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Notre rôle dans la conversion de nos enfants
Un homme avait deux fils, et, s'adressant au premier, il dit: «Mon enfant, va travailler aujourd'hui dans ma vigne. Il répondit je ne veux pas!» Ensuite, il se repentit et y alla. Matth. 21, 28-30.
Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi Dieu nous a donné des enfants à élever, à un moment où nous avons à peine expérimenté la vie chrétienne? Lorsque nous découvrons tôt ou tard l'importance qu'a l'éducation dans les jeunes années, le sentiment de tout ce que nous n'avons pas fait et de notre responsabilité nous écrase; nous nous demandons alors avec angoisse qui comblera cette lacune, et quelle part nous devons prendre à la conversion de nos enfants. Le vif désir d'une mère chrétienne est de voir marcher chacun des siens dans la voie où elle-même s'est engagée, et tant que ce voeu ne sera pas réalisé, s'accomplit pour elle cette parole de Siméon à Marie: «Une épée te transpercera l'âme». Avant tout, ne nous attendons pas à un changement subit, à une transformation rapide. Les conversions brusques dont parle la Bible ou celles dont nous avons été peut-être les témoins ont été très vraisemblablement précédées de luttes, d'états d'âme que nous ignorons et qui les ont préparées. Cela ne veut pas dire que Dieu ne puisse en susciter, mais c'est, croyez-nous, l'exception.
Ensuite ne nous fixons pas et ne fixons pas à Dieu des temps et des moments. Sachons attendre. «Il est patient parce qu'Il est éternel!»
Qu'entendons-nous par la conversion de nos enfants? Ce sera, n'est-il pas vrai, leur acceptation, libre et volontaire à une volonté supérieure qui les dirigera, l'abandon d'eux-mêmes à un Maître, en un mot Christ roi en eux!
Après ce don d'eux-mêmes ils pourront marcher dans la vie, quelles que soient les circonstances adverses, l'équilibre et l'harmonie seront établis à tout jamais.
Cette sainte discipline semble surtout désirable au moment où l'individualité s'affirmant, il se produit chez l'enfant une sorte de crise que Ad. Ferrière a si bien catactérisée comme «une période de flottement, d'anarchie partielle, d'indécision».
Que ferons-nous pour aider l'enfant à sortir victorieusement de cette phase?
Nous avons trois moyens à notre disposition: la parole, l'exemple, la prière.
En général, nous parlons trop. Que de fois les discours pieux, les morales n'ont-ils pas dégoûté de la religion et excité la contradiction!
Ayons la prudence du serpent. Que de discussions causent nos maladresses de langage. Il est bon quelquefois de ne pas tout dire.
Remarquez la réserve du père de l'enfant prodigue: Il cède sans résistance à la demande de son jeune fils. Il pouvait refuser le partage de son bien, lui représenter le mauvais usage qu'il en ferait, rien de semblable; il lui laisse faire ses expériences.
Même exemple dans la parabole des deux fils, pas de menaces, pas de volonté imposée, un ordre qui semble plutôt une invitation: «Mon fils, va travailler aujourd'hui dans ma vigne.» Si nos paroles font peu, notre exemple fera davantage; si notre conduite est vraiment conséquente, croyons que nos enfants feront un jour l'expérience chrétienne, l'exemple des fils d'Eli ne doit pas nous troubler, mais stimuler notre vigilance.
Le moyen par excellence sera la prière. Voilà l'arme efficace des parents. Mais comment prierons-nous? Que Dieu nous inspire tout d'abord le véritable mobile du désir de la conversion des nôtres. La voulons-nous pour leur réussite dans la vie, pour leur bonheur, pour notre repos à leur égard? C'est peu, et nous sentons qu'il nous faut un but plus désintéressé. Il nous faut la vouloir par amour pour la cause du Maître. Aussi longtemps qu'ils ne Lui appartiennent pas, nous devons les considérer comme des déserteurs de sa milice, des brebis hors de sa bergerie, exposées aux loups dévorants et nous devons ressentir pour leur âme la même inquiétude que si leur corps risquait un danger physique. Comme nous avons besoin d'être à cet égard, réveillés, stimulés, car, avouons-le, nous attendons parfois fort bénévolement, avec une effrayante patience, «l'heure où il plaira à Dieu de les attirer à Lui».
Ce n'est pas là prier et nous n'avons pas à prendre notre parti de cette situation. C'est une lutte qui nous est demandée, un arrachement. Faut-il rappeler l'exemple si connu de Monique et de son fils St Augustin?
«Christ a porté nos péchés en son corps, sur le bois.» Il semble que ce soit de cette manière que nous devions aborder le trône de Dieu, chargés des péchés de nos enfants, en en souffrant, en en prenant notre part de responsabilité.
Legouvé cite dans un de ses ouvrages l'exemple d'une mère qui s'était mise à apprendre le latin pour pouvoir aider son fils dans ses devoirs. A cet effet, elle se levait à cinq heures du matin en hiver, pour répéter avec lui sa leçon.
Ce qu'une mère a pu faire pour des travaux de collège, ne le ferions-nous pas pour remporter des victoires autrement importantes?
St Paul disait: «J'éprouve les douleurs de l'enfantement jusqu'a ce que Christ soit formé en vous». Voilà bien quel devrait être le langage et la vie d'une mère.
Ce que l'apôtre éprouvait pour des étrangers dont il s'était fait une famille, ne le sentirions-nous, pas pour ceux qui nous tiennent le plus a coeur? Nous reculerions de passer par ces secondes douleurs, spirituelles cette fois; et pourtant ce n'est qu'à ce prix, disons-nous le bien, que nous verrons s'accomplir ces secondes naissances. Si, malgré nos paroles, notre exemple, nos prières, aucun changement ne semble se produire, pensons à ces versets si encourageants: «Après avoir dit: je ne veux pas, il se repentit et y alla». Quand sera ce moment pour les nôtres?
Un peu plus tôt, un peu plus tard, dans cette vie, dans une autre, ce sont autant de questions. Mais, saisissons-les en espérance. Devant Dieu, mille ans sont comme un jour, notre heure n'est pas celle de Dieu.
Et quelle joie ce sera pour nous toutes lorsque retentira pour chacun des nôtres cette parole du Christ à Zachée: «Il faut que je descende aujourd'hui dans ta maison», et cette autre qui en est la conséquence: «Tu seras avec moi aujourd'hui dans le paradis».
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