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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Filles et garçons

La coéducation, la fraternité des sexes ou tout au moins leur rapprochement est une question à l'ordre du jour. Si les éducateurs s'en préoccupent, à combien plus forte raison nous, mères, devons-nous l'étudier? Le verset de la Genèse «Il n'est pas bon que l'homme soit seul» ne s'appliquerait-il pas à d'autres états qu'à celui du mariage, et Dieu, en plaçant dans nos familles des frères et des soeurs n'a-t-il pas voulu nous indiquer par là les bienfaits qui peuvent résulter d'une éducation intersexuelle?

Déjà pour le tout petit garçon l'idée de posséder une petite soeur le remplit de joie, témoin le bébé de ma connaissance auquel on annonçait que le bon Dieu lui enverrait soit un petit frère, soit une petite soeur. «Oh, si c'est une petite soeur, je la soignerai bien, mais si c'est un petit frère, je crois qu'il vaut mieux que le bon Dieu lui remette tout de suite des ailes pour retourner au ciel.» La petite soeur, c'est quelque chose de doux, de faible qui éveille un sentiment de protection chez lui, le grand frère.

A cette période succède souvent la période du dédain des garçons pour les filles qui, comme le dit Monnier, «ont peur de tout, n'ont pas plus de force qu'un crazet et ont du sang de rave dans les veines». A ce moment-là le rapprochement entre garçons et filles ne peuvent avoir, me semble-t-il, que de bons résultats, car ils peuvent devenir un vrai levier pour l'éducation en général. Les fillettes deviendront plus braves, plus endurantes, plus réfléchies au contact des garçons, dont elles admireront la force, la virilité, tandis qu'instinctivement le garçon s'adoucira, observera mieux sa tenue, son langage et sans qu'il s'en doute, verra se réveiller son instinct de protecteur; il aura évolué tout autrement qu'il ne l'eût fait s'il n'avait pas été en contact avec des jeunes filles.

La crise physique et morale par laquelle passeront nos enfants vers quinze ou dix-sept ans sera moins périlleuse s'ils y ont été préparés par une franche camaraderie dès leur jeunes années. Dans un livre sur l'Education de la Pureté, Mme Pieczinska dit excellemment:

«Où trouver un langage assez délicat pour dépeindre cet éveil de l'âme virginale à l'aurore d'un monde nouveau? Loin, bien loin encore est l'heure des passions. L'attrait est d'abord vague, indéfini, impersonnel, si l'on ose dire; ce n'est point telle femme en particulier, c'est la femme qui commence à se révéler. - Que de soins, de respect, de sagesse discrète seraient nécessaires pour entourer, comme il doit l'être, le coeur de notre enfant à l'heure de cette initiation! De quel secours inappréciable lui serait l'intimité complète du coeur maternel! Plus grande et sainte est la révélation qui s'approche, plus désolante en peut être la profanation; si l'idéal, dont les premiers traits se dessinent, n'est pas respecté, par quoi le remplacera-t-on?

Une honnête amitié peut alors succéder à la franche camaraderie de l'enfance. Nous avons tous connu des cas où le jeune homme, à cet âge critique, a trouvé refuge et soutien dans quelque bonne amitié pour une femme que des circonstances exceptionnelles lui avaient permis de traiter simplement en soeur. C'est que cette seule femme le mettait dans l'attitude qu'il devrait prendre envers toutes les femmes; le jour où il verrait en elles des soeurs, il se trouverait sur la voie des affections pures, la seule où il puisse rencontrer dignement l'épouse de son choix.»

Eveillerons-nous hâtivement des sentiments prématurés dans le coeur de nos enfants par de fréquents rapprochements, je ne le pense pas; du reste, il me paraît que l'important n'est pas tant de nous préoccuper du moment où cet éveil se produira que de la manière dont il s'effectuera.

«Au lieu de flétrir les sympathies de l'adolescence comme un péché, au lieu de les réprouver et de les porter par là à se cacher, ce qui aggrave encore le mal, pourquoi ne pas les laisser s'épanouir dans leur discrétion et leur fraîcheur et leur laisser ainsi leur immense valeur éducative.»*

Mais favorisons ces rencontres dans nos cercles de famille, si possible sous nos yeux, de manière à faire sentir notre influence affectueuse, sympathique mais aussi purifiante. Malheureusement ces réunions ont trop souvent lieu sur un pied factice et malsain. Nos enfants ont trop coutume, à cet âge, de se retrouver uniquement pour le jeu, le sport sous toutes ses formes, ce qui comporte un certain élément d'excitation. Un travail en commun ne serait-il pas un plus sûr moyen de les rapprocher sur un terrain plus vrai? Un travail sous-entend un but à atteindre, une dépréoccupation de soi qui laisserait bien vite de côté toute idée de flirt. Les activités chrétiennes et réunions d'anciens catéchumènes tendent bien à cela, mais ne pourrait-on pas arriver à un travail plus positif, même plus matérial qui mît mieux en oeuvre toutes les facultés?

Du reste, si l'atmosphère qui entoure nos jeunes gens est imprégnée de pureté, de simplicité, de sentiments d'attrait qui pourront se faire jour dans ce mileu-là ne seront que pures et simples. Le Docteur Blackwell estime que le fait que, dans une société, des rapports réguliers peuvent s'établir naturellement entre jeunes gens des deux sexes peut être considéré comme la preuve de l'état de santé de cette société.

Nous en arrivons donc à la conclusion qu'il est utile, qu'il est bienfaisant pour nos enfants de se rencontrer librement; nous n'avons pas le droit, nous semble-t-il, de leur refuser ce moyen précieux de développement et d'enrichissement, mais peut-être devrions-nous les avertir davantage des dangers ou mieux encore des responsabilités qui en découlent.

N'avons nous pas, parfois, lancé nos enfants dans des rapprochements dont les conséquences pouvaient durer autant que leur vie sans les avoir suffisamment avertis? Apprenons-leur à se respecter infiniment, disons aux uns et aux autres le prix d'une affection; montrons au jeune homme que le coeur de la jeune fille n'est pas un hochet dont on peut s'amuser un instant pour le poser ensuite, au risque de le briser. Disons à nos filles l'influence énorme qu'elles peuvent avoir sur leurs frères et leurs amis en étant dignes et pures, en ne se permettant pas ses regards, ces petites coquetteris qui sont un si grand danger. Mettons-les en garde contre le flirt, considéré trop souvent comme un jeu bien innocent, alors qu'au fond il déflore les sentiments les plus sacrés. Plaçons devant les uns et les autres cet idéal de solidarité qui fera d'eux des hommes et des femmes vraiment complets, capables de réaliser leur véritable déstinée.


* Ad Ferrière, Semaine Littéraire.









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