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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Le péché

Le sentiment du péché, qui forme un des éléments essentiel de la piété, ne saurait naître que dans une conscience formée et disciplinée par la loi. Etablissons cette loi, qui «en imputant le péché, Rom. 3, 30» éveille la vie morale et développe le sens du juste et de l'injuste du bien et du mal.

Mais l'intelligence de l'enfant n'embrasse que le concret: aussi ne comprend-il point la notion toute abstraite du péché en général, et cette expression qui revient si souvent dans la bouche de certains parents comme sous la plume de nombreux auteurs qui écrivent pour la jeunesse: Tu es pécheur, n'éveille dans son âme aucun sentiment douloureux.

Le plus souvent l'enfant se compose avec sa poupée, son livre d'estampe ou ses autres jouets, un milieu à part, son milieu à lui, peuplé de rêves et de fictions dont il est le héros important et sublime. Centre de tous les drames qu'enfante son imagination féconde, cet infatigable songeur ne perçoit ce qui constitue la vie commune que comme les sons effacés d'une lointaine symphonie.

Il faut le contact avec la souffrance et la douleur, la vie et ses diverses péripéties pour éclairer l'âme sur le péché et lui en faire saisir l'étendue et la puissance.

Puisque l'enfant ne conçoit pas la notion abstraite du péché, pour lui faire sentir qu'il est pécheur, il faut attirer son attention sur chacune des fautes qu'il commet. Ce sont des faits qui le touchent, qui l'intéressent et qu'il comprend. Ainsi se forme en lui le sens du bien et du mal, ainsi se développe cette conscience qui doit être une lampe à son pied et une lumière à son sentier, pour tout le temps de sa vie.

L'enfant instruit de cette manière, arrive peu à peu à reconnaître ses fautes et à s'en affliger. Mais il y a encore loin de là à la conviction du péché dont parle l'Evangile. Sentir que nous sommes pécheurs, ce n'est pas simplement nous accuser de nos torts et chercher à les réparer, c'est avoir le sentiment profond de notre impuissance morale, nous reconnaître aux yeux du Saint des Saints «nés dans la corruption, enclins au mal, et incapables par nous-mêmes de faire le bien...» Tel est le sentiment qui nous force à nous écrier avec le péager: «Aie pitié de moi qui suis pécheur.» Mais il est impossible que de telles pensées nous saisissent au début de la vie; c'est la lutte de tous les jours qui nous les révèle, en nous mettant sans cesse en présence des deux hommes qui se livrent la guerre en nous, dont l'un veut suivre ses propres désirs, et l'autre céder aux appels du Seigneur.

Ainsi, c'est la loi qui forme en nous la conviction du péché, point de départ de la foi. En nous révélant le devoir, elle nous révèle nos transgressions; l'âme pénétrée de sa misère renonce à sa propre justice, étouffe son orgueil et s'humilie au pied de la croix.









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