Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

La musique en famille

La musique en famille. Que de belles heures ces mots n'évoquent-ils pas! Que de lointains souvenirs surgissent dans notre mémoire, du temps de notre première enfance, où couchés dans nos petits lits, nous entendions notre mère jouer au piano telle page de Beethoven, de Schumann ou de Chopin qui nous révélait le monde de la musique. Ou bien, groupés autour d'elle, en une fin d'après-midi de dimanche, nous chantions des cantiques et nous nous sentions envahis par une impression solennelle, mélancolique et douce... Heureux les foyers où la musique a sa place, où l'on aime à chanter. Chez nous, un rite s'était établi d'après lequel la famille se réunissait chaque dimanche soir autour du piano. On commençait par des chansons. Chacun en choisissait une à son tour, en commençant par le plus jeune, «par grand d'âge», comme disait la petite! Notre repertoire était fort varié: Botrel, Jaques-Dalcroze, les vieilles chansons françaises, les Volkslieder allemands, etc., etc., permettaient à notre répertoire de se renouveler indéfiniment. Une chanson d'un caractère plus grave servait de transition pour passer aux cantiques. De nouveau, chacun choisissait le sien. Si, pour une raison ou l'autre, ce rite avait été omis, il nous semblait que «ce n'était pas un vrai dimanche.»

Et la musique d'ensemble! Seuls ceux qui ont eu le bonheur d'en faire en famille savent la communion mystérieuse et douce qui s'établit entre ceux qui s'essaient ensemble à interpréter, imparfaitement sans doute, mais dans un même sentiment de ferveur et d'admiration, quelques pages des grands maîtres. On y apprend la solidarité, chaque instrument devant s'effacer à son tour pour laisser chanter celui qui a la phrase principale. Et ce ne sont pas là des satisfactions égoïstes. On peut les partager avec les autres membres de la famille, avec les hôtes, ceux du moins qui apprécient la musique! Et la joie qu'on éprouve s'accroît de celle qu'on donne.

Mais ces réflexions paraîtront bien désuètes au lecteur d'aujourd'hui. La musique en famille? mais c'est la T. S. F., c'est le gramophone qui se chargent de nous la fournir. Plus n'est besoin de s'escrimer laborieusement plusieurs heures par jour pour arriver à exécuter, plus ou moins maladroitement, les chefs d'oeuvre classiques ou modernes. On peut aujourd'hui, sans bouger de son fauteuil, entendre en une soirée, les plus grands orchestres de l'ancien et du nouveau monde. Les gramophones ont atteint une perfection telle qu'ils enregistrent le jeu des meilleurs artistes et reproduisent le son de tous les instruments. Je ne songe pas à mésestimer ces découvertes merveilleuses. Je comprends l'émotion qu'a éprouvée une de mes amies en constatant, grâce à la T. S. F. que, le jour du centenaire de la mort de Beethoven, ce grand génie universel était célébré au même moment dans toutes les capitales du monde. Ce sont là des conquêtes magnifiques et les enfants d'aujourd'hui sont des privilégiés. Mais toute médaille a son revers. Le jour où toutes les cimes seraient sillonnées par des chemins de fer ou des funiculaires, se trouverait-il encore beaucoup d'hommes pour tenter de les escalader au péril de leur vie? Il semble bien probable que l'alpinisme aurait vécu - et ce serait dommage. Quand chaque immeuble sera pourvu d'un appareil de T. S. F., chaque ménage d'un gramophone, seuls quelques originaux ou quelques êtres d'exception entreprendront l'étude approfondie d'un instrument. Eh! bien, autant la joie de l'alpiniste que son énergie et son endurance ont rendu capable d'atteindre un haut sommet dépasse celle du touriste qui y est arrivé, confortablement assis sur des coussins, - autant est grande la distance entre celui qui joue une sonate de Beethoven et celui qui écoute la même sonate par T. S. F. ou au moyen d'un piano électrique. Croit-on que l'impression produite sur les détenus dont nous avons parlé plus haut aurait été la même, si on s'était borné à leur faire entendre une audition, si perfectionnée fût-elle, de T. S. F. ou de gramophone? Non. Qui ne voit l'importance du facteur personnel, du geste fraternel accompli par ces artistes qui ont voulu rester anonymes, mais dont le coeur s'était ouvert aux souffrances de leurs frères déshérités. Aucune machine ne remplacera cela.

Que conclure de tout ce qui précède? Qu'il faut se réjouir de toutes les inventions du génie humain qui mettent le grand public en mesure de connaître toujours mieux les belles oeuvres musicales (je n'ai rien dit, et pour cause, des jazz-bands et des danses à la mode) , qu'il est fort heureux que l'on n'astreigne plus un grand nombre d'enfants, doués ou non, à de sempiternels exercices de piano, faits pour les dégoûter à tout jamais de la musique; mais que, pour tous ceux qui ont des aptitudes musicales (il est facile de les déceler aujourd'hui au moyen d'examens appropriés), ce serait les priver, et priver leur entourage de grande joies que de ne pas leur donner l'occasion de développer le don qu'ils ont reçu; - enfin que tous les enfants, à part ceux qui sont absolument et irrémédiablement réfractaires à la musique, devraient apprendre au moins les éléments du solfège pour pouvoir, plus tard, faire leur partie dans des chants d'ensemble.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève