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Relations de nos enfants avec ceux de leurs camarades dont la conduite est à blâmer (*)

Tout homme doit prendre vis-à-vis du mal deux attitudes: s'en préserver et pour cela se séparer de ceux qui le commettent, et agir sur ceux qui le commettent et pour cela se mêler à eux. Comment dirigerons-nous nos enfants à cet égard? Chez eux la première de ces deux attitudes devra prendre le pas sur la seconde pour laquelle il faut une force intérieure dont ils sont généralement encore dépourvus. Nous devons tout d'abord veiller à leur préservation, car avant d'exercer une influence, il importe de se posséder soi-même. Nous chercherons autant que possible à connaître les camarades de nos enfants, soit en les invtant chez nous, soit en nous entretenant avec nos enfants; nous leur signalerons les relations qui peuvent être fâcheuses, et les exhorterons à les rompre. Nous chercherons à développer en eux une notion nette du bien et du mal et nous les pousserons à s'éloigner instinctivement de toute compagnie mauvaise en en condamnant les agissements.

Toutefois, nous combattrons toute disposition pharisaïque à la propre justice qui les pousserait à se considérer comme meilleurs que d'autres: dans ce but, nous leur ferons toucher au doigt les privilèges dont ils ont joui, la tendresse et l'éducation qui ont entouré et dirigé leur jeunesse; nous leur montrerons également comment ces secours ont manqué à d'autres, et combien souvent la privation du foyer paternel, l'hérédité, le manque de surveillance expliquent et excusent les vices de certains enfants. Ainsi s'éveillera en eux un sentiment de responsabilité personnelle et de compassion pour les autres, qui les amènera à plaindre tel de leurs camarades d'être mauvais, plutôt qu'à le condamner. Blâmons toujours le mal plus que la personne qui le commet, et si nous accusons un de leurs amis, faisons-le de telle façon que notre enfant ne pense pas que nous avons quelque grief personnel contre celui-ci, l'effet serait perdu; qu'il discerne en nous la charité et le désir de délivrer du mal celui qui s'y livre.

Si nous avons abouti à créer chez nos enfants ce double sentiment, nous pourrons alors les amener à sentir leur responsabilité vis-à-vis de leurs camarades et éveiller en eux le désir de leur être utiles.

Nous insisterons sur l'action qu'exerce déjà par elle même une conduite fidèle et courageuse, sur l'influence des actes sans paroles. Mais ils devront aussi comprendre le devoir de la protestation, la culpabilité du silence qui en laissant faire le mal, en devient complice, Faisant un pas de plus, nous nous efforcerons de leur inspirer la volonté, d'une influence directe et voulue: «Souvenez-vous, disait à ses élèves le Directeur d'une école normale de jeunes filles, que vous devez être chacune une force pour vos compagnes». Devenir une force pour le bien, au milieu de leur classe, avoir réussi à préserver un camarade d'une mauvaise action ou à amener un ami dans le droit chemin; quelle noble ambition! Sans en faire des prêcheurs ou des «petits saints», nous pouvons inspirer cet esprit à nos enfants. A côté de l'action personnelle, nous leur ferons observer la force qui, pour atteindre un pareil but, réside dans le groupement; on petit s'associer pour le bien comme pour le mal, et là, comme partout ailleurs, deux valent mieux qu'un.


(*) Travail présenté à une réunion de mères.









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