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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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A propos d'un oeuf

- "Marie, sauriez-vous mettre un oeuf sur le plat? La cuisinière est sortie et Monsieur revient de la ville affamé et désire qu'on lui prépare quelque chose." La femme de chambre à qui s'adressait cette question dut avouer à la jeune dame, sa maîtresse, qu'elle n'avait jamais cuit un oeuf. "Moi non plus, dit Madame en riant, mais j'espère qu'à nous deux nous saurons nous tirer d'affaire !... Tenez, cassez-le...je n'ose pas... !" C'était la première fois que Marie, accomplissait cette opération délicate... Enfin, tant bien que mai l'oeuf fut cuit et servi à Monsieur qui le qualifia d'excellent. L'appétit n'est-il pas le meilleur des cuisiniers?... Puis "il suffisait que ce fût Madame qui eût cuit l'oeuf pour que Monsieur le trouvât bon" me disait la femme de chambre en me racontant ce qui précède.

Tout est bien qui finit bien, pensez-vous... Le fait est que je n'aurais jamais eu l'idée de vous relater ce petit incident s'il n'avait été pour moi, entre mille, un exemple de l'ignorance dans laquelle grandissent tant de jeunes filles quant aux choses pratiques de la vie. Je suis presque journellement frappée de voir que dans les classes ouvrières aussi bien que dans les classes aisées ou riches, une grande partie de la jeunesse féminine ne connaît rien de la bonne tenue d'un ménage.

Ici c'est une jeune fille de seize ans, apprentie couturière. Sa mère gagne péniblement sa vie comme femme de ménage. Quant à la jeune personne, elle serait non seulement incapable mais fort humiliée de laver le plancher de sa chambre. Tout au plus, après s'être soigneusement frisé les cheveux, a-t-elle le courage de faire son lit et encore son matelas a-t-il piteuse mine ! Un coup de poing de temps à autre est l'unique soin qui lui soit accordé. Ailleurs c'est une fille de la campagne dont la mère sait faire un excellent "ordinaire" mais qui n'a elle-même jamais mis la main à la pâte. Elle a 18 ans et ne sait pas faire du café bien qu'elle en boive deux fois par jour! La semaine prochaine elle quitte son village pour entrer comme bonne à tout faire dans une famille de la ville. "Ça la formera" pense la mère. C'est possible, espérons-le... Mais je plains les maîtres qui auront cette bonne à former ou plutôt à reformer car l'éducation qu'elle a reçue chez elle l'a habituée à regarder faire les autres sans observer, à les laisser faire sans les aider.

Il semble que de nos jours, (et peut-être en a-t-il été ainsi dans le "bon vieux temps"), la plupart des enfants ne puissent se résoudre à conserver la position sociale de leurs parents. La fille de la lavandière voudra être demoiselle de magasin, la fille de la cuisinière sera gouvernante ou institutrice, le fils du cordonnier sera clerc de notaire... etc. Nous ne voulons pas médire de l'instruction, ni engager les parents à mettre sous le boisseau les talents de leurs enfants. Non ; où ces talents existent, faites-les valoir mais sans prétention, sans ce sot orgueil qui ne recherche que la vaine gloire. N'exaltez pas la profession de votre fils au mépris de la vôtre; ne croyez pas vos enfants déshonorés s'ils ne peuvent s'élever plus haut que vous dans l'échelle sociale. " Il n'y a pas de sot métier, il n'y a que de sottes gens", dit le proverbe. Qu'elles s'en souviennent les mères de la classe laborieuse et fassent de leurs enfants d'honnêtes travailleurs, capables de se suffire de bonne heure à eux-mêmes et d'être utiles à la société qui a besoin d'eux. Qu'elles s'en souviennent aussi les mères des classes riches pour que leurs filles, à la veille de leur mariage, ne se contentent pas de savoir jouer une valse de Chopin, peindre sur porcelaine ou broder un élégant feston mais sachent aussi mettre un oeuf sur le plat, faire un lit, raccommoder des bas, etc.

Une fillette, de moins de 4 ans, qui savonnait un jour quelques mouchoirs, dit avec enthousiasme à une employée de la maison : "Vous voyez, je fais la lessive!" - "Mais les petites demoiselles comme vous ne font pas la lessive !" - "Oh, mais oui, faut bien que je la fasse, parce que si une fois j'ai une bonne qui sait pas comment on fait, faut bien que je puisse lui montrer !" Méditons cette réponse et tirons-en instruction pour l'éducation de nos enfants ! Peut-être avons-nous souffert nous-mêmes d'avoir eu notre ménage à diriger sans y avoir été sufissamment préparées au foyer maternel ! Profitons de nos expériences pour que nos enfants n'aient pas un jour à déplorer notre négligence à cet égard. Initions-les à nos travaux de maîtresse de maison et selon leurs forces, leur âge, le temps dont ils disposent, habituons-les à mettre la main à tout dans le ménage. De très jeunes enfants peuvent, sous surveillance bien entendu, apprendre à desservir la table, plier du linge, mettre en ordre des tiroirs ; plus tard ils mettront le couvert, feront leur lit, ôteront la poussière de leur chambre, aideront la domestique à préparer les légumes, repasser, etc... Beaucoup d'enfants n'ont que fort peu de temps libre à cause des heures d'école et des devoirs à faire. Qu'ils mettent à profit leurs jours de congé et leurs vacances pour donner un coup de main dans la maison ; non seulement ce sera pour eux une heureuse diversion à leurs travaux habituels, mais tout en les instruisant cela contribuera à soulager mère et domestiques, particulièrement le dimanche. J'ai connu un jeune collégien qui chaque dimanche faisait son lit, (sans que personne lui eût suggéré cette idée), dans la pensée de diminuer ainsi ce jour-là le travail de la femme de chambre.

Ceci m'amène tout naturellement à faire remarquer que si, dans les lignes qui précèdent, j'ai surtout parlé des filles, je ne voudrais pas qu'on en pût conclure que nos garçons n'ont rien à apprendre dans les questions de ménage. Il est bien évident que n'ayant pas la même vocation que leurs soeurs, ils n'ont pas à être préparés comme elles. Mais nous croyons cependant fort utile de ne pas tes laisser dans une complète ignorance quant aux travaux mentionnés tout-à-l'heure. Beaucoup d'entre nous, je le sais, espèrent de tout coeur que Dieu appellera un jour leurs fils à le servir comme évangélistes ou missionnaires et l'éducation morale et spirituelle qu'elles leur donnent est probablement toute inspirée par ce noble but. Eh bien n'oublions pas la part que la connaissance des choses matérielles a dans la réussite des pionniers de l' Evangile ; n'oublions pas que leur vie, hérissée de difficultés de tous genres, peut être simplifiée par un peu d'instruction pratique. Et d'ailleurs quelle que soit la carrière future de nos fils soyons sûres qu'ils apprécieront les notions acquises et surtout l'habitude prise de ne considérer aucun travail comme au-dessous de leur dignité.









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