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Premières prières
Toute mère chrétienne désire apprendre à son enfant à prier, dès son bas âge; arrêtons-nous donc un moment ensemble sur ce sujet si important.
Nous ne pouvons pas agir par règles absolues, uniformes surtout; ne nous demandez pas d'indiquer l'âge exact où la première tentative devra être faite, cela dépend de l'intelligence et du développement de l'enfant, mais il nous semble qu'avant 2 ans et demi ou 3 ans ce serait prématuré. Avant cet âge-là sa mère a déjà prié auprès de son petit lit, il a peut-être assisté au Culte de famille, chose excellente si ce culte est court et si le chant en fait partie. Il sait que ses parents, ses frères et soeurs plus âgés, s'il est un cadet, s'adressent et parlent librement à un être invisible, il ne sera donc pas étonné si sa mère lui demande: Veux-tu dire quelque chose au bon Dieu, toi aussi?»
Mais si son esprit n'est pas prêt, qu'un «non» résolu soit la réponse, que la mère ni ne s'afflige, ni n'insiste: l'idée fera son chemin, et le moment n'est pas éloigné où le cher petit aquiescera à la demande répétée ou ira même au-devant d'elle.
Alors, lorsque vous l'aurez tendrement arrangé dans son petit lit, mère, penchez-vous sur lui, joignez ses petites mains dans les vôtres, et dites-lui: Maintenant Dieu t'écoute, mon chéri. Il aime que les petits enfants Lui parlent, Le remercient, Il t'a fait beaucoup de plaisirs aujourd'hui, t'a donné beaucoup de choses, et rappelez-lui les petits incidents de sa journée, ses fautes s'il y en a eu.
Apprenez-lui à remercier pour les grands dons de Dieu, ses parents, tous ceux qui l'aiment, sa santé, en détaillant ce qui la représente à ses yeux: jambes alertes, mains habiles, yeux clairs, etc., c'est lentement et graduellement qu'il en arrivera là.
Evitez les «Bénis un tel, un tel» qui deviennent vite une formule, un remplissage, et remplacez-les par «Garde», employé avec sobriété et qui a un sens plus précis et plus clair. Tout cela évoquez-le devant votre petit chéri en termes très simples, vraiment enfantins, mais gardez-vous de le formuler, de lui faire répéter sa prière. Ainsi préparé, il saura de lui-même s'adresser a Dieu comme il s'adresserait à vous.
J'ai vu une de mes enfants ne pas se lancer du premier coup retenue par une sorte de timidité, il a fallu du temps, de la patience, plusieurs essais, mais une fois le premier pas fait, les autres ont suivi naturellement.
Dans ces premières prières que de choses intempestives, de demandes drôlatiques, d'expressions étranges où le décorum manque totalement!
Ne cherchez pas à les réprimer; il faut que l'enfant soit lui-même, qu'il parle au Père céleste librement, respectueusement sans doute, mais sans convention; il lui sera doux de le faire participer à tout ce qui compose sa petite vie, s'il n'est pas comprimé. La nature de ses prières changera d'elle-même à mesure qu'il se développera, et il saura ainsi faire toujours entrer Dieu dans sa vie, privilège inestimable. Il faut beaucoup de patience à la mère pour agir de cette manière; une prière apprise, récitée ou répétée après elle, lui prendra bien moins de temps, mais est-il besoin de démontrer combien le résultat est différent? Je me rappelle des phases où tel de mes enfants restait muet, où j'ai passé de longs moments à genoux auprès de son lit, attendant, suggérant, encourageant, et cette phase a passé.
D'autres fois l'originalité de la prière amènerait un sourire, un rire même, qu'il faut bien se garder de laisser paraître. Je vois encore ma fillette, un soir, prise de je ne sais quelle idée, très gravement disparaître au fond de son petit lit, et de là crier à tue-tête. «Tu vois, bon Dieu, qu'aujourd'hui je suis allée au jardin, etc.» Evidemment il aurait fallu intervenir si c'était devenu habituel, mais je n'ai point grondé et cela ne s'est pas répété. Si vous avez plusieurs enfants qui sont d'âge à prier sans votre aide, accoutumez-les à le faire ensemble avec vous, non pas chaque soir, mais de temps en temps, le Dimanche par exemple. Faites-les agenouiller autour de vous, appuyés sur vos genoux, tout heureux de se sentir ainsi ensemble sous votre aile, et que chacun à son tour prie, ne serait-ce que quelques mots. C'est un vrai lien entre eux, et ils se préparent ainsi à pouvoir plus tard prier en commun, ce qui est souvent si difficile, presque impossible aux chrétiens qui n'y ont pas été habitués dans leur enfance.
J'ajouterai que si vous remarquez un peu de lassitude dans cet acte répété chaque jour par votre enfant lui-même, vous pouvez alterner régulièrement avec lui, j'y vois de vrais avantages dont j'ai fait l'expérience.
Je le répète, nous ne pouvons avoir de règle absolue sur un tel sujet, laissons-nous enseigner avant tout par le Saint-Esprit, soyons des mères de foi, prêtes à obéir à Ses directions, nos difficultés seront ainsi résolues.
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