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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Les vacances

Où nos enfants doivent-ils passer leurs vacances et comment les faut-il régler? C'est une question qui a, je crois, son importance.

Au lendemain d'une distribution de prix, une mère, de qui l'orgueil avait été déçu me disait, me montrant son fils, gamin de neuf ans poussé trop vite, maigre, veule et dénué d'entrain à vivre:

«En voilà un qui n'a pas besoin de vacances! Il n'a rien fait cette année.»

J'eus peine à lui faire comprendre quelle fâcheuse erreur elle commettait là.

Chez cet enfant l'indolence d'esprit allait de pair avec l'indolence du corps, et non seulement avec une certaine nonchalance de tenue, indice d'une médiocre tonicité musculaire, mais encore - je pris soin de m'en assurer - avec un véritable ralentissement de la nutrition, avec tout un ensemble de signes de vitalité basse.

Je me gardai bien d'en rien dire à mon jeune collégien, qui eût pu trouver là de bons prétextes à justifier sa mollesse. Je lui annonçai, cependant, qu'on allait l'aider à mieux faire. Sa mère, non sans hausser quelque peu les épaules, consentit à lui procurer des vacances fortifiantes, sans cesser de l'astreindre, sur ma requête, à deux heures par jour de travail surveillé. L'année scolaire qui vint après fut infiniment moins fâcheuse. Sans atteindre les premiers rangs, l'enfant sut se maintenir dans une moyenne honorable; son cerveau se meubla, cependant que s'atténuait sensiblement sa veulerie de corps, le nonchaloir de son allure.

Soyez convaincus qu'un gamin paresseux a, pour le moins, autant besoin de vacances que le petit garçon modèle et quasi remonté à la mécanique, qui ne manque pas un devoir, n'encourt pas une punition, conquiert tous les prix de sa classe et fait l'orgueil de ses parents, sans efforts, grâce à la naturelle vigueur et à la précoce harmonie de son intelligence. N'usons jamais, comme punition, de la privation des vacances.

Comment allons-nous faire pour qu'elles soient bonnes, toniques et calmantes, réparatrices et préparatrices, pour qu'elles fournissent à ces petits cerveaux une provision de vigueur, une réserve de santé?

Ne leur donnons pas de remèdes; les remèdes sont bons à la ville et pendant la saison du travail. En vacances, rien que de l'hygiène, et de la plus simple.

Et d'abord il faut changer d'air, il faut quitter l'endroit où l'on a coutume de vivre.

Vous qui n'êtes point riches, sachez que les lointains voyages et les coûteux séjours ne sont pas indispensables*.

Fuyez les endroits élégants et mondains. Demeurez avec vos petits, donnez-leur la vie de famille ..... Profitez des vacances pour les connaître mieux, pour qu'ils vous connaissent aussi, pour qu'ils vous aiment un peu plus.....

Passé quinze ans, confiez vos garçons à des caravanes scolaires, envoyez-les ou emmenez-les voir du pays, achever d'apprendre sur place une langue vivante; enseignez-leur à quitter aisément le toit paternel et le pays natal, donnez-leur l'amour du voyage, l'intérêt des pays ignorés, éloignez d'eux la crainte de s'expatrier pour un temps. Mais pendant leur seconde enfance, tant que la croissance les rend fragiles et les fait accessibles aux maladies contagieuses, tâchez de rester auprès d'eux.

A la campagne donnez-leur une grande liberté d'allures; tâchez surtout de leur laisser quelque initiative. Apprenez-leur à mener à bien beaucoup de choses par eux-mêmes, à fabriquer une motte de beurre et aller toucher un chèque à la ville, à atteler un cheval, à le conduire, et à distinguer le froment de l'avoine, un frêne d'un pommier.

N'abusez pas des excursions très variées et très multiples. Pour de jeunes cerveaux les journées pareilles et un peu monotones ont de très réels avantages: s'ils sont débiles et maigres, obtenez qu'ils dorment une heure après leur déjeuner. Vers quatre heures, avant le goûter, donnez-leur un bon tub à l'eau salée tiède, progressivement refroidie.

Enfin faites les travailler.

Oh! pas beaucoup! je vous propose une heure le matin, et le soir une demi-heure.

Tout juste ce qu'il faut pour leur faire comprendre que le repos est une chose qui s'achète, que le travail est une sorte de pain quotidien, et pour leur donner chaque jour la sensation, plus que tout autre nécessaire, d'un devoir accompli, d'une récréation méritée.

Voici d'ailleurs, comment je vous propose d'établir leur petit règlement de vie:

A 7 heures. - Lever, ablutions matinales, premier déjeuner.

De 8 à 9 heures. - Travail au grand air, fenêtres ouvertes ou, mieux encore, sur une terrasse, dans un jardin, à l'ombre fraîche des grands arbres.

De 9 à 12 heures. - Jeux et sports.

A midi très précises. - Déjeûner, puis sieste d'une heure.

De 2 à 4 heures. - Jeux dans une salle fraîche ou sous les arbres.

A 4 heures. - Tub et goûter.

De 4 1/2 à 5 heures. - Etude.

De 5 à 7 heures. - Promenade.

A 7 heures. - Dîner.

A 8 heures. - Le lit.

Au cours d'une journée pareille, les enfants ne connaissent point cet ennui qui les prend parfois à ne jamais rien faire que jouer, et ils arrivent à la fin des vacances, refaits, avigourés et pourtant assez peu désaccoutumés de l'étude pour que la remise en train de leur jeune cerveau ne soit pas trop pénible.









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