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Comment garder la confiance de nos fils.

L'amour maternel rend ingénieux et enseigne par exemple à réserver les travaux absorbants pour les heures où les grands garçons ne sont pas là, afin qu'ils nous voient tranquillement installées quand ils rentreront. Avec du savoir-faire on se crée des loisirs pour causer avec eux, car ils ont souvent beaucoup à dire et il faut qu'ils trouvent à qui parler. S'ils ne paraissent à la maison que le dimanche, mettons vite de côté tout autre soin; qu'ils n'aient jamais l'impression de nous être le moins du monde à charge. S'ils aiment à chanter ou à jouer de quelque instrument, que leur mère, si elle est musicienne, soit prête à faire de la musique avec eux. Peut-être le devoir de rester chez elle pour recevoir son fils l'obligera-t-elle à refuser de faire partie d'un comité de bienfaisance ou de s'occuper activement d'un beau champ d'évangélisation. Peu importe; certaines oeuvres très bonnes à faire pour ceux qui n'ont pas de famille le sont moins pour ceux qui ont des enfants; d'ailleurs l'oeuvre familiale est une bonne oeuvre aussi. Les affections légitimes ont beau être appelées des sentiments naturels, on ne supprimera pas l'effort dans l'accomplissement du devoir. C'est peut-être parce que les devoirs maternels sont si multiples, si difficiles à concevoir dans toute leur beauté et à remplir dans toute leur étendue, que Dieu a bien voulu faciliter notre tâche en plaçant l'instinct à côté de l'obligation.

De nos jours les études sont longues, laborieuses, conçues trop souvent de façon à détourner de l'étude jusqu'aux amoureux de l'instruction; si donc nous avons un fils étudiant, faisons tout notre possible pour le suivre de loin. Malgré l'amour qu'il professe pour une indépendance quelque peu farouche, le voilà qui descend de sa chambrette pour faire part à sa mère ou à ses soeurs d'une pensée qui le préoccupe. Il vient même, peut-être ne veut-il pas se l'avouer, quêter humblement des idées ou des expressions. «Tu es occupée? - Apparemment; je n'ai pas l'habitude de rester à ne rien faire. - Alors je ne veux pas te déranger. - Tu ne me déranges jamais; que voulais-tu? - Te lire la dissertation que je dois rendre demain. Puis, j'ai pour la semaine prochaine une conférence à préparer et je ne puis en trouver le plan. Impossible d'être neuf dans un sujet aussi rebattu...»

La bonne mère était très pressée; elle achevait une lettre importante ou terminait ses comptes de ménage; sa journée débordait déjà de travaux domestiques et d'obligations de toute sorte. Mais elle n'en laisse rien paraître; en un clin d'oeil elle se met à la disposition de son étudiant. Ce soir elle devra veiller un peu pour regagner le temps perdu; mais le grand garçon ne s'en doutera pas et ce ne sera pas elle qui ira l'en informer. Elle est trop heureuse, n'est-il pas vrai? qu'il ait recours à elle, et triomphe intérieurement de ce que l'enfant chéri ne lui a pas échappé. Les voilà tous les deux engagés dans une conversation à perte de vue. Comment cette mère est-elle si bien au courant de l'ouvrage que l'étudiant a entrepris d'analyser? C'est qu'elle l'a lu de son côté. Au cours d'une discussion littéraire ou scientifique intervient une question de morale, on la traite en passant. Le grand garçon regarde sa montre une grande heure a passé sans qu'il s'en soit aperçu. «Décidément il faut que je sois seul pour travailler (le prétexte était d'écrire dans la chambre de sa mère pendant qu'on faisait la sienne); avec toi je suis toujours tenté de bavarder; tu partages mes goûts, tu aimes mes auteurs, tu comprends ce qui m'intéresse...»

Rassure-toi, jeune homme; tu n'as pas perdu ton temps. En réfléchissant à deux, l'un savant, l'autre ignorant, mais tous deux animés d'un zèle désintéressé pour l'étude, on fait plus peut-être qu'en compulsant les diverses éditions d'un auteur. Qui sait si, au cours de cet entretien, tu n'as pas introduit dans ton esprit un levain précieux, qui va pénétrer tout ton travail, on même toute ta vie?

Quant à nous, nous avons une sorte de sacerdoce à exercer auprès de nos enfants, et pour cela nous devons vivre près de Dieu et marcher sur les traces de Jésus-Christ. «Je me sanctifie moi-même pour eux», disait le Sauveur en parlant de ses disciples; ceux qui ont à diriger la jeunesse ne doivent-ils pas tous s'approprier cette parole dans une humble mesure?...

Si notre tâche est douce, si elle nous procure de vives jouissances, elle n'est jamais facile. Pour l'oeuvre si sérieuse à laquelle nous sommes appelées, toutes nos forces nous sont nécessaires; évitons-en avec soin la déperdition. C'est une force pour une mère d'avoir fui toute sa vie les lectures équivoques... Mais ne confondons pas cette louable abstention avec la paresse de l'intelligence; il n'est pas permis aux mères d'être paresseuses. Quand on a dépassé le midi de l'existence, il se produit dans l'esprit des phénomènes nouveaux. Les beaux livres, les grands problèmes nous attirent puissamment encore, mais je ne sais quelle lassitude en fait redouter l'approche. L'intérêt même qu'on porte aux discussions du jour est fatigant, on craint de s'y livrer. Voilà par exemple M. Secrétan qui a publié quelque chose sur la Liberté de Dieu... Laissons cela, dites-vous; d'ailleurs c'est un sujet sur lequel vous avez réfléchi; malgré votre ignorance en philosophie, vous pouvez dire aussi bien que tant d'autres: «Mon siège est fait». Votre siège c'est possible; mais non pas celui de vos enfants, et voilà justement votre grand garçon, tout frais émoulu de sa classe de philosophie, que cette question du bien et de la liberté de Dieu préoccupe. Tout heureux d'une aussi bonne aubaine, il se régalera de l'étude de M. Secrétan. Alors il en sera tout plein, il cherchera à qui en parler; que pourrons-nous lui dire si nous n'avons pas su vaincre la lassitude à laquelle nous faisions allusion tout à l'heure? Nous ne comprendrons peut-être pas toutes, nous ne saisirons peut-être pas tout; mais nous pourrons au moins dire à notre grand garçon que nous avons lu comme lui. Et si nous lui demandons quelques éclaircissements, comme il sera heureux et flatté de nous les donner! Il recevra quelque chose en échange, car pour ce qui est des principes philosophiques appliqués à la vie ordinaire, nous en savons plus long que lui, nous qui ne sommes pas licenciées en philosophie.

Personne ne trouvera à ce que nous venons de dire matière à découragement; nous avons pris un exemple, on aurait pu en prendre d'autres. L'entretien ne portera pas nécessairement sur la philosophie; les sujets les plus simples sont utiles et intéressants. (*)

Il n'est pas besoin d'avoir fait des études spéciales pour savoir s'approprier beaucoup de choses. L'important, c'est de conserver cette élasticité qui est plus particulièrement le partage des esprits féminins et de faire chacune de son mieux.


(*) Une mère habitant la campagne chercherait à connaître les méthodes nouvelles employées pour l'amélioration des cultures, les soins de la basscour ou du rucher; celle dont les fils travaillent dans l'industrie ou le commerce devrait savoir ce que sont: un syndicat, une assurance, une grêve une coopérative; se faire une opinion personnelle sur les questions ouvrières. N'eût-elle reçu que l'instruction primaire, la mère doit utiliser et montrer à ses enfants à quoi cela sert de savoir lire, écrire et compter, ce sera souvent au prix d'un grand effort, mais cet effort portera avec lui sa récompense. Réd.









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