Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Peur et Prudence

Nous avons lu avec un vif intérêt l'article: Prenez garde! paru dans le numéro de février et nous croyons qu'il donne un avertissement fort utile dont nous pouvons, les unes et les autres, faire notre profit.

Certes, nous devons préparer nos enfants à la vie réelle et ne pas leur éviter toute peine comme toute souffrance. Il nous semble toutefois nécessaire de rappeler la différence qui existe entre la peur et la prudence, parce que nombre de mères abusent de l'une et négligent l'autre. On a souvent une frayeur exagérée des maladies, et d'autre part on néglige, par incurie ou par ignorance, les précautions les plus élémentaires pour se préserver ou en préserver autrui. Au lieu de garder chez soi et de soigner consencieusement des enfants atteints d'une affection contagieuse (maladies du cuir chevelu, verrues, etc.), on les envoie à l'école, pire même, si les règlements scolaires interdisent avec raison, de les y envoyer, on ne se fait aucun scrupule de les laisser aller à l'école du dimanche ou de leur permettre de jouer avec les autres enfants.

Que de fois j'ai vu des enfants, à peine remis de la diphtérie, astreints pas la loi à ne pas rentrer à l'école avant plusieurs semaines, s'amuser avec leurs camarades, auxquels ils risquaient fort de communiquer la terrible maladie. Et pour la coqueluche, combien peu on se préoccupe des dangers que l'on fait courir aux enfants des autres. Il règne beaucoup trop, dans nos villes et dans nos campagnes, une sorte de fatalisme qui porte les unes à dire: «Il n'arrive que ce qui doit, arriver!», et les autres «Dieu l'a voulu», alors qu'il faudrait plutôt accuser notre négligence.

Il nous souviendra toujours de ce superbe garçonnet de quatre ans, couché sur son lit
de mort; il avait joué avec de petits voisins, au bord d'une pièce d'eau qu'on aurait dû clore d'une barrière; le roseau sur lequel il s'appuyait avait cédé tout-à-coup et le pauvre enfant était tombé dans l'eau; ses camarades, perdant la tête s'était sauvé en criant, et quand on avait pu retirer le petit garçon, il avait cessé de vivre. Sa mère sanglottait, désespérée, auprès du petit lit qu'entouraient les voisines compatissantes, et me disait: «Pensez Madame! tous les autres enfants sont tombés dans ce bassin, et on a toujours pu les retirer à temps; enfin, c'est la volonté de Dieu!»

Devant une telle douleur, ce n'était guère le moment de faire la leçon, et pourtant j'aurais voulu crier à cette malheureuse mère: Non, ce n'était pas la volonté de Dieu que votre enfant fût noyé. Comment! Il vous avait donné tant d'avertissements, et vous n'en avez tenu aucun compte? Vous n'avez rien fait pour éviter le retour d'un tel malheur, et maintenant vous rejetez en quelque sorte sur Dieu la responsabilité de ce qui arrive? Mais Dieu ne veut pas faire des miracles pour réparer toutes nos sottises et nos imprudences.

Et cette autre mère, dont l'enfant avait une gastro-entérite des plus graves. Je lui avais expliqué par le menu et mis par écrit le régime à suivre pour son petit garçon, régime très simple, mais sévère. La sachant elle-même fort gourmande, je lui avais bien recommandé de ne donner à son enfant aucun bonbon, et pour cela, de s'abstenir d'en manger devant lui. Elle promit... mais bientôt j'appris par les voisines que le petit malade, en plus du régime suivi tant bien que mal, mangeait à toute heure du chocolat, des pâtisseries, et avait même un jour attrapé un quart de livre de beurre qu'il avait dévoré tel quel!

Il arriva... ce qui devait arriver. L'enfant mourut, et quand j'entrai dans la chambre mortuaire, la pauvre mère en larmes s'écria: «Ah! Madame, je n'ai pas de chance avec mes enfants; ils meurent tous!

Non vraiment, cette fois-là, j'avais bonne envie de dire tout ce que je pensais: c'était inutile, cruel peut-être, et je me tus. Que de fois on néglige les recommandations du docteur à l'égard, des maladies contagieuses, de la tuberculose ou de la diphtérie.

On trouve dommage ou inutile de désinfecter ou de détruire les vêtements, les objets ayant servi à des malades. Ou bien, on fait du sentiment là où il faudrait de l'hygiène, témoin cette mère qui, ne voulant pas laisser désinfecter la chambre où son enfant était mort de la diphtérie, trompa les employés du service de désinfection et les conduisit dans une autre chambre!

Au lieu de surcharger nos petits de cache-nez, de foulards, de vêtements trop chauds, de les rendre délicats à force de précautions exagérées, habituons-les le plus possible à l'air, à l'eau froide, à une nourriture simple et à une vie qui les aguerrisse et les fortifie. Ne leur laissons pas prendre l'habitude, si répandue dans nos campagnes et ailleurs aussi, de manger à toute heure dès que l'envie leur en prend. Qu'ils apprennent à supporter la faim jusqu'à l'heure du repas, à faire une course sans boire à toutes les fontaines, à endurer la chaleur et le froid sans se plaindre.

Donnons-leur comme but à poursuivre d'avoir le moins de besoins possible et ne les rendons pas esclaves du confort. Qu'ils sachent se fatiguer pour rendre service à leurs parents ou à d'autres personnes, sacrifier leurs aises pour autrui. Elevés ainsi, nos enfants pourront mieux supporter la maladie et les petits accidents auxquels ils n'échappent guère; ils seront mieux préparés à devenir des hommes et des femmes utiles au service de Dieu et du prochain.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève