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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURComment on élève les enfants! Louis. - Maman, je voudrais du gâteau. La mère. - Je n'en ai plus; on l'a tout mangé. Louis. - Je sais qu'il y en a encore; je l'ai vu quand tu as ouvert le buffet. La mère. - Eh bien, tu n'en as pas besoin maintenant; d'ailleurs le gâteau fait du mal aux enfants. Louis. - Mais non il ne fait pas mal. (En pleurnichant). Je voudrais bien du gâteau: maman, donne-moi un morceau de gâteau. La mère. - Tais-toi; je ne puis pas me déranger en ce moment : je suis trop occupée. Louis. (Criant). - Je voudrais du gâteau, je voudrais du gâteau. La mère. - Tais-toi, je te dis; je ne t'en donnerai pas une bouchée si tu continues à crier. Louis. (Criant toujours). - Moi, je veux un morceau de gâteau, je veux un morceau de gâteau. La mère. (Se levant précipitamment et en prenant un morceau). - Tiens, prends-ça et tais-toi. Dépêche-toi de le manger; j'entends Paul qui arrive. Tu sais, tu ne lui diras pas que tu en a eu!... Paul entre. Louis. (S'adressant à Paul). - On m'a donné du gâteau ; tu n'en auras pas. Paul. - Mais oui, j'en veux. Maman, donne m'en un morceau. La mère. - Tiens, prends-ça. Pas moyen de gai-der la moindre chose avec de pareils enfants. Mais, tu sais, toi, Louis, ce n'est pas de sitôt que je te donnerai quelque chose. Louis. (Dans une autre chambre). - On m'a donné du gâteau! La soeur cadette. - Oh! moi j'en veux aussi. Louis. - Va tourmenter maman, et elle t'en donnera. C'est comme ça que j'ai fait. Et la mère qui se plaint d'avoir de pareils enfants ne voit pas les erreurs qu'elle vient de commettre. 1. Elle a dit un mensonge: "Je n'en ai plus", et l'enfant le lui a montré immédiatement: "Je sais qu'il y en a encore, je l'ai vu." 2. Elle a appuyé son refus d'une raison fausse : "Tu n'en a pas besoin", ou du moins que la fin de sa réponse pouvait faire considérer comme fausse: "D'ailleurs, le gâteau fait du mal aux enfants." 3. Elle a encouragé l'enfant à pleurnicher et à crier en lui donnant pour le faire taire ce qu'il n'avait pas obtenu quand il était de bonne humeur. 4. Elle a fait le contraire de ce qu'elle avait dit en récompensant l'enfant qui lui désobéissait en continuant à crier. 5. Elle a développé chez lui un esprit de gloutonnerie et d'égoïsme, en lui disant: "Dépèche-toi de le manger, ne le dis pas à Paul." 6. Elle lui a fait une menace qu'elle n'avait pas l'intention d'exécuter: "Tu sais, ce n'est pas de sitôt que je le donne quelque chose." Enfin, par toute sa manière d'agir, elle a donné à croire à l'enfant qu'elle lui avait accordé ses désirs, non pas parce, qu'elle l'aimait, mais pour ne pas être ennuyée plus longtemps. La conclusion pratique indiquée par le petit homme dans le conseil qu'il donne à sa soeur, montre qu'il a très bien compris comment il faut faire pour que sa mère obéisse. Et pourtant cette mère aime son enfant, elle travaille du matin au soir pour lui procurer l'aisance et un certain air de respectabilité; et cependant, devenue vieille, elle aura probablement à se plaindre de la négligence ainsi que du manque d'égards et d'affection des siens. La faute n'en est pas à eux seuls. Une mère peut sacrifier sa santé, sa vie même pour sa famille sans rendre celle-ci heureuse et sans en être appréciée. Un enfant ne peut comprendre une affection en vertu de laquelle sa mère est tellement occupée qu'elle n'a pas le temps d'être aimable; il ne peut comprendre un amour en vertu duquel ses parents surmenés sont constamment irritables, injustes, et négligent ces petits riens qui feraient son bonheur. Si vous voulez gagner la confiance entière de votre enfant soyez toujours aimable envers lui : accordez-lui promptement ce qu'il demande quand c'est équitable; refusez-lui gentiment mais nettement, ce que vous ne voulez pas lui donner; mais ne faites jamais rien sous l'empire de la colère ou de l'égoïsme. J'ajouterai qu'une mère qui s'est abaissée à user de mensonge et de tromperie dans l'éducation de ses enfants ne peut pas s'attendre à être respectée et honorée par eux ; elle ne s'est attirée que leur mépris. Les sentiments purs et nobles de la piété filiale ne peuvent naître que dans une atmosphère de vérité et d'amour. |
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