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Chaque chose en son temps

Dès les jeunes années, quand les enfants des deux sexes ne pensent qu'à s'amuser ensemble et satisfaire le besoin impérieux qu'ils ont de mouvement ou d'exercice, on commence à leur faire naître d'autres idées, tantôt par des plaisanteries hors de propos, tantôt par des scrupules mal placés. Et comme cela se répète souvent, c'en est bientôt fait de cette charmante simplicité, qui ne peut durer toujours, j'en conviens, mais qu'il serait si beau de voir se conserver le plus longtemps possible. Ils en deviennent moins naturels, moins ouverts, et une sorte de fausse honte, qui devrait être inconnue à leur âge, s'empare d'eux. Mais ce n'est là que le moindre danger. Ce qui est plus grave, c'est que l'on dépose ainsi dans le coeur des enfants des germes de préoccupations qui ne sont pas naturelles à leur âge; et ces germes-là ne sont pas de ceux qui périssent le long du chemin, brûlés par le soleil ou emportés par les oiseaux.

Pour chaque chose il y a son temps, disait l'Ecclésiaste. Les sentiments, les affections intimes du coeur ne font pas exception. Les exciter, les produire, pour ainsi dire, artificiellement hors de leur temps, c'est en affaiblir la source, si ce n'est la tarir, pour l'heure où elle devrait jaillir dans toute sa force. On voit parfois des arbres fleurir avant leur saison. Méfiez-vous de cette floraison intempestive; non seulement elle ne donne pas de fruits, mais quand la saison viendra, même les fleurs manqueront, «Ne réveillez pas l'amour avant que le temps soit venu», voilà un texte que je propose à la méditation de tous ceux qui, chez nous, s'occupent de la jeunesse (qu'on me pardonne la traduction un peu libre). Je voudrais aussi le proposer à la jeunesse elle-même, car les habitudes dont je parle ont créé tout un milieu artificiel. Ceux qui sont plus âgés éveillent chez les plus jeunes, pas toujours inconsciemment, des sentiments qui devraient encore dormir longtemps; et les jeunes gens donnent à ces mêmes sentiments une place beaucoup trop grande dans leurs préoccupations et dans leurs conversations: ils les éveillent les uns chez les autres et chacun d'eux les éveille en soi-même.

De telles habitudes, si elles ne conduisent pas toujours à de graves désordres dans le domaine de la vie physique, portent toujours une atteinte plus ou moins grave aux puissances du coeur. Pour être prêt à se donner quand le temps sera venu, il ne faut pas commencer par se dissiper. Que d'hommes, que de femmes qui, en fait de puissance de sentiments, ne peuvent plus donner que des débris!

Vous tous qui vous occupez avec sollicitude de l'éducation de notre jeunesse, pensez à ces choses qui me paraissent dignes de l'attention de toutes les personnes sérieuses, et si vous êtes de cet avis, réagissez de toutes vos forces contre des habitudes qui ont pour conséquence, d'un côté, de développer chez notre jeunesse une certaine tendance à la frivolité et, de l'autre, d'user et d'affaiblir les puissances du coeur en les excitant hors de propos et leur imprimant une fausse direction.

Abstenez-vous de toute parole et de tout acte qui puisse inspirer aux enfants des préoccupations qui ne leur sont pas naturelles. Faites ce qui dépend de vous pour qu'ils gardent le plus longtemps possible cette simplicité, cette spontanéité qui est le charme de leur nature. Ne craignez pas de les laisser s'amuser librement ensemble, sans les intimider par une surveillance trop méticuleuse. Une bonne et franche camaraderie (excusez le mot qui dit un peu plus que je ne voudrais) est plus éducative que la crainte soupçonneuse qui élève des murs de séparation et ferme tous les volets.

Encore un mot. Ayez un saint respect pour les sentiments vrais. Pourquoi la chose la plus sérieuse de la vie est-elle un éternel objet de plaisanteries, même de la part de personnes sérieuses? Pourquoi la Curiosité, l'Indiscrétion, le Bavardage et le Cancan se donnent-ils si volontiers rendez-vous sur ce terrain sacré, où ils devraient être honteux d'eux-mêmes plus que partout ailleurs? Je vous pose timidement la question sans oser y répondre. Mais je vous conseille de ne jamais vous trouver sur ce terrain-là en cette compagnie: n'y laissez entrer avec vous que le Respect, le Tact et la Délicatesse.









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