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Encore la jalousie

L'excellent article qui a paru sur ce sujet dans votre précédent numéro nous a inspiré quelques réflexions qui, en complétant cette étude, peuvent être utiles à leur tour.

Il est bon de chercher tous les moyens de lutter contre ce terrible défaut qui exerce une influence plus étendue que nous ne le pensons généralement, car il est la racine de bien d'autres défauts contre lesquels nous avons à combattre non seulement dans nos enfants mais dans la société.

A la fin de l'article en question, l'auteur recommande aux parents «de se surveiller eux-mêmes pour ne donner aucune prise à la jalousie chez leurs enfants».

C'est fort juste, mais de quelle façon devront-ils s'y prendre, car souvent en voulant trop bien faire on va à fin contraire de son but, et cela peut être le cas ici?

La première préoccupation de certains parents est de ne jamais faire de différence entre leurs enfants. Ils y veillent scrupuleusement mais sans se douter de l'écueil qui est devant eux. - Peu à peu ils poussent jusqu'à l'exagération la crainte de faire des différences et leurs efforts n'ont d'autre résultat que de créer le mal qu'ils voulaient combattre. Les enfants sont perspicaces; si leur attention est trop souvent dirigée sur ce point, ils penseront qu'on peut faire des différences et, sans peine, ils prendront l'habitude de comparer.

Bien vite ils en arriveront à s' imaginer que leur part est moindre que celle du frère ou de la soeur, et la jalousie qui est en germe dans presque tout coeur humain, poussera des racines, grandira sournoisement et lorsqu'elle apparaîtra au grand jour, les parents verront, trop tard, qu'ils ont fait fausse route.

Ne serait-il pas infiniment plus sage d'enseigner de bonne heure à l'enfant, qu'ici bas l'égalité absolue n'existe pas. Qu'il n'y a - dit Foerster(1) - nulle-part dans le vaste monde deux hommes qui reçoivent exactement la même part ni deux fleurs qui aient exactement la même portion de lumière de terre et d'eau...

Montrons-le lui, donnons-lui des exemples qui soient comme ceux-ci à sa portée et qui satisfissent pourtant le besoin de justice qui est inné en lui.

Il comprendra ainsi qu'il n'est pas lésé si l'un de ses frères ou soeurs a parfois quelque chose de plus ou de mieux que lui. Il a peut-être été favorisé aussi, une fois, à son tour, et s'il l'a trouvé fort naturel pour lui, il faut qu'il le trouve de même pour autrui.

Il est impossible, par exemple, d'imposer les mêmes devoirs à des enfants robustes et à des enfants délicats, bien que ceux-ci soient frères et soeurs; il faudra donc faire entre eux des différences et permettre, aux uns ce qu'on défend aux autres, exiger des uns ce qu'on ne peut exiger des autres, peut-être faudra-t-il même que les forts aident les faibles.

Voici une mère soucieuse de ne jamais faire de différences et qui, pendant longtemps, a pu garder la balance parfaitement exacte entre ses enfants; mais, un jour, elle se trouve dans l'obligation de permettre à son enfant malade ou convalescent, de faire une chose qu'au même moment elle doit défendre au frère ou à la soeur bien portants. Ajoutons même qu'elle le défendrait aussi en temps ordinaire à l'enfant en question. - Qu'en résultera-t-il?

Bien certainement un mouvement de jalousie dans le coeur de l'enfant privé de ce qu'il désire obtenir.

Si au contraire, le plus tôt possible, les parents avaient fait comprendre à leurs enfants qu'ils les aiment tous d'un même amour, mais que certaines circonstances ou certains caractères, les forcent à s'y prendre autrement, ils auraient fait de meilleure besogne. Ils auraient préparés l'esprit de l'enfant à accepter plus tard dans la vies certaines inégalités inévitables. Ce serait nécessaire, car l'esprit égalitaire, qui est une cause de misère et de malheur dans le monde ouvrier actuel, n'a bien souvent d'autre cause qu'une jalousie irraisonnée. Loin de nous la pensée de dire qu'elle en soit la seule cause! non! bon nombre de ses revendications sont justes et nécessaires mais pour être équitables, nous devions signaler ce mobile qui en déforme plus d'une.

Avant de terminer cette brève étude, nous voudrions encore attirer l'attention des parents sur l'injustice qu'ils commettent souvent, sans le vouloir, et qui engendre aussi la jalousie dans le coeur de leurs enfants, même les moins enclins à ce défaut.

Nous voulons parler d'un certain relâchement dans l'éducation des cadets, surtout quand les enfants ne sont pas d'âges très rapprochés.

Il arrive que de jeunes époux pleins de zèle pour élever leurs enfants le mieux possible se font un système d'éducation qu'ils appliquent en toute conscience aux ainés.
Peut être n'ont-ils pas eu la sagesse de comprendre que sauf, quelques règles générales, l'éducation est affaire individuelle, parce que chaque caractère doit être traité selon ses tendances. Quoi qu'il en soit, le résultat obtenu n'est pas celui sur lequel ils comptaient. Ils en arrivent inconsciemment, à laisser de côté les théories et à élever les cadets tout autrement que les premiers.

Les enfants sont trop observateurs pour ne pas remarquer ce relâchement dans l'éducation. Rien ne leur manque cependant, mais par un sentiment bien humain, hélas! les aînés ne veulent pas que les cadets jouissent de privilèges dont eux ne jouissaient pas à leur âge.

Sans qu'ils soient vraiment jaloux de nature, ces petites injustices les frappent, leur imagination travaille et il s'en suit un mécontentement sourd qui devient l'origine de conflits pénibles entre enfants d'abord puis entre parents et enfants.

Prenons un exemple entre mille.

Quand les aînés étaient petits ils ne devaient pas parler à table. Quand les cadets sont venus ils ont babillé à leur guise, et les parents semblent le trouver tout naturel.

Les aînés se souviennent - car ce passé est encore bien rapproché - des gros yeux que leur faisait papa lorsqu'ils essayaient de loger un petit mot dans une conversation, et maintenant papa rit, lui le tout premier des répliques du cadet.

Maman qui souffrait en silence de la sévérité un peu trop grande d'autrefois se garderait bien de réclamer maintenant. L'enfant ne se gêne pas pour en faire la remarque.

Quelquefois même la sévérité se maintient envers les aînés, on leur rappellera qu'il leur est défendu de parler à table bien que le cadet vienne de babiller.

Avec plus de justice que d'amabilité l'enfant réprimandé répliquera peut-être qu'il faut aussi le défendre au plus petit. Et même s'il ne réplique pas, il gardera dans son coeur une petite place douloureuse qui deviendra un bon terrain de culture pour le microbe dangereux de la jalousie.

De l'éducation on peut dire, comme de tous les arts, que la critique est plus aisée que la pratique. Et, parfois, les juges les plus sévères ou les meilleurs conseillers sont ceux qui n'ont pas d'enfants mais qui ont su observer ce qui se passe autour d'eux.

Cela se comprend surtout quand ils ont eu pour mission ici-bas de redresser des caractères déformés par une éducation mal comprise et qu'ils ont pu constater bien souvent qu'une petite faiblesse de la part des parents est la racine d'un bien grand mal dans la vie de l'enfant devenu adulte.

Ne s'improvise pas éducateur qui veut, c'est une mission solennelle. Il faut avant tout sentir quelle responsabilité immense est celle des parents qui ont à préparer une âme d'enfant pour la rude traversée qu'est la vie. Ils doivent la connaître à fond, cette âme, la comprendre, puis la façonner dans la mesure du possible, non à leur guise ou même d'après les meilleures théories, mais en étant eux-mêmes l'exemple vivant de ce qu'ils voudraient que leurs enfants fussent.

Ce sera le meilleur système d'éducation, car il servira à l'enfant durant toute la vie.


(1) Neid. Jugendlehre von Dr F. W. Foester.









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