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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURLa blastophthorie Comment a-t-on pu tirer de la belle langue qu'est le grec un mot aussi affreux. C'est le célèbre professeur A. Forel qui est le coupable. Il a créé ce mot pour exprimer la détérioration du germe par l'alcool dont il a eu tant d'occasions d'observer les tristes effets dans son activité de médecin aliéniste. Les expériences longues mais faciles à réaliser montrent que les descendants d'animaux alcoolisés sont souvent malingres, chétifs, mal conformés. Chez l'homme il n'est besoin que de regarder autour de soi pour constater que la même expérience se réalise, hélas, en grand. On le constatera mieux encore dans les asiles et dans les hôpitaux comme je puis le faire moi-même chaque jour. Beaucoup - il ne serait pas conforme à la vérité de dire tous - beaucoup d'épileptiques, d'idiots, d'arriérés qui peuplent nos asiles sont des victimes innocentes de l'alcoolisme de leurs parents; autour de nous, pas assez fous cependant pour être enfermés, beaucoup d'émotifs, d'agités, de déséquilibrés, de paresseux, de buveurs, de détraqués de toutes sortes, sont eux aussi, des victimes de l'hérédité alcoolique. Il est parfois difficile de faire la part de ce qui revient au père ou à la mère; il est difficile aussi de savoir ce qui résulte d'une alcoolisation aiguë du germe au moment de la conception (ivresse accidentelle) et ce qui est la conséquence de l'alcoolisme chronique. Celui-ci, il est bon de le rappeler, ne provient pas nécessairement d'une ivrognerie habituelle. On peut en effet s'alcooliser sans jamais s'enivrer. Cela dépend de l'accoutumance, de la résistance individuelle et du genre de vie. Les sédentaires, vivant enfermés, prenant peu d'exercice supporteront mal un régime trop riche en aliments et en boissons. Il en sera de même pour les enfants dont les tissus délicats sont très sensibles à l'alcool. C'est une dangereuse illusion de croire qu'on donne des forces aux enfants en leur faisant avaler de l'alcool. Faites-leur des frictions d'eau-de-vie salée si vous voulez (une poignée de sel marin dans un demi-litre), mais rien à l'intérieur. Même la bière et le vin coupé d'eau doivent être proscrits chez les enfants. L'instinct, du reste les dirige et il faut qu'ils aient d'abord été forcés de boire, puis qu'ils aient subi un certain entraînement pour aimer les boissons contenant de l'alcool. Livrés à eux-mêmes, ils n'en voudraient pas. Le besoin artificiel créé ainsi chez eux s'accentuera avec l'âge et il est à craindre qu'ils ne deviennent ainsi plus tard, par la faute de leurs parents, de grands buveurs. Que la mère qui s'efforce de donner de la vigueur à son enfant en l'obligeant à boire se persuade qu'elle l'intoxique, tout simplement, et qu'eIle lui donne une terrible habitude dont les conséquences peuvent se répercuter sur sa descendence. Qu'elle pense donc aussi à ses futurs petits-enfants qui risquent fort de pâtir dans leur santé physique et dans leur équilibre mental de la blastophthorie. Qu'elle grave cet affreux nom dans son esprit, ou du moins qu'elle n'oublie pas ce qu'il signifie, et, si il y a trop de vin à la maison, qu'elle le réserve au vieux grand-père qui en pourra user et abuser sans nuire à d'autres qu'à lui-même. |
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