un petit garçon dont la soeur était mourante, avait entendu dire qu'elle guérirait s'il pouvait déposer sur elle une seule des feuilles de l'arbre de vie, qui croît au jardin de Dieu. Il se mit en route pour le découvrir, et enfin, ayant atteint ses murailles de saphir, il supplia avec instance l'ange gardien de l'entrée de lui accorder cette feuille. - " Mon enfant, dit l'esprit céleste, le regardant avec bonté, peux-tu me promettre que si j'accomplis ton voeu ta soeur ne sera plus jamais malade, ni malheureuse; qu'elle n'aura plus faim, ni soif, qu'elle ne fera plus jamais le mal, que personne ne la traitera jamais durement? " " Oh, non, répondit le petit garçon, je ne peux pas promettre ces choses. " - Alors l'ange entr'ouvrit la porte du jardin. "Contemple-le quelques instants, dit-il, et après, si tu le désires encore, j'irai moi-même implorer du Roi une feuille de l'arbre de vie pour la guérison de celle que que tu aimes." Et l'enfant fixa ses regards sur la merveilleuse splendeur du Paradis. Il vit des beautés qu'aucune langue n'exprime, et pour un moment pressentit un bonheur au-dessus de toutes les intelligences humaines. "Ah! Murmura-t-il doucement, je ne puis plus te demander la petite feuille. Dans le monde entier rien ne ressemble à ce lieu; et, je le vois maintenant : le meilleur de nos amis, c'est l'Ange qui nous y portera. Puisse-t-il venir bientôt me chercher aussi !"

Pour des parents désolés, la plus grande, la seule vraie consolation, c'est de sentir leur cher petit agneau dans les bras du Bon Berger. Qu'ils se disent bien que l'Amour qui t'avait donné est le même qui l'a repris. Dieu retire pour un temps, il ne dépouille pas pour toujours. Que d'enfants aimés, partis pour le Ciel, ont été pour les leurs la source de grâces inépuisables ! Quel aimant mystérieux, attirant vers la vraie Patrie, que cette jeune existence qui y fut transplantée par le divin Jardinier.

J'ai connu une mère qui, par accident, perdit son fils unique, un beau petit garçon, passionnément chéri. Deux fillettes lui restaient seules. Tout d'abord elle demeura comme atterrée par ce coup. Appartenant à une famille mondaine, incrédule, l'idée que ses enfants lui étaient seulement prêtés par Dieu ne l'avait jamais effleurée. "D'ailleurs, existait-il ce Dieu? La fable d'une résurrection, d'une autre vie, d'une éternité, quelle aberration étrange!" Tel avait été son point de vue pendant bien des années. Mais quand l'enfant fut là, étendu à ses pieds, sous le froid gazon, ce fut comme une révélation pour la jeune mère. Il était mort, hélas ! Plus jamais il ne réjouirait son coeur, plus jamais elle ne le verrait courir à elle, câlin, plein de vie, avec ses jolies tendresses enfantines et ses yeux pleins de soleil. C'était fini ! ... Mais alors, pourquoi, puisqu'il était entré dans le néant, d'où un hasard peut-être, une évolution de la matière, l'avait fait sortir cinq ans plutôt, pourquoi le coeur de la mère ne se taisait-il pas aussi ? A quoi bon aimer encore un souvenir, une vague image? Ce petit soulier peut-être, à demi usé, qui si souvent avait contenu le mignon pied rose, ou bien aussi le grand pantin bariolé qui faisait rire aux éclats son joyeux enfant! Illusions que tout cela, vagues fantômes : "Tais-toi, mon coeur, l'enfant n'est plus." Mais, au contraire, son amour grandissait jusqu'à l'absorber tout entière. Et soudain une lumière se fit, éblouissant, illuminant son âme : "Puisque je l'aime toujours, se dit-elle, c'est qu'il existe encore quelque part, mon petit bien-aimé." Et cette pensée, que l'obstination de son amour maternel rendait constante, obsédante, fut le levier qui peu à peu la fit monter plus haut, et la conduisit enfin jusqu'au trône de son Dieu, non pas elle seulement mais ses autres enfants aussi et, parmi eux, un second fils qui lui fut donné bien des années plus tard.

Mentionnons encore cette autre mère, une femme très âgée. Cinquante ans plus tôt elle avait rendu à Christ un cher petit être. Et le long d'un demi-siècle, ce lien était resté vivant ainsi qu'au premier jour; il influençait sa vie comme d'un souffle céleste, qui redescendrait en riches et fécondes bénédictions.

Oh non, ils ne sont pas perdus, nos enfants, au Ciel. Si nons pouvions concevoir la plénitude, l'immensité de l'amour divin, nous nous cramponnerions davantage, durant nos jours de deuil, à cette parole de Christ : "Tu ne sais pas maintenant ce que je fais, mais tu le sauras plus tard." Si nous pressentions quelque chose du bonheur parfait, de l'inexprimable béatitude céleste, nous ne pourrions pas répandre autant de larmes sur ceux qui en ont atteint, triomphants, la sereine paix. Les chrétiens des premiers siècles de l'Eglise ensevelissaient leurs morts aux rayons du soleil matinal, eux-mêmes couronnés de fleurs et chantant des hymnes de louange. Ils se rendaient compte du bonheur qu'il y a à posséder là-haut un trésor.

Oui, nos morts nous enrichissent, nos enfants morts surtout; pour le Ciel et pour ici-bas. Ce sont de puissants liens qui nous unissent à notre vraie patrie. Et pour ce monde, oh, qu'un coeur qui a pleuré, qu'une mère, qu'un père dépouillés ont appris de pitié, de sympathie, de tendresse délicate pour tous ceux qui souffrent. Sans le baptème de la douleur les âmes n'atteignent jamais leur suprême développement. St-Augustin disait un jour : "Un seul des enfants de notre Père Céleste a vécu sans péché, mais pas un seul n'a vécu sans souffrance." Nous devons nous associer à l'oeuvre de Christ, pour cela il faut tout d'abord souffrir avec lui, et alors notre coeur brisé pourra devenir l'instrument de sa volonté, le lieu où son amour fera sa demeure et d'où il se répandra sur les âmes, en une bienfaisante rosée de grâces et de consolations.

Ah! mère qui pleurez, faites-le sans amertume. Vous n'avez pas perdu votre enfant. Dieu vous l'avait donné, Il l'a repris, mais sans reprendre la bénédiction qu'il avait accordée avec lui ; en la multipliant tout au contraire par sa grâce et dans son immense amour. Vous n'avez pas oublié votre enfant, vous ne l'oublierez jamais. Il n'avait pu complètement éclore, le tendre bouton de rose, ni réaliser ses gracieuses promesses. Au milieu du Jardin du Roi, cependant, le voilà épanoui, dans une glorieuse beauté qu'il n'aurait jamais connue ici-bas. Et son doux parfum redescend sur la mère en deuil, et sur tous ceux qui l'ont chéri, comme ces effluves magiques qui remettent au coeur le désir, la nostalgie de la vraie Patrie. Qu'à ce suprême rendez-vous, où nous convient ceux qui nous ont devancés, aucun de nous ne manque à l'appel. En avant, au travers de la souffrance, vers la demeure qui nous attend, pleine de l'amour du Père et du Sauveur, pleine aussi de nos trésors terrestres, sauvés par grâce. Et là-haut, Dieu lui-même, essuiera toutes larmes de nos yeux.









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