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L'Ecole et l'Alcoolisme
L'attitude de la jeunesse des écoles en présence de l'alcoolisme n'est pas importante seulement au regard de la vie pour laquelle on désire la préparer, elle touche, parfois très directement, à l'ordre et à la discipline même des classes. On se contente beaucoup trop de réglementer, de surveiller et de punir, alors qu'on devrait aborder cette question de l'abstinence en éducateur, et s'appuyer autant que possible sur une société scolaire antialcoolique pour réagir contre les beuveries d'écoliers. En disant qu'il faut «traiter la question de l'abstinence», je n'entends aucunement conseiller des prédications enflammées contre l'alcoolisme, mais plutôt des entretiens sur des questions concrètes de la vie et de l'éducation de soi-même, qui sans effort conduiraient tout naturellement à parler pour finir du renoncement volontaire à toute boisson fermentée. L'enseignement antialcoolique souffre partout d'un défaut fondamental.
On procède trop énergiquement, on étale de façon trop évidemment tendencieuse les pièces à conviction dont on dispose, alors qu'il faudrait tout d'abord partir du tragique de la vie et d'expériences personnelles pour faire comprendre la valeur de la «tempérance» au sens le plus élevé du mot. L'aspiration à la tempérance une fois éveillée, on montrerait dans le renoncement à l'alcool une condition fondamentale que doivent remplir tous ceux qui veulent s'élever jusqu'à cette vertu.
On croit qu'il suffira pour être compris, de lancer dans nos écoles telles qu'elles sont un appel isolé à la tempérance, sans qu'il soit nécessaire de faire travailler d'abord la pâte par un levain moral. On se trompe. Il faut que toute l'école soit d'abord pénétrée par une aspiration morale qui ait pour fin suprême la maîtrise intérieure, - que le jeune homme, et ce qu'il y a en lui de plus profond, son sens de l'honneur, ait été mis en présence de cet idéal de volonté forte - que le maître ait présenté comme un trait caractéristique de toute culture vraiment haute la recherche, le souci de la tempérance, alors, alors seulement l'alcool subira le contre-coup de cette nouvelle mise au point de toutes les valeurs.
Parlons aux jeunes de la présence d'esprit; par exemple montrons-leur tout le prix de cette alliance de l'intelligence et de la vie: une pensée sûre d'elle-même, un amour vrai du prochain s'exprimant en actes et en paroles appropriées; faisons-leur voir d'autre part les conséquences tragiques de la précipitation. Rien ne sera plus facile que de tirer ensuite de ces entretiens des applications toutes naturelles à l'alcool, qui est notre plus grand ennemi, précisément parce qu'il coupe le lien qui rattache nos actes et nos paroles à notre moi profond et qu'il nous livre ainsi sans contrôle aux sollicitations du moment. «Se posséder à chaque instant, c'est être maître de sa vie.»
Un fait montre bien qu'il est impossible d'exercer dans ce domaine une influence morale à moins de se préoccuper du caractère tout entier - l'attrait exercé par l'alcool ne vient pas tant du besoin de jouissance de l'individu que des habitudes de son milieu et du manque d'indépendance de caractère qui l'empêche de s'affranchir de cette tyrannie stupide.
Il est au moins aussi important pour la victoire de l'antialcoolisme de fortifier l'individu dans sa résistance contre les habitudes de son entourage, que dans le combat engagé entre sa volonté et ses sens en quête d'excitants.
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