Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Souvenir d'enfance

Le pardon est un acte très difficile, mais d'une grande beauté et d'une grande puissance. Il impressionne profondément l'offenseur qui l'a demandé et obtenu. Mes parents étaient tous deux très vifs et de tempéraments très différents. Sur nombre de points, ils pensaient de manière divergente, et il en résultait souvent de violentes disputes, quelquefois en présence des enfants, tous deux étant trop vifs pour attendre que ceux-ci fussent sortis.

Ainsi, un dimanche, à dîner, mon père annonça qu'il nous prendrait en promenade, nous les enfants, jusqu'à une ferme où il avait à faire une visite de médecin. Sa proposition nous fit d'autant plus plaisir qu'elle était plus rare, vu que d'ordinaire, il sortait à cheval.

Ma mère protesta vivement et déclara que nous devions aller d'abord à l'école du dimanche, que tenait le grand-père, et qui avait lieu de trois à quatre heures. Mon père devint un peu moqueur, et s'écria: «Tu veux faire de ces garçons des suppôts, des prêtres, au lieu d'en faire des hommes courageux. En ce jour où Dieu a fait le temps si beau, il vaudrait mieux pour eux jouir de leur père et de la nature qu'aller s'ennuyer aux dogmes surannés du grand-père». Sur quoi il se mit à plaisanter sur toutes les originalités du vieillard, dont quelques-unes étaient assurément choquantes.

D'un ton attristé, ma mère l'arrêta: «Karl, dit-elle, comment peux-tu parler si mal? N'oublies-tu pas qu'il est mon père chéri? Et n'as-tu pas dit souvent qu'il est l'homme le meilleur et le plus pieux du monde? Et les enfants? 0, Karl!»

Je vis mon père pâlir et trembler. «Ma bien-aimée, dit-il, j'ai péché contre le ciel, contre toi et contre les enfants. Je t'en prie, pardonne-moi!» Il s'approcha d'elle, et comme elle l'écartait, il supplia: «Pardonne-moi au nom du sang de Jésus!» Tous deux versaient des larmes en tombant dans les bras l'un de l'autre. Cette scène fit sur nous, et en tout cas sur moi, on le voit, une impression qui me secoua profondément. Le fait que mon père, cet homme fort et fier, avait pu, lui aussi, pleurer, et plus encore, s'humilier, puis parler de Jésus comme il l'avait fait, lui qui ne prononçait alors que rarement ce nom, tout cela m'émut bien plus que tous les sermons que nous entendions à l'église, et à la plupart desquels nous ne comprenions rien.

Ce jour-là, mes parents nous accompagnèrent tous les deux à cette leçon si dépréciée d'école du dimanche, puis ma mère vint avec nous à la ferme, bien que cela n'eût pas été d'abord dans le programme. En chemin, mon père nous exposa combien était réconfortant tout ce qu'avait dit le grand-père. Et les paysans chez qui nous allions nous trouvèrent ce jour-là, nous les garçons, gentils et bien élevés, ce qu'on ne trouvait certes pas toujours.

L'impression que cette scène avait faite sur nous, les frères, était si forte, que pendant longtemps aucun désaccord d'une certaine durée ne surgit entre nous. Le sens du pardon s'était profondément gravé en nous.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève